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L’Union européenne punit Google d’une amende record de 2,42 milliards d’euros

Le géant américain était accusé d’abus de position dominante dans la recherche en ligne afin de favoriser son comparateur de prix « Google Shopping ».

Par  (Bruxelles, bureau européen)

Publié le 27 juin 2017 à 11h09, modifié le 27 juin 2017 à 13h04

Temps de Lecture 3 min.

Margrethe Vestager, commissaire à la concurrence, avait adressé un acte formel d’accusation à l’encontre de Google le 15 avril 2015.

Après sept longues années d’enquête, la Commission européenne sort le carton rouge contre Google. Le géant américain se voit condamné à une amende record, d’un montant de 2,42 milliards d’euros, dès mardi 27 juin, pour abus de position dominante. La dernière amende européenne record pour ce type d’enquêtes, 1,06 milliard d’euros, avait été prononcée en 2009 et visait Intel, le géant américain des semi-conducteurs.

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C’est le service en ligne Google Shopping (un comparateur de prix) que ciblent les services de la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager. L’énergique danoise avait adressé un acte formel d’accusation à l’encontre du géant californien le 15 avril 2015, quelques mois seulement après son entrée en fonctions, en novembre 2014.

« Google a lancé des produits qui ont réellement modifié nos vies, pour autant, sa stratégie ne s’est pas juste au bénéfice des consommateurs. Google a abusé de sa position dominante en promouvant son propre service de comparateurs de prix, c’est illégal au regard des regles européenne anti trust » a estimé Margrethe Vestager, mardi.

Dans son communiqué de presse, la commission précise que Google a introduit cette pratique dans les 13 pays de l’Espace économique européen, « en commençant par l’Allemagne et le Royaume-Uni en janvier 2008. Elle a ensuite étendu cette pratique à la France en octobre 2010, à l’Italie, aux Pays-Bas et à l’Espagne en mai 2011, à la République tchèque en février 2013 et à l’Autriche, à la Belgique, au Danemark, à la Norvège, à la Pologne et à la Suède en novembre 2013. »

Le groupe est visé par deux autres actes d’accusation de la Commission

Au début des années 2010, Google Shopping s’appelait Froogle et fonctionnait comme un comparateur de prix classique. A la manière d’un Kelkoo ou d’un Guide.com, Froogle faisait apparaître les produits les moins chers des marchands, allant lui-même chercher les bonnes réponses sur le Web. En 2012, Google rebaptise son service Google Shopping et y applique son modèle publicitaire classique fondé sur les AdWords, ces liens sponsorisés qui apparaissent dans les résultats de recherche à partir des requêtes effectuées par les internautes.

Dans Google Shopping, les annonceurs paient pour faire remonter leurs produits, qui ne s’affichent que lorsqu’ils correspondent aux requêtes des internautes. L’espace n’est pas fermé aux comparateurs classiques de prix, qui peuvent comme les marchands apparaître dans Google Shopping en mettant en avant des produits. Mais ils se sont plaints d’être moins bien traités que les marchands dans les résultats de recherche, de n’apparaitre qu’à partir de la 3e ou 4e page de recherches.

Mardi, Google a officiellement réagi : « nous sommes en désaccord, nous allons examiner la décision de la commission dans le détail et étudier l’éventualité d’un appel en justice ». Google s’est toujours défendu de léser la concurrence, arguant qu’il subit celle, très intense, des marchands en ligne, notamment celle d’Amazon. Le groupe est visé par deux autres actes d’accusation de la Commission, l’un concernant « AdSense » – les offres de publicité contextualisées (en rapport avec le contenu du site Web) que le groupe américain propose à des sites tiers uti­lisant son moteur de recherche. L’autre, jugé encore plus sérieux, vise Android, le système d’exploitation pour smartphones ultra-dominant du groupe américain.

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Mise en place progressive

Au-delà de l’amende, qui pèse peu au regard des résultats du groupe en 2016 (80,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 17,8 milliards d’euros de profits), ce sont les mesures correctives imposées à Google que vont scruter les spécialistes et les multiples plaignants du groupe. Habile, la commission a laissé à Google le soin de trouver ses propres solutions techniques pour « rentrer dans le rang » comme précisé par Mme Vestager.

Seule condition à respecter : « l’égalité de traitement entre les services concurrents de comparaison de prix et son propre service ». Le groupe a 90 jours, pas plus, à compter de la décision (ce lundi), pour s’y conformer. Dans le cas contraire, elle sera astreinte à des astreintes journalières. « Cette décision exhorte Google à changer son comportement » a insisté Mme Vestager.

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Ce nouvel épisode décisif du bras de fer entre Google et la Commission risque de tendre encore un peu les relations entre l’Union européenne et les Etats-Unis. Comment réagira le président Trump, alors que, du temps d’Obama, l’administration de Washington n’hésitait déjà pas à accuser l’Europe de protectionnisme ?

Devenue une figure de Bruxelles, Mme Vestager démontre encore une fois qu’elle n’a pas froid aux yeux. Elle aurait pu prolonger la méthode de son prédécesseur, le commissaire espagnol Joaquin Almunia, tenter la conciliation à tout prix. Elle a préféré la manière forte. Prochain dossier ultra-délicat sur son bureau : celui de Gazprom, le géant gazier russe, lui aussi sous le coup d’une enquête pour abus de position dominante, mais engagé dans une procédure de conciliation avec Bruxelles.

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