La révolution numérique a eu un impact considérable dans le secteur touristique, désormais indispensable tant au niveau logistique que promotionnel, plusieurs problématiques voient le jour quant à son utilisation responsable. La promotion touristique est-elle compatible avec le numérique responsable ? Fabien Perot, éco-concepteur web, m’accompagne dans cette réflexion pour mettre la lumière sur ce concept éco-responsable qui s’invite au cœur de la dimension technologique du développement touristique.
Numérique et tourisme : une évolution main dans la main
On retrouve depuis quelques années d’importantes interactions entre la technologie et le tourisme, qui ont fortement impacté la logistique du secteur, le comportement du marché et les techniques de communication marketing pour les professionnels. “Le progrès technologique et le tourisme vont de pair depuis des années “, soulignent Buhalis et Law (2008), dont l’avènement de l’Internet, qui se définit comme l’un des éléments transformateurs de cette industrie.
Avec plusieurs tournants majeurs dans l’industrie comme la digitalisation des agences, le développement des outils numériques pour les processus de commercialisation et l’avènement des réseaux sociaux, le tourisme s’est retrouvé dans une spirale riche en opportunités et innovations. Pour toujours plus conquérir les voyageurs, tous les coups sont permis pour jouer sur l’omniprésence numérique. Il est quasiment devenu indispensable d’avoir une visibilité sur les réseaux sociaux, d’avoir un site web vitrine ainsi qu’un Marketplace, de créer du contenu écrit et visuel, de proposer une variété de canaux de communication pour la relation client ainsi que de générer de l’activité sur des médias sociaux type blog ou plateforme d’avis de voyageur, sans oublier la pertinence du développement d’application mobile.
Cette digitalisation massive a fait du tourisme un secteur d’activité très ancré dans la dimension technologique, qui aujourd’hui connaît à son tour, des réflexions et des problématiques environnementales.
Le numérique et ses impacts environnementaux
À l’horizon 2025, « le numérique devrait représenter entre 6,9 et 8,8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre », publie France Stratégie, institution rattachée au Premier ministre. La connaissance et la prise de conscience des impacts environnementaux du numérique sont relativement récents, mais mobilisent d’ores et déjà beaucoup d’acteurs, qui décident d’inclure cette dimension technologique dans leur transition écologique et leur positionnement éco-responsable. Les problématiques du développement durable et de la pratique responsable que le tourisme connaît depuis plusieurs années au niveau social, économique et environnemental, s’agrandissent aujourd’hui à la dimension technologique. L’enjeu actuel est de se sensibiliser, en tant qu’acteurs du paysage touristique, de comprendre et d’agir afin d’entreprendre le tourisme autrement et ce, dès maintenant.
Un rapport publié par le think tank The Shift Project nous informe que la part d’émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial liée à l’usage du numérique en 2019, est estimée à 4 %. Ils prennent notamment, comme titre de comparaison, les émissions des transports aériens, qui « génèrent 2,5 % si on se limite aux émissions directes des avions », précise Hugues Ferreboeuf, chef de projet au sein du Shift Project. Dans cette ère numérique, la dématérialisation implique paradoxalement une utilisation importante de matière et d’énergie et nous nous retrouvons au final avec un coût écologique qui remet en question certaines pratiques. Entretien avec Fabien Perot, éco-concepteur web.
Acteur de la transition écologique au travers de l’éco-conception web, pouvez-vous nous dire quels impacts environnementaux du numérique sont les plus importants ?
C’est extrêmement complexe, puisqu’il faut prendre soin de regarder le cycle de vie de la chaîne complète : des équipements aux services, en passant par la production d’énergie pour leur fonctionnement et le déploiement d’une infrastructure mondiale gigantesque. L’impact environnemental le plus important est l’émission de gaz à effet de serre, en partie à cause de la production d’énergie carbonée. Mais il y a un enjeu important également au niveau des ressources, que ce soit en termes d’épuisement (des métaux rares par exemple) ou de pollution des eaux, de l’air et des sols (à cause des extractions de métaux, de la fabrication des équipements et des déchets électroniques).
Être éco-responsable jusqu’au clic ?
L’engagement éco-responsable est un sujet majeur dans le paysage touristique depuis plusieurs années, développant des solutions et des innovations autour des problématiques liées aux dimensions sociales et environnementales, qui constituent les piliers du tourisme. La dimension technologique vient récemment s’ajouter à ces défis de l’industrie, et devrait ainsi faire partie des engagements éco-responsables de ces acteurs afin d’apporter une certaine harmonie et cohérence dans leurs valeurs.
Néanmoins, que ce soit pour le développement et le maintien de la compétitivité, l’optimisation du parcours client et assurer la visibilité promotionnelle, le poids du numérique dans le tourisme surpasserait les bonnes pratiques et bons gestes responsables que nous pouvons trouver aujourd’hui.
Le tourisme a un lien très étroit et spécial avec le numérique, une compatibilité sous forme de compromis pourrait-il être possible selon les concepts de numérique responsable ?
C’est exactement le bon mot : le compromis ! J’aime penser que l’étape la plus importante est la sensibilisation. Si les acteurs du tourisme, mais aussi n’importe quel utilisateur du numérique; comprennent l’enjeu environnemental autour du numérique, ce sera déjà un pas en avant énorme, surtout que le sujet n’émerge que depuis peu de temps. En menant les bonnes réflexions sur la conception de son site web, l’utilisation de sa boîte mail, le stockage de ses données, l’impact de sa communication, le choix de ses terminaux, chacun peut aller encore plus loin et améliorer considérablement son empreinte liée au numérique.
Consultante nomade à la rencontre des acteurs du tourisme durable de demain, Tiffany Flour pointe et interroge les innovations à impact positif. Au travers de ses expériences et ses projets, elle met en lumière la place des formes de tourisme alternatifs dans l’industrie.
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