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Airbus, Hop !, Nokia, Sanofi : des salariés mobilisés contre les suppressions d’emplois

Des salariés manifestaient en France mercredi contre des plans de restructuration entraînant des milliers de suppressions d’emplois.

Le Monde avec AFP

Publié le 08 juillet 2020 à 14h13, modifié le 08 juillet 2020 à 18h54

Temps de Lecture 5 min.

Manifestation contre les suppressions d’emplois chez Nokia, le 8 juillet, à Paris.

Aéronautique, télécommunications… des milliers de salariés étaient mobilisés, mercredi 8 juillet, en France afin de protester contre les suppressions d’emplois dans ces différents secteurs. Malgré les plans d’aide décidés par le gouvernement, les annonces de restructuration se multiplient, provoquant l’incompréhension des salariés et des élus locaux.

  • Plusieurs milliers de salariés d’Airbus manifestent à Blagnac

A l’appel des trois principaux syndicats, FO, CFE-CGC et CFTC, plusieurs milliers de salariés d’Airbus manifestaient mercredi dans l’enceinte du groupe, à la périphérie toulousaine, contre le plan de suppression d’emplois annoncé par l’avionneur, qui menace 5 000 postes en France, dont plus de 3 500 à Toulouse dans le sillage de l’épidémie de Covid-19. Les salariés, massés derrière une banderole proclamant « Non aux licenciements » ont longé les pistes de l’aéroport avant de les traverser et de rejoindre le siège de l’avionneur, où une délégation devait être reçue par des membres de la direction.

Cette action, qui devrait provoquer des reprogrammations de « trois ou quatre vols », a été organisée en concertation avec la préfecture pour minimiser la perturbation du trafic aérien, a précisé Florent Veletchy, délégué syndical central à Airbus de la CFTC, troisième syndicat chez l’avionneur. « Nous voulons envoyer un message fort, mais pas déclarer la guerre », alors que des négociations se sont ouvertes entre la direction et les syndicats, pour qui la ligne rouge est « zéro licenciement sec », une option qui n’a pas été exclue par la direction du groupe.

Des salariés d’Airbus manifestent, mercredi 8 juillet 2020, le long des pistes de l’aéroport de Toulouse-Blagnac.

Le trio syndical compte sur les départs anticipés, volontaires, une activité partielle longue durée et des dispositifs de formation pour diminuer le périmètre du plan, prévu pour entrer en vigueur d’ici à l’été 2021. Selon M. Veletchy, « on peut aller plus loin » que le chiffre de 1 500 postes qui pourraient être sauvés en France si l’Etat y contribue, chiffre avancé la semaine dernière dans un entretien à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel par le patron d’Airbus, Guillaume Faury.

Des manifestations doivent aussi être organisées à Saint-Nazaire et à Nantes, deux autres sites du groupe frappés de plein fouet, avec plus d’un millier d’emplois menacés par le plan de coupes, qui concerne aussi la filiale Stelia Aerospace d’Airbus. Une autre manifestation, cette fois à l’appel de la CGT, est prévue jeudi entre le siège d’Airbus et l’aéroport, dans le cadre d’une journée d’action de soutien à la filière aéronautique, qui emploie 90 000 personnes dans l’ex-région Midi-Pyrénées.

  • Des centaines de personnes à Morlaix contre la fermeture du site de Hop !

Des salariés de la filiale d’Air France Hop! protestent à Morlaix, mercredi 8 juillet.

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées mercredi à Morlaix (Finistère) devant le site de Hop !, filiale régionale d’Air France, pour protester contre la fermeture de celui-ci. « On nous a dit : Vous êtes bons, mais en 2023 c’est fini, donc prenez votre pelle et creusez votre tombe », peste Valérie Scattolin, 54 ans, élue au CSE-UNSA et coordinatrice hygiène sécurité environnement sur le site de Morlaix. « On est en colère, on est contre ce projet », poursuit cette salariée avec 23 ans d’ancienneté, peu avant une rencontre entre les salariés et la direction nationale venue présenter ses orientations stratégiques à l’horizon de 2023.

« On a dû faire des choix très durs », a confirmé à l’Agence France-Presse au terme de la rencontre le PDG de Hop !, Pierre-Olivier Bandet, se disant ouvert à tout projet de reprise d’une partie de l’activité du site. « Il y a un engagement du groupe Air France à proposer des postes aux salariés », à Paris, a-t-il précisé, évoquant des « solutions individualisées pour chacun des salariés ».

« Ils nous ont récité leur leçon et ont fait semblant de nous écouter », a réagi Sébastien Grandjean, salarié du site de Morlaix et représentant CGT au CSE. « Il y aura de la casse », a-t-il assuré, prédisant le licenciement des salariés refusant la mobilité. Quelque 280 personnes travaillent sur le site de Hop ! à Morlaix. Dans cette filiale, née en 2013 de la fusion des compagnies Brit Air, Régional et Airlinair, 40 % des quelque 2 400 emplois doivent être supprimés. Ses sites de maintenance à Morlaix et Lille ainsi que sa base de personnel navigant de Toulouse sont menacés.

« Air France a reçu sept milliards d’aide de la part de l’Etat dans le contexte de la crise sanitaire, c’est une aide qui devrait être consacrée à la sauvegarde de l’emploi, sauf qu’aujourd’hui c’est tout le contraire », a noté Sébastien Grandjean. « Air France va donc financer un plan social avec ses sept milliards », a-t-il dénoncé. Secoué par la crise du Covid-19, le groupe Air France compte supprimer plus de 7 500 postes d’ici à la fin 2022 dans le cadre de sa nouvelle stratégie, dont environ 6 500 au sein de la compagnie tricolore et plus de mille au sein de Hop !.

  • Nouvelle mobilisation contre les suppressions d’emplois chez Nokia

Ce mercredi, une nouvelle manifestation de salariés de l’équipementier de télécommunications finlandais était prévue, après celle de samedi à Lannion (Côtes-d’Armor). « Dégoûtés », plusieurs milliers de salariés de Nokia, dont une bonne partie venus de Lannion, ont défilé à Paris au son des binious contre la suppression de 1 233 emplois en France.

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Les visages étaient graves derrière la banderole de tête, portant le slogan « Le Tregor debout contre les suppressions d’emploi ». Un TGV plein à craquer a convoyé tôt dans la matinée les manifestants du centre de recherche de Lannion, venus en force dénoncer la suppression de la moitié de leurs effectifs, soit 402 postes. Dans le cortège, les banderoles CFDT, CGT et CFE-CGC voisinaient avec les pancartes. « Embauché en mars, débauché en juin », proclame l’une d’elles.

A l’arrivée de la manifestation aux Invalides, plusieurs personnalités politiques ont apporté leur soutien, dont Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français, et Eric Coquerel, député La France insoumise. « Ce sont des margoulins, ils ne respectent pas leurs engagements », a tonné Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, syndicat numéro un chez Nokia.

« Ce n’est pas acceptable aujourd’hui, alors qu’on parle de relocalisation après la crise sanitaire, de voir des délocalisations. On ne laissera pas faire (), je demande que l’Etat français demande à Nokia de rendre l’argent public dont il bénéficie encore. »

Depuis le rachat, en 2016, d’Alcatel-Lucent par Nokia, il s’agit du quatrième plan social. Les trois précédents avaient touché les fonctions support, alors que là, c’est la recherche et le développement (R & D) qui sont concernés « à 95 % », ont rappelé les syndicalistes.

  • Des salariés de chez Sanofi près de l’Assemblée nationale

Une centaine de salariés selon la CGT, une soixantaine selon la police, en provenance d’une douzaine de sites Sanofi, se sont rassemblés mercredi près de l’Assemblée nationale, à l’appel de ce syndicat, pour dénoncer « des licenciements boursiers ». Plusieurs députés LFI et PCF sont venus à la rencontre des manifestants – ces derniers rejoints par ceux de Nokia – et ont pris tour à tour la parole.

Sanofi a annoncé vouloir supprimer jusqu’à 1 700 emplois en Europe, dont un millier des 25 000 collaborateurs en France (sur 100 000 dans le monde), alors même qu’il a vu ses ventes dopées au premier trimestre par la crise sanitaire.

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Le Monde avec AFP

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