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Qu’est-ce que « QAnon », le phénomène complotiste visible dans les meetings de Trump ?

Née dans les tréfonds du Web, cette communauté rassemblée autour de théories complotistes a commencé à intervenir dans la vie réelle.

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Publié le 24 septembre 2018 à 10h42, modifié le 24 septembre 2018 à 12h35

Temps de Lecture 3 min.

Au cours de l’été 2018, les « QAnon » ont commencé à se montrer publiquement aux meetings du président Trump, leur héros, avec lequel ils partagent, entre autres, la défiance des des médias et de l’establishment.

« We are Q », « Q » ou encore « Where we go one, we go all » : tels sont, entre autres, les signes de ralliement de la communauté QAnon, parfois visibles lors des meetings du président des Etats-Unis, Donald Trump. Pur produit d’Internet, le phénomène basé sur une défiance des médias traditionnels et la diffusion de théories complotistes, s’invite depuis cet été dans le monde réel.

« Q », un mystérieux internaute

Tout commence le 28 octobre 2017 quand, sur le forum controversé 4chan, un mystérieux internaute sous le pseudonyme de « Q Clearance Patriot » (la lettre « Q » désignant l’habilitation secret défense aux Etats-Unis) crée une discussion intitulée « The calm before the storm » (« le calme avant la tempête »), titre choisi en référence à une déclaration du président Donald Trump aux journalistes. Le 6 octobre 2017, confronté à leurs questions à propos de cette tempête à venir, le président américain avait lâché une réponse énigmatique « You will find out » (« Vous verrez bien »).

Prétendant évoluer dans les plus hautes sphères du pouvoir américain, « Q Clearance Patriot » entend révéler des informations secrètes. Pour cela, il alimente la discussion avec des séries de questions évasives (appelées « drops »), en invitant les internautes à opérer par eux-mêmes des rapprochements ; une technique classique des propagateurs de théories du complot.

Des théories complotistes

Une des théories fortes de « Q » veut que la « tempête » annoncée soit en fait la dissolution prochaine par le 45e président des Etats-Unis d’une organisation criminelle internationale de trafic d’enfants et de pédophilie, et dans laquelle seraient impliqués Hillary Clinton, Barack Obama, Georges Soros, la famille Rothschild et des stars hollywoodiennes.

Rapidement, une communauté se forme autour de l’internaute mystère. Baptisée « QAnon » (mot-valise formé à partir de la lettre Q et de l’abréviation du mot « anonymous »), la communauté, forte de quelques centaines de membres, discute, débat et analyse divers indices disséminés par « Q », diffusant au passage des théories du complot farfelues. Comme par exemple celle selon laquelle l’enquête menée par le procureur spécial Robert Mueller sur une influence russe lors de l’élection présidentielle de 2016 serait en réalité une ruse qui permettrait à MM. Trump et Mueller de travailler secrètement ensemble afin de faire tomber le grand réseau criminel mené par les démocrates.

Voir notre infographie sur l’affaire Trump-Russie

Du clavier aux meetings de Trump

En quelques mois, ces théories du complot font de plus en plus d’adeptes. Ils sont désormais plusieurs milliers à relayer leurs analyses sans relâche sur YouTube, Facebook et d’autres réseaux sociaux. Une application mobile avait même été commercialisée avant d’être retirée par Apple et Android en juillet 2018. Interrogé par The Guardian, Joseph Uscinski, professeur à l’université de Miami, estime néanmoins que QAnon reste une croyance « marginale » partagée par « un très petit nombre de personnes » proches de l’extrême droite américaine.

Peu à peu, les publications de « Q » ont gagné l’appui de personnalités marquantes du complotisme aux Etats-Unis, telles que Sean Hannity ou Alex Jones, et de célébrités comme l’actrice Roseanne Barr ou l’ancien joueur de base-ball Curt Schilling. Au cours de l’été 2018, les QAnon n’hésitent plus à se montrer publiquement aux meetings du président Trump, leur héros, avec lequel ils partagent entre autres la défiance des médias et de l’establishment. Les tee-shirts qu’ils arborent et sur lesquels est écrit « We are Q » ou encore les pancartes en forme de lettre « Q » qu’ils brandissent ont attiré l’attention des médias nationaux et internationaux.

« Phénomène dangereux »

Interrogé par la chaîne américaine MSNBC, Clint Watts, un ancien agent du FBI, qualifie QAnon de « phénomène dangereux car contenant tous les éléments qui pourraient lancer un soulèvement, inciter à la violence, voire pousser à une révolte politique ». Le 29 juillet, des publications et des photos sur un forum « QAnon » ciblaient Michael Avenatti, l’avocat de l’ancienne actrice pornographique Stormy Daniels (qui dit avoir eu une brève liaison avec Donald Trump en 2006), affirmant qu’un « message » avait été envoyé à M. Avenatti. Le 31 juillet, le journaliste de CNN Jim Acosta qui suivait le président américain en meeting à Tampa, en Floride, a été conspué et victime d’injures lancées par des militants pro-Trump parmi lesquels figuraient des disciples de « Q ».

Ces multiples débordements ont poussé la Maison Blanche à réagir par la voix de sa porte-parole, Sarah Huckabee, qui souligne que le président condamne « tout groupe qui incite à la violence et ne soutient certainement pas des groupes promouvant ce genre de comportements ». En 2016, une rumeur virale appelée « Pizzagate » à propos d’un réseau pédophile mené par Hillary Clinton avait provoqué l’évacuation d’une pizzeria après l’intrusion d’un homme armé, qui disait après son arrestation vouloir « faire sa propre enquête ».

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