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L’Etat s’engage à soutenir les « tiers lieux » dans les territoires

Le gouvernement va lancer un appel à manifestation d’intérêt pour identifier 300 « fabriques de territoire », dont 150 dans les quartiers prioritaires.

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Publié le 18 juin 2019 à 11h31

Temps de Lecture 3 min.

La ministre de la cohésion des territoires, Jacqueline Gourault, à l’Assemblée nationale, à Paris, le 15 mai.

Pour dynamiser les territoires, le gouvernement entend donner un coup d’accélérateur aux « tiers lieux », ces espaces de « coworking », « fab lab », « living lab » et autre « makerspace » qui fleurissent depuis quelques années. Lundi 17 juin, Julien Denormandie, ministre de la ville et du logement, et Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion des territoires, entourés de pas moins de quatre de leurs homologues (travail, culture, enseignement supérieur, numérique), ont enfin dévoilé un plan « Nouveaux lieux, nouveaux liens » pour renforcer et déployer ces espaces, promis en septembre 2018 lors de la remise d’un rapport sur le sujet.

Ce plan, qui vise à résorber la fracture territoriale, en particulier dans les quartiers populaires et les zones rurales, se veut aussi une réponse à la crise des « gilets jaunes ». « Les tiers lieux peuvent répondre au sentiment de solitude, de déclassement de certaines populations, parce qu’ils sont des lieux de rencontre, de travail, de lien social, de culture, et de discussion tout simplement », explique Mme Gourault.

Concrètement, le gouvernement va lancer un appel à manifestation d’intérêt (AMI) pour identifier 300 « fabriques de territoire », dont 150 dans les quartiers prioritaires. Il peut s’agir de tiers lieux déjà existants comme de nouveaux projets. L’Etat les accompagnera avec une subvention comprise entre 75 000 et 150 000 euros sur trois ans.

Au total, 45 millions d’euros vont être consacrés à cet accompagnement. « Dans le contexte budgétaire actuel, cela montre à quel point nous en faisons un choix de politique publique », relève Julien Denormandie. Le plan gouvernemental bénéficie également du soutien d’Action Logement, qui va débloquer 50 millions d’euros pour soutenir l’investissement des tiers lieux dans le foncier et les infrastructures.

Augmenter les lieux d’accueil de proximité

Le fonds Amundi, de son côté, va mettre 50 millions d’euros pour accompagner ceux qui ont besoin de fonds propres afin de développer leur projet. « Nous espérons ainsi lever deux obstacles à la création des tiers lieux : le coût d’investissement [achat et location de bureaux ou d’ateliers], et l’amorçage [se faire connaître, recruter du personnel…] », souligne le ministre.

Pour répondre au besoin d’échange d’expérience exprimé par les acteurs de ces espaces hybrides et multiformes, un conseil national des tiers lieux est créé

L’Etat entend par ailleurs soutenir la consolidation de ces espaces de proximité en les utilisant pour y développer des activités d’intérêt général qui leur procurera des revenus. Il va s’appuyer sur les tiers lieux pour déployer le Pass numérique en finançant leur intervention dans l’accompagnement des Français en difficulté face au numérique, comme pour former les chômeurs de longue durée et les jeunes éloignés de l’emploi, dans le cadre du Plan d’investissement des compétences (PIC) piloté par la ministre du travail. Ou encore pour déployer l’objectif de 1 000 « Micro-Folies » en cinq ans, ces nouveaux lieux culturels qui associent musée virtuel, espace scénique, médiathèque et « fab lab », que le ministère de la culture aspire à développer. Des tiers lieux pourront aussi devenir l’une des maisons France Service que l’Etat entend installer dans chaque canton en vue d’augmenter les lieux d’accueil de proximité.

Pour répondre au besoin d’échange d’expérience exprimé par les acteurs de ces espaces hybrides et multiformes, un conseil national des tiers lieux est créé. Composé de représentants des tiers lieux dans toute leur diversité (économique, culturel, numérique éducatif, public, associatif, privé), il doit permettre aux acteurs de partager leurs préoccupations, d’exprimer leurs envies, de porter des propositions. A côté, une association nationale facilitera le développement d’outils communs (logiciel de réservation de salle, kit de formation…) à partir des expériences que les uns et les autres partageront. Travaillant en étroite coopération, ces deux instances ont vocation à faire émerger une filière professionnelle.

« Quand cette filière sera structurée, elle remplacera de facto le conseil national et l’association, relève Patrick Levy-Waitz, auteur du rapport dont gouvernement s’est inspiré. L’idée n’est pas de créer de nouvelles instances. Elles ne sont que transitoires pour permettre aux acteurs, avec l’aide de l’Etat, de s’organiser, de dire leurs difficultés et de proposer des solutions. » Et le président de la Fondation Travailler autrement de se féliciter : « Ce plan témoigne d’une reconnaissance forte de l’Etat, de ce mouvement. C’est la première fois qu’en Europe un Etat construit une politique ambitieuse bottom-up, où les acteurs sont parties prenantes. »

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