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Management

Pourquoi les dirigeants doivent changer leur rapport au temps

Comment les dirigeants peuvent-ils repenser leur équilibre entre temps long et court? Le coaching bref propose plusieurs pistes à explorer.

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sablier temps

Pour éviter la course contre la montre permanente, les dirigeants doivent changer d'approche.

AFP

De la série télévisée « 24 heures chrono » au best seller « la semaine de 4 heures », en passant par Twitter, la culture contemporaine complexifie autant qu’elle libère notre rapport au temps. En 2017, on ne compte plus en mois, en semaines, voire même en jours, mais en heures. Il est temps de distinguer urgence et transformation, et d’apprendre à réconcilier rapidité et profondeur. Comment les dirigeants peuvent-ils explorer et repenser leur équilibre entre temps long et temps court? Comment utiliser la brièveté pour comprendre, décider puis agir avec profondeur et impact?

Différentes métaphores relatives au temps coexistent dans nos cultures, structurant inconsciemment nos manières de vivre. Percevoir le temps non plus seulement comme une ressource rare à gérer mais comme un objet en mouvement - qui vient, passe, s’accélère, s’arrête – et malléable – qui se concentre, s’étire - ouvre de nouvelles perspectives. « Placez votre main sur un poêle une minute et ça vous semble durer une heure. Asseyez vous auprès d'une jolie fille une heure et ça vous semble durer une minute » s'amusait ainsi Albert Einstein. Le célèbre physicien soulignait une caractéristique fondamentale du temps: sa relativité. Tout comme, plus récemment, Christopher Nolan dans ses films Inception puis Interstellar.

De profondes transformations se produisent sur une durée courte et ce, dans des domaines très différents. Ainsi, en matière d'évolution des espèces, les paléontologues américains Stephen Jay Gould et Niles Eldredge postulent, contrairement à la théorie classique de l'évolution, que de longues périodes d'équilibre sont ponctuées par de brèves périodes de changements importants comme la spéciation ou les extinctions, plutôt qu'un unique processus laborieux et progressif. 

Autre exemple avec la « neurochirurgie éveillée », c’est à dire avec un patient conscient lorsqu’on lui enlève une tumeur cérébrale. Ces opérations ont permis de découvrir, en parlant au malade pour mener à bien une batterie de tests, que notre cerveau se réorganise radicalement, en quelques heures, durant l’acte chirurgical, notamment pour des fonctions aussi évoluées que le langage. Les chercheurs pensaient jusqu'alors que cela nécessitait un long processus d'apprentissage.

L'humain pas adapté au stress chronique

Dans la même veine, des expériences récentes montrent qu'on peut arriver à des résultats optimaux en un temps record, en changeant uniquement notre compréhension du fonctionnement humain: en effet, nous nous développons grâce à des pressions intenses et ponctuelles accompagnées d’une phase de récupération et ne sommes pas du tout adaptés à un stress chronique. Par exemple, la pratique d’une minute d’effort intensif dans un entrainement spécifique dit « fractionné » est aussi bénéfique sur le plan cardio-respiratoire que 50 minutes de jogging à allure modérée. Vingt-six minutes de sommeil diurne offrent quant à elles un gain de 54% d’attention pendant 3 à 4 heures et augmentent globalement les performances de 34%, selon une étude publiée par la Nasa.

Appliqué au management, c'est le principe de Pareto réduit à sa plus simple expression: présenté dans les formations au leadership comme les 20% de notre temps qui génèrent 80% de nos réalisations, il s’avère que, selon des études reprises par Nassim Nicholas Taleb dans son livre "Le cygne noir", 1% des ressources produisent 51% des résultats dans certains contextes. Une intuition, un trait d’humour, un temps d’écoute, un feed-back, une question, une minute de silence, un « oui, on y va! » permettent en un instant de changer la donne. Cette facette du temps se pense, s’apprend, s’exerce, se mûrit ...

Comment les dirigeants peuvent-ils explorer leur rapport au temps court pour le rendre dense et utile? Le coaching bref propose plusieurs pistes: 

  • éviter les prolongations inutiles: si vous devez jouer, décidez de trois choses en début de partie: les enjeux, les règles du jeu et …l’heure de quitter la table.
  • s’appuyer sur les points forts: faites le pari de rechercher « comment cela marche? » sans vous perdre dans l’analyse du « pourquoi cela ne marche pas, plus ou mal? ». 
  • s’entraîner pour alterner temps long et temps court: le temps « court » d’un acte décisif est possible car vous avez utilisé un temps « long » pour rechercher, pratiquer, optimiser, personnaliser votre métier et devenir dirigeant.
  • être concis puis se taire: « Non » est une phrase complète ; tout comme « oui », « je ne sais pas » ou un silence avec un sourire. En réunion, commencez par la conclusion puis écoutez.
  • ralentir pour prendre la bonne décision: face à un enjeu, il est urgent de prendre son temps. Lorsque tout va vite à l’extérieur, et que vous êtes pressé, les rendez-vous avec vous-même, entourés ponctuellement de collaborateurs aguerris, servent à ralentir le temps. Vous pouvez ensuite accélérer progressivement dans votre virage vers l’action souhaitée, avec adhérence et vitesse optimales.

Grégory Le Roy, consultant, pour Challenges 

 

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