Les déboires s’accentuent pour YouTube. Depuis le début de la semaine, plusieurs grandes entreprises américaines ont décidé de retirer l’ensemble de leurs publicités de la plateforme de vidéos en ligne, qui appartient à Google. C’est le cas des opérateurs télécommunications AT&T et Verizon, du fabricant automobile Ford ou encore du groupe pharmaceutique Johnson & Johnson. En cause : la diffusion d’annonces sur des clips contenant des messages homophobes, antisémites ou faisant l’apologie du terrorisme.
Le mouvement, qui a débuté le 17 mars après la publication d’une enquête du quotidien britannique Times, prend de l’ampleur. Plus de 200 sociétés ont décidé de suspendre leurs campagnes sur YouTube et sur le réseau d’environ deux millions de sites tiers dont la publicité est gérée par Google. En revanche, Adwords est relativement épargné. Ces liens sponsorisés, qui s’affichent dans les résultats de recherche, constituent la première source de chiffre d’affaires du géant du Web.
Renforcer les options de contrôle
Depuis plusieurs jours, l’entreprise de Mountain View tente de rassurer les annonceurs. Mardi 21 mars, elle a notamment annoncé une série de mesures censées limiter ce problème. Elle a accepté de renforcer les options de contrôle proposées aux marques, promis de recruter davantage et d’investir encore plus dans ses outils d’intelligence artificielle, qui permettent d’identifier les contenus à problème.
« Il n’y a pas de solution miracle à court terme », estime Jan Dawson, analyste chez Jackdaw Research. D’ailleurs, Google reconnaît qu’il lui est impossible de garantir qu’aucune publicité ne soit affichée à côté de ces vidéos. « Mais nous pouvons nous en rapprocher », assure Eric Schmidt, le président du conseil d’administration d’Alphabet, la maison mère du moteur de recherche.
La tâche de YouTube est en effet très compliquée. Chaque minute, plus de quatre cents heures de vidéo sont postées sur la plateforme. Pour identifier les clips haineux, le site a recours à des algorithmes informatiques. « Mais les machines ne sont pas infaillibles », souligne Marc Goldberg, directeur de Trust Metrics, une entreprise spécialisée dans la lutte contre la fraude publicitaire. « A long terme, Google trouvera certainement une solution pour apaiser les annonceurs », prédit-il.
Un manque à gagner difficile à chiffrer
En attendant, le manque à gagner est encore difficile à chiffrer. La majorité des analystes estiment qu’il devrait être assez faible. Selon les estimations du cabinet eMarketer, YouTube a généré 5,6 milliards de dollars (5,2 milliards d’euros) de recettes en 2016, sur un chiffre d’affaires publicitaire proche de 80 milliards pour Google. En outre, le site demeure un passage obligé pour les annonceurs qui souhaitent toucher les moins de 35 ans, ces derniers regardant de moins en moins la télévision.
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