Pourquoi la gentillesse est un bon plan pour la carrière

Ingrid Falquy

Dans "Éloge de la gentillesse en entreprise", le philosophe Emmanuel Jaffelin veut réhabiliter cette qualité. Son leitmotiv : la gentillesse est une force pour les managers et les salariés.
Pourquoi la gentillesse est un bon plan pour la carrière

"Trop bon, trop con ?" Il paraît qu’être gentil en entreprise, c’est se faire avoir. Il paraît que pour faire carrière, il faut être un requin. De récentes études américaines ont même montré qu’un gentil gagne moins d’argent, surtout si c’est un homme. Parce qu’il serait faible. Le philosophe Emmanuel Jaffelin n’est pas d’accord et le fait savoir dans son essai "Éloge de la gentillesse en entreprise", publié cet été aux éditions First. « Être gentil ne signifie pas être faible, au contraire. Un vrai gentil est quelqu’un de noble, qui ose rendre service sans se faire marcher sur les pieds », explique-t-il.

Les gentils peuvent faire carrière… et être heureux

Cet agrégé et ancien diplomate plaide pour que cette qualité soit réhabilitée en entreprise, et soit même l’élément structurant des organisations. Il se veut rassurant envers les Français qui ont tendance à assimiler gentillesse et servitude. La faute à notre passé révolutionnaire, selon lui. « À partir du moment où on prend conscience que l’empathie est une force, on peut tout à fait faire carrière en étant gentil », assure-t-il. L’empathie permet de comprendre quand un collègue a vraiment besoin d’aide. Celui-là sera reconnaissant et rendra la bienveillance par la bienveillance. L’astuce est de ne répéter la gentillesse qu’avec ceux qui ne la gâchent pas, afin d’entrer dans un cercle vertueux.

Mais à quoi bon  cet effort d’empathie alors qu’on peut plus vite gravir les échelons en étant méchant ? Pour être heureux, pardi. Emmanuel Jaffelin en est persuadé : les méchants finissent toujours par payer. « Celui qui est méchant au travail est aussi méchant en dehors, au volant, dans la rue, en famille. Entre les amendes, les frais médicaux, les divorces… Il perd vite l’argent qu’il gagne en plus par rapport au gentil ». Les gentils eux sont reconnus dans leur travail et évitent plus facilement les burn-out.

L’entreprise, là où naissent les relations humaines

Alors que bien-être au travail est devenu une préoccupation majeure des ressources humaines, Emmanuel Jaffelin rappelle que l’entreprise est avant tout un lieu de socialisation. « La mission de l’entreprise ne se limite pas à la production de richesse », explique-t-il. Ce serait presque un lieu politique, où se construit la société, et qui mérite qu’on s’y sente bien. « Je renvoie dos à dos les marxistes et les libéraux », affirme-t-il. En en abordant ces problématiques sous un angle philosophique, il montre que le problème n’a rien de nouveau : Aristote y réfléchissait déjà.

 

 

JAFFELIN Emmanuel, "Éloge de la gentillesse en entreprise", First Éditions, 2015, 14,95€

Ingrid Falquy
Ingrid Falquy

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