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La vague des plans sociaux s'amplifie malgré des prévisions moins pessimistes

Des salariés d'Airbus réunis devant une usine Airbus, à Montoir-de-Bretagne, le 8 juillet 2020

Des salariés d'Airbus réunis devant une usine Airbus, à Montoir-de-Bretagne, le 8 juillet 2020 - Loic VENANCE © 2019 AFP

De 15 plans sociaux annoncés par semaine en mai, le pays en dénombre désormais plus de 30. Une vague qui prend de l'ampleur et qui inquiète de plus en plus de salariés malgré des prévisions de croissance moins mauvaises de l'Insee.

Oui c’est une lame de fond qui grossit un peu plus de jour en jour, celle des plans sociaux. Le nombre de suppressions de postes envisagées dans un plan de sauvegarde de l'emploi depuis le 1er mars est deux fois supérieur à celui un an auparavant, avec une hausse sensible depuis mi-juin, selon le ministère du Travail.

195 plans sociaux (PSE) entre le 1er mars et le 5 juillet

En quelques semaines, on est passé de 15 plans sociaux hebdomadaires à plus de 30 depuis mi-juin.

Entre le 1er mars et le 5 juillet, ce sont ainsi 193 plans de sauvegarde de l'emploi ont été communiqués au ministère, prévoyant la suppression de 27.053 postes contre 13.033 à la même époque l'année dernière. Et c’est sans compter les petits licenciements collectifs (moins de 10 salariés) dans les restaurants, les hôtels, les petits commerces dont le nombre se chiffre à près de 1700.

43 plans sociaux par semaine en 2009

Des annonces qui inquiètent et suscitent la colère des salariés. Et même dans les secteurs les plus gravement touchés par la crise comme l’aéronautique ou l’automobile. Chez Renault où 4600 postes sont concernés et Airbus 5000 postes supprimés en France, certains salariés s’interrogent sur l’effet d’aubaine. Les entreprises ont certes des difficultés mais n’en profiteraient-elles pas pour un peu gonfler leurs nombres de licenciements ? Un soupçon nourri par des annonces qui ont surpris comme celle de Sanofi, a priori, peu touché par la crise qui compte se séparer d'un millier de salariés en France. Il s’agit en effet d’une stratégie interne qui n’a rien à voir avec le Covid.

Et la vague des licenciements risque malheureusement de prendre de l'ampleur. Lors de la crise des subprimes, c’est en 2009 que le pic des plans sociaux avaient été atteint. En 2008, année de l'explosion de la bulle, la pays avait dénombré 1061 grands plans de licenciements contre 2242 en 2019 (soit plus de 43 par semaine en moyenne). Une crise systémique qui avait concerné surtout les secteurs de la banque et de l’immobilier. Actuellement, c’est surtout l’industrie et certains secteurs de la consommation déjà affaiblis comme le textile qui sont les plus touchés.

Des prévisions moins pessismistes pour l'économie française

Petite lueur d'espoir tout de même dans la grisaille: les prévisions économiques sont un peu moins pessimistes depuis quelques jours. Après la Banque de France, c'est l'Insee qui a affiné ses prévisions de décroissance pour l'année. L'institut a estimé que le recul du PIB serait de 9% en 2020 quand le gouvernement d'ordinaire plus optimiste tablait sur -11%.

La croissance devrait même faire un bond de 17% cet été par rapport au deuxième trimestre. L'économie française retrouverait des niveaux d'activité normaux, grâce notamment à un regain de la consommation des ménages qui n'est aujourd'hui "que" 3% en deça de son niveau d'avant-crise. Un rebond de l'activité qui ne rattrapera pas les dommages causés par le confinement, mais permettra peut-être de les atténuer légèrement.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco