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Y a-t-il un problème de fertilité masculine qui pointe à l’horizon ? S’il y en a un, ce n’est pas celui auquel on pense traditionnellement — le déclin du sperme —, mais plutôt un problème qui mettrait les hommes sur le même pied d'égalité que les femmes : l’âge.

Plus précisément, l’âge tardif où, dans nos sociétés, les couples choisissent désormais d’avoir leur premier enfant. Jusqu’ici, lorsqu’on abordait cette question, « l’horloge biologique » était un problème pour les femmes seulement. Or, de plus en plus de chercheurs croient que les hommes sont tout autant concernés.

En juillet dernier, la revue Human Reproduction publiait une revue de 185 études qui arrivait à un chiffre alarmant : le taux de sperme aurait chuté de 60 % en 40 ans dans les pays riches. Ce n’est pas la première fois qu’une étude tire ainsi la sonnette d’alarme, et plusieurs des études précédentes ont été sujettes à controverses (échantillons trop petits, centrées sur un nombre limité de pays, période de temps trop courte…). Mais quelle que soit la taille exacte du déclin, le fait qu’il y ait un déclin n’est pas remis en question.

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Or, ce déclin a inévitablement un impact sur l’âge jusqu’où l’homme pourrait faire un bébé : arrive un moment où le nombre de spermatozoïdes est statistiquement insuffisant.

Les chercheurs en ont manifestement pour longtemps encore à spéculer sur les causes : depuis 20 ans, tout y est passé, du tabac jusqu’aux pesticides en passant par les gènes.

Mais le problème est porteur d’un renversement de situation inédit : les projecteurs pourraient cesser d’être dirigés uniquement sur la femme. Comme le résume le New Scientist, « le déclin rapide du sperme est une opportunité pour dissiper l’idée que la fertilité est d’abord une question de femmes ».

Les difficultés à concevoir un enfant ont longtemps été traitées comme « une affaire de femmes » par la société et la médecine. En Grande-Bretagne par exemple, même si le problème de fertilité d’un couple réside chez l’homme, c’est encore le médecin de famille de la femme qui s’occupe du dossier. L’homme n’est même pas considéré comme étant le patient.

Récemment, une étude israélienne portant sur 19 000 fécondations in vitro confirmait que l’âge de l’homme avait un impact mesurable sur les chances du couple d’avoir un enfant. En 2013, une étude américaine avait même fixé un seuil : la quantité et la qualité du sperme commenceraient à se détériorer après 35 ans. Et c’est sans compter le fait qu’il soit possible que l’âge du père puisse, au même titre que l’âge de la mère, avoir un impact sur certains problèmes de santé du futur bébé.

Le mot-clef est « possible », parce qu’il se trouve que la recherche sur la fertilité masculine est maigre, comparativement à celle sur la fertilité féminine. Une réalité soulignée plus tôt cette année par l’Organisation mondiale de la santé elle-même. Là aussi, un renversement de perspective pourrait pointer à l’horizon.

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