Il s’appelle Mickael. À l’époque il a 42 ans, et depuis 12 ans il est juriste dans la même banque et reconnu pour ses compétences. Suite au départ de son chef, il se voit proposer le poste de directeur juridique France mais hésite. Il s’agit d’encadrer une grande équipe, ce qu’il n’a jamais fait. Le poste implique aussi un siège au Codir pour lequel il ne se sent pas tout à fait armé. « C’était il y a quatre ans, se souvient la coach de dirigeants, Stéphanie Roels. Aujourd’hui Mickael est directeur juridique international, et est heureux d’être identifié comme cadre dirigeant à potentiel dans le groupe. » Car Mickael a finalement accepté le poste avec un coaching individuel de dix mois pour l’aider à renforcer sa confiance en soi et asseoir sa posture.
Lire aussi : Comment choisir le bon coach pour sa carrière ?
Développer la confiance nécessaire
« Quand on est promu manager pour la première fois, c’est en général sur son propre domaine d’expertise et on a donc une base de crédibilité associée à sa connaissance du métier, observe Véronique Julienne chez Performance Consultants France. Mais cela ne suffit pas pour être crédible… » Pour cette coach, la confiance est la notion clef sur laquelle la crédibilité va se développer : confiance que l’on a en soi et que l’on diffuse autour de soi, confiance que l’on donne aux collaborateurs et que l’on essaye d’obtenir en retour, mais aussi la confiance acquise auprès de son propre manager, qui doit être considéré comme un soutien durant cette période.
À charge, dès lors, pour le futur manager, de se projeter. « Je propose à mes coachés de définir le style de management qu’ils voudraient mettre en place, en partant par exemple des qualités dont faisaient preuve les managers qui les ont eux-mêmes inspirés, ajoute-t-elle. Puis je leur conseille de commencer par écouter et questionner au maximum, avant de se construire une vision. »
Pour être passée par là - entendez une promotion - Majdouline Cherifi-El Ghazouani confirme. « A priori, un nouveau manager a déjà les compétences techniques nécessaires, explique cette cadre, manager chez Cleor et fondatrice de la société Kop Fit. Or, c’est surtout un travail sur soi qui va changer notre attitude, notre vision et notre façon d'aborder les choses. Ainsi, on va transmettre cette énergie et embarquer les équipes pour aller plus loin ensemble. »
S’exercer pour être prêt dans les moments clés
Nos interlocuteurs en conviennent : un travail personnel est souvent le bienvenu. « Quand on sait ou on sent que l'on va être nommé, il faut se projeter vers l’avenir pour acquérir la confiance nécessaire, témoigne Majdouline Cherifi-El Ghazouani. Il m’est arrivée, seule chez moi, de simuler une intervention que je devais faire devant une vingtaine de personnes et de me filmer pour voir si je me jugeais crédible. Ce travail est très utile car il permet de développer la clarté de son propos, sa confiance en soi, et aussi son charisme. »
Pour asseoir sa crédibilité de manager, il y a des techniques qui s’apprennent pour assurer aux moments importants, comme animer une équipe, définir des règles de fonctionnement et de circulation de l’information, accompagner un collaborateur ou savoir déléguer. « Si l’entreprise ne vous propose pas de formation, il existe pléthore d’ouvrages très bien faits sur ces sujets, et aussi d’articles disponibles sur internet », rassure Véronique Julienne. Pour cette experte, un cadre peut surtout se faire accompagner pour développer son intelligence émotionnelle (perception de soi, expression individuelle, relations interpersonnelles, prise de décision et gestion du stress…). « On a toujours un capital de départ, issu de notre vécu et de notre tempérament, mais, à l’inverse du QI qui est stable, le QE (Quotient Émotionnel) peut se développer tout au long de la vie, explique-t-elle. À cet effet, un coaching de prise de poste est particulièrement efficace. »
Ne pas débarquer en terrain conquis
Le but sera aussi d’éviter certaines erreurs qui ruinent la crédibilité du nouveau promu. Majdouline Cherifi-El Ghazouani se souvient humblement être tombée dans quelques pièges lors de sa première expérience managériale. « J’étais plus jeune, j’étais dans une aventure plus individuelle et je travaillais toute seule dans mon coin. Je n'avais pas envie de partager et de transmettre comme maintenant. » Pour progresser, elle a beaucoup observé d’autres managers inspirants et surtout assisté à beaucoup de conférences, notamment dans le cadre de salons professionnels. « Pour moi, la plus grande erreur est de débarquer en terrain conquis, avec une idée préétablie sur la stratégie à mettre en place, et sur les individus, abonde Véronique Julienne. Il faut accepter d’apprendre, de prendre le temps de connaître et comprendre. En un mot, il faut savoir être humble et à l’écoute pour démarrer sur de bonnes bases. »
Lire aussi : Promu manager ? Les 5 erreurs à ne pas faire
