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Santé

La maladie parodontale est associée à un risque de cancers

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- - iStock - M_a_y_a

Des chercheurs évoquent pour la première fois un lien entre une maladie chronique des gencives et la survenue de cancers chez les femmes ménopausées. Ce n'est pas la première fois qu'une étude met en garde contre les dangers de cette pathologie sur le corps en général.

C'est un nouveau facteur de risque de cancer que viennent de découvrir des chercheurs américains, qui ne concerne pas l'alimentation ou la sédentarité mais la santé de la bouche. Leur étude explique en effet que la maladie parodontale serait associée à un risque accru de plusieurs types de cancer chez les femmes ménopausées, même celles qui n'ont jamais fumé.

Comme l'explique l'UFSBD*, il s'agit d'une maladie d’origine infectieuse qui touche et détruit les tissus de soutien des dents (gencives et os) sur plusieurs dizaines d’années. La stagnation de bactéries dans la plaque dentaire est à l’origine d’une réaction inflammatoire sur les gencives et l’os induisant au fur et à mesure leur destruction. "Cette pathologie commence à s’installer souvent vers l’âge de 30 ans, avec une évolution au départ très lente.", souligne-t-elle.

Cette étude est la première à trouver une association entre la maladie parodontale et le risque de plusieurs types de cancers chez les femmes. "Notre étude a été suffisamment importante et détaillée pour examiner non seulement le risque général de cancer chez les femmes âgées atteintes d'une maladie parodontale, mais aussi pour fournir des informations utiles sur un certain nombre de sites spécifiques au cancer", indique le Pr Jean Wactawski-Wende, auteur principal de l'étude.

Un plus grand risque de cancer de l'œsophage

Au cours des dernières années, plusieurs études ont montré que la maladie parodontale est un facteur de risque pour certains cancers, dont le cancer du sein, les cancers oraux et oesophagiens. Mais très peu de travaux ont analysé le risque général pour tous les types de cancers. Cette nouvelle étude comprenait 65.869 femmes ménopausées inscrites à la "Women's Health Initiative", une étude nationale visant à enquêter sur les facteurs de risque qui influent sur le risque de décès chez les femmes américaines âgées.

Dans le cadre d'un questionnaire de suivi de santé, il a été demandé aux participantes si un dentiste leur a récemment diagnostiqué une maladie des gencives. Au cours d'un suivi moyen de 8,32 ans, les chercheurs ont identifié 7.149 cas de cancer. Les chercheurs ont trouvé que les femmes qui ont signalé une maladie des gencives avaient un risque global de cancer de 14%.

L'association la plus forte était pour l'un des cancers les plus mortels, le cancer de l'œsophage, qui était trois fois plus probable chez les femmes atteintes de maladie parodontale que chez les femmes qui n'en faisaient pas état. "L'œsophage est à proximité immédiate de la cavité buccale. Les pathogènes parodontaux peuvent plus facilement accéder à la muqueuse œsophagienne, l'infecter et favoriser le risque de cancer.", a déclaré Wactawski-Wende.

Les bactéries circulent dans le sang

Les chercheurs ont également noté que certains cancers, comme le cancer du sein, le cancer du poumon et le cancer de la vésicule biliaire, étaient associés à un risque plus élevé chez les femmes qui ont fumé et qui ont une maladie parodontale. D'autres, comme le mélanome, ont été associés à un risque plus élevé chez les femmes non fumeuses qui ont signalé une maladie parodontale.

"Certaines bactéries parodontales ont favorisé l'inflammation, même en petites quantités, et ces bactéries ont été isolées dans de nombreux d'organes. Il est important d'établir les risques précis de cette maladie, de sorte que des mesures préventives soient promues.", ajoutent les chercheurs. Ces derniers insistent sur le fait que si les femmes ménopausées sont plus susceptibles d'être touchées par les effets néfastes de la maladie parodontale, c'est en raison de leur âge.

Il faut en effet plusieurs années pour que les bactéries pathogènes entraînent une inflammation qui favorise un cancer. Si les mécanismes qui relient la maladie parodontale et le cancer ne sont pas entièrement compris, l'explication la plus probable tient au fait que ces mauvaises bactéries atteignent d'autres sites corporels avec la circulation sanguine, via la salive ou la plaque dentaire. Ce n'est pas la première fois que les dangers de cette maladie, et plus généralement des infections dentaires, sont évoquées.

Plusieurs études montrent en effet que ce mécanisme peut aussi être à l'origine d'autres maladies graves comme le diabète, les maladies coronariennes ou la pneumonie. La santé bucco-dentaire est donc liée à la santé globale, d'où l'importance d'une visite régulière chez le dentiste. Dans le cas d'une maladie parodontale, cette pathologie peut être stabilisée si au quotidien le patient a une hygiène de la bouche minutieuse, mais elle ne se guérit pas. 

*Union Française pour la Santé Bucco‐Dentaire 

Alexandra Bresson