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Isabelle Kocher (Engie) : "Développer une culture de la prise de risques"
La directrice générale d’Engie veut faire de son groupe un fournisseur de systèmes énergétiques.
Quelle est votre vision d’Engie à dix ans ?
Le plus important, c’est de définir la mission que nous voulons remplir et le type de relations que nous voulons construire avec nos clients. Je vois Engie comme un architecte de solutions énergétiques auprès de clients qui seront de moins en moins des États. Tout d’abord, les clients particuliers ne vont plus seulement nous acheter de l’électricité et du gaz, mais ils demanderont des systèmes de production et de gestion de l’énergie. Les entreprises rechercheront aussi des systèmes locaux mieux ajustés à leurs besoins. Enfin, les villes vont prendre en partie le relais des États. Engie sera un groupe de plus en plus connecté aux territoires et à l’ensemble des acteurs qui y sont présents. Dans le même temps, nous resterons très international, car c’est l’une de nos forces et de nos particularités. En étant connectés à toutes les régions géographiques et donc à toutes les zones d’innovation, nous sommes les mieux armés pour savoir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.
Quels sont les écueils à éviter pour y parvenir ?
Il y a beaucoup de challenges, le principal étant la vitesse. Dans ce monde qui va vite, il faut être rapide et agile pour détecter, développer, adapter et évaluer de nouvelles solutions. Face aux nouveaux acteurs très réactifs, notre avantage, c’est notre taille. Si nous arrivons à être rapide – et il n’y a pas de raison que nous ne le soyons pas – dans la prise de décision et dans l’analyse de ce qui fonctionne ou non, notre taille devient un effet de levier majeur pour mettre en œuvre de nouvelles solutions. Notre taille nous permet aussi de tester en parallèle beaucoup de technologies et de concepts, ce qu’une structure de plus petite dimension ne peut pas faire car elle travaille en série. Le deuxième défi, c’est la gestion des horizons de temps, entre moyen et long termes. Le monde des solutions décentralisées ne va pas émerger en un jour. Notre parti pris est d’avancer par étapes, de manière méthodique. Nous continuons à développer des solutions que nous maîtrisons déjà et qui sont au cœur de la transition énergétique dans trois domaines : les renouvelables, le gaz et les services d’efficacité énergétique, par exemple en remportant des appels d’offres sur du solaire en Amérique latine et en Inde, ou des contrats gaziers en Chine très récemment. Dans le même temps, nous avançons d’ores et déjà sur la deuxième étape qui consiste à faire émerger des nouvelles solutions, comme la ville de demain avec l’acquisition récente de Siradel, une PME française innovante qui développe des outils de modélisation urbaine en 3D.
Comment voyez-vous l’économie de notre pays ?
La France dispose d’une très forte capacité d’entreprendre et d’innover. C’est une réalité dans nos métiers et dans de nombreux autres secteurs. Dans les plus grands lieux d’innovations de la planète – dans la Silicon Valley, au MIT, en Israël, en Afrique du Sud… –, le dynamisme français est reconnu. Mais il faut mieux le soutenir et faire en sorte, par exemple, que le milieu de la recherche et des start-up qui s’en nourrissent parviennent à s’ancrer en France si possible, ou du moins en Europe. Ces jeunes entreprises arrivent à se développer dans leur première partie de vie grâce au financement public. À ce titre, Bpifrance, la banque publique d’investissement, accomplit un travail remarquable. Mais lorsque les start-up basculent dans une phase de levée de fonds, alors il n’y a pas l’écosystème suffisant. Le système s’essouffle également aux deuxième et troisième tours de table, et les entreprises doivent aller chercher de l’argent ailleurs. C’est une question culturelle, d’environnement fiscal, de prise de risques, d’absence de fonds de pension… Le système doit être repensé pour développer ce nouveau tissu économique.
L’État peut-il jouer un rôle ?
L’État est là pour créer les conditions favorables, pas pour faire. Je ne dis pas qu’il faut plus d’argent public, je pense qu’il y en a déjà beaucoup, mais qu’il faudrait l’utiliser différemment en incitant notamment à investir dans les entreprises. Le système des retraites est également à repenser pour que cet argent soit intelligemment utilisé afin de soutenir l’innovation et le tissu industriel. Il faut développer une culture de la prise de risques, pas chez les industriels qui sont prêts à en prendre, mais chez les financeurs. Et quand on parle de créer les conditions favorables pour les entrepreneurs, il faut être fier d’eux et ne pas avoir la réussite honteuse. Il faut au contraire un monde qui accueille la réussite et rende disponibles des fonds privés pour la soutenir de manière dynamique. Enfin, la question du code du travail est clairement posée. Ces entreprises ont besoin de souplesse, c’est évident.
Quel changement attendez-vous sur l’emploi ?
Quand on parle de droit du travail, je suis surprise que les chômeurs soient exclus des discussions. Nous négocions avec les personnes qui sont à l’intérieur du système, pas avec ceux qui demandent à y rentrer. Je pense qu’il y a des éléments à repenser pour que l’on puisse assouplir l’accès à l’emploi. Pour cela, il suffirait sans doute de mettre tout le monde autour de la table ! Sinon, le sujet est traité de manière biaisée. La loi El Khomri a fait un premier pas dans la bonne direction. Grâce à sa présence dans 70 pays, Engie bénéficie de points de comparaison entre les différentes régions du monde, et je considère que la France a des progrès à faire en matière de simplification du droit du travail. Ce débat, il faut l’avoir avec tout le monde, y compris avec ceux qui n’ont pas de travail. ??
Trois idées phares pour 2017
Adapter le droit du travail « Il faut faire en sorte que les discussions sur l’accès à l’emploi se fassent aussi avec ceux qui n’ont pas de travail. Cela permettra de mieux repenser et simplifier les règles du code du travail pour favoriser le retour à l’emploi. »
Repenser les financements de l’innovation « Il faut revoir la façon dont est financée l’innovation pour permettre au tissu de start-up de rester en France. Ce n’est pas une question de fonds publics, qui sont suffisants dans les premières étapes de développement. Il faut des capacités d’investissement pour les levées de fonds ultérieures. »
Investir dans les nouvelles technologies « La robotique et l’imprimerie 3D vont largement effacer les écarts de coûts du travail entre les régions du monde. La France a une carte à jouer dans ces domaines grâce à la french tech. »
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