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Nucléaire

Des documents confidentiels piratés liés au site d'enfouissement de déchets nucléaires de Bure

Une enquête du Monde révèle qu'un prestataire du projet d'enfouissement des déchets nucléaires Cigéo a subi un piratage, ayant divulgué 80 giga-octets de données confidentielles.

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Une galerie du centre CIGEO (Centre industriel de stockage geologique) à Bure, dans l'est de la France.

Une galerie du centre CIGEO (Centre industriel de stockage geologique) à Bure, dans l'est de la France.

FRANCOIS NASCIMBENI / AFP

Des documents en lien avec le site d'enfouissement de déchets nucléaires de Bure (Meuse) ont été piratés en juin 2018, selon une enquête du Monde. C'est un prestataire du projet, Ingérop, basé à Rueil-Malmaison, qui a été ciblé. Après un courriel de menaces envoyé à tous les salariés de la société dans la nuit du 10 au 11 juin 2018, ce seront  80 go de documents confidentiels qui seront divulgués quelques jours plus tard sur un blog par un groupe appelé "Les monstres de Cigéo".  Pêle-mêle, ces données ont trait à la centrale nucléaire de Fessenheim, les installations de Bure, ainsi que plusieurs centres pénitentiaires français. Des documents "confidentiels, mais pas si sensibles", relativise toutefois le quotidien... qui s'interroge sur la véritable origine de l'attaque.

80 go de documents confidentiels sur Fessenheim, Cigéo, et plusieurs centres pénitenciers

La société Ingérop, qui se présente comme un "groupe d'ingénierie technique", n'a pas pu être jointe par l'AFP. Le courriel de provenance inconnue évoquait des "actions diverses visant votre entreprise et les personnes impliquées dans le projet Cigéo" (Centre industriel de stockage geologique) et appelait les salariés à transmettre toutes les informations confidentielles à leur disposition sur le projet Cigéo à une adresse électronique prétendument sécurisée, poursuit Le Monde.

"LEAKS". 10 jours plus tard, des documents commencent à être mis en ligne sous le titre "Ingerop Leaks", concernant non seulement le site de Bure mais également la centrale nucléaire de Fessenheim, et des centres pénitentiaires français ajoute le journal en précisant toutefois que les éléments publiés sont "confidentiels, mais pas si sensibles".  Par exemple, le plan d'un centre pénitencier comportant la localisation des caméras de vidéosurveillance a été élaboré dans le cadre d'un appel d'offres n'ayant pas été remporté par Ingérop. De sorte qu'il ne s'agit pas du plan réel. D'autres informations relatives au projet Cigéo apparaissent, par exemple un fichier listant les parcelles agricoles et forestières concernées par le chantier... ainsi que le nom des propriétaires et des exploitants, avec la mention "maîtrisé", "maîtrisable", voire "difficile à maîtriser". Selon Le Monde, certains intéressés estiment qu'il s'agit d'un "fichage".

Des données dérobées bien avant juin 2018

Malgré les enquêtes menées en France et en Allemagne, notamment par la section du Parquet de Paris spécialisée sur la cybercriminalité en coopération avec le parquet de Cologne, les hackers n'ont toujours pas été identifiés, selon le journal. Mais documents ont été dérobés bien avant la nuit du 10 au 11 juin 2018, révèle Le Monde. Et le doute plane : qui est véritablement à l'origine de cette attaque ? Selon le directeur scientifique d'Ingérop, cité par le Monde, l'attaque "sans être exceptionnelle", était d'un "certain niveau", et suggère que "Les monstres de Cigéo" pourraient ne pas en être la source.

Le gouvernement français a lancé fin septembre 2018 une consultation publique sur la gestion des matières et déchets radioactifs sur le territoire français. Parallèlement, un "centre d'information et de ressources à destination du grand public" a été lancé sur le projet Cigéo, qui vise à enfouir à 500 m sous terre les déchets les plus radioactifs ou à vie longue du parc nucléaire français, et qui suscite une farouche opposition de plusieurs organisations et lanceurs d'alerte.

S.S. avec AFP

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