Matériel d'injection

Les directions de santé publique (DSP) du Québec ont remis, entre avril 2015 et mars 2016, plus de 2,6 millions de seringues aux centres d’accès au matériel d’injection (CAMI) pour qu’elles soient distribuées aux utilisateurs de drogues par injection. C’est une hausse de près de 50 % en dix ans, selon des données tirées d’un rapport de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), publié le 24 janvier 2018 sur son site Web. Les raisons de cette augmentation n'y sont toutefois pas précisées.

Le réseau des CAMI (organismes communautaires, pharmacies, CLSC, cliniques, centres hospitaliers, centres de réadaptation en dépendance) est implanté au Québec depuis la fin des années 1980. En 2013, on en dénombrait 1 214 à travers le Québec. Les CAMI affichent à la porte de leur établissement un logo comportant notamment une seringue rouge et blanche (voir l'image à la fin du texte).

Ce programme du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) vise à réduire la transmission du VIH et des hépatites B et C chez les utilisateurs de drogues par injection. Le partage de seringues usagées est une pratique très risquée pour contracter ces infections virales. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) appuie ce genre d'initiative. « Cette mesure n’encourage pas la consommation de drogues ni la criminalité », souligne le MSSS sur le Portail santé mieux être du gouvernement du Québec.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Les CAMI remettent aux utilisateurs de drogues par injection en tout anonymat des seringues à l’unité ou des trousses (seringues, tampons d’alcool, ampoules d’eau pour diluer la drogue, contenants de chauffage, condoms et dépliant d’information). La plupart des CAMI récupèrent aussi les seringues usagées. « L’accès au matériel d’injection neuf est gratuit dans tous les CAMI, précise le MSSS. Certaines pharmacies demandent toutefois une contribution pour le service rendu. »

En 2015-2016, ce sont les organismes communautaires qui ont reçu des DSP les plus grandes quantités de seringues (66 %). Ils sont suivis des pharmacies (17 %), des CLSC (11 %) et des centres hospitaliers (2 %). En ce qui a trait aux trousses, les DSP en ont distribué davantage aux pharmacies (52 %) qu’aux autres CAMI (24 % aux organismes communautaires, 18 % aux CLSC et 5 % aux centres hospitaliers).

Matériel d’inhalation sécuritaire pour le crack

Huit DSP remettent également à des CAMI du matériel d’inhalation pour le crack, principalement ceux situés dans les régions de Montréal, de l’Outaouais et de l’Estrie. « L’inhalation de crack présente des risques pour la transmission du VIH et des hépatites B et C en raison des blessures que s’infligent les personnes lorsqu’elles fument cette substance qui est généralement chauffée dans un tube de verre », explique dans son rapport l’INSPQ.

« La distribution de plus de 2,6 millions de seringues annuellement est un bon indicateur de l’efficience du programme de prévention auprès des personnes utilisatrices de drogues par injection. Par contre, l’accès au matériel d’inhalation est encore sous-optimal et il devrait être étendu à l’ensemble des régions », conclut ce dernier.

 

Le labo du journalisme scientifique est un blogue tenu par les étudiants du cours de journalisme scientifique de l'Université Laval. 

Je donne