Énergie Partagée et Enercoop : Cap sur le circuit court de l’électricité et du gaz !

entreprises

Un vent frais souffle sur la transition énergétique. Enercoop et Énergie Partagée en profitent pour poursuivre leur ambition commune d'une énergie renouvelable citoyenne et multiplier les collaborations autour de projets de production d'électricité...et de gaz.

Le 100% renouvelable est atteignable en France à deux conditions : si davantage de consommateurs optent pour une énergie 100% renouvelable, et si dans le même temps se développent de plus nombreuses capacités de production pour faire face à cette demande. C’est tout le sens de la complémentarité entre Énergie Partagée et Enercoop, qui poursuivent l’exploration du circuit court énergétique, dans le domaine de l’électricité… mais aussi, nouvellement, du gaz.

Un développement parallèle

En 2009, à l’époque où le fournisseur d’énergie renouvelable Enercoop et d’autres acteurs de terrain de la transition énergétique (le CLER, Hespul…) créent Énergie Partagée, l’ambition est d’associer les citoyen.ne.s à l’effort d’investissement dans les énergies renouvelables pour accélérer la transition énergétique en France.

Huit ans plus tard, les deux projets se sont développés en parallèle : Enercoop alimente désormais 42 000 clients en électricité issue de 130 producteurs, Énergie Partagée a financé 32 projets grâce à l’investissement de 4500 actionnaires. Les convergences et coopération entre ces deux mouvements sont multiples dans les valeurs comme sur le terrain. De nombreux consommateurs Enercoop placent leur épargne chez Énergie Partagée, et vice-versa.

La législation, elle, tarde à évoluer. La centralisation énergétique continue de dominer et freine cette nécessaire relocalisation des systèmes de production dans les territoires. En particulier, l’achat de l’électricité d’origine renouvelable restait jusque là le privilège d’EDF, seul habilité à collecter la contribution au service public de l’électricité (CSPE) et à pouvoir acheter l’énergie renouvelable au tarif subventionné. Résultat :  les projets financés par Énergie Partagée (et les projets citoyens au sens large) doivent consentir à vendre leur énergie, souvent à contre-cœur, à EDF.

Des projets pilotes pour ouvrir les possibles

Malgré ces barrières législatives, Enercoop et Énergie Partagée gardent l’ambition d’une appropriation de l’énergie par les citoyen.ne.s et les territoires. C’est le circuit court de l’énergie : une production citoyenne d’énergie alimente des consommateurs qui font le choix du 100% renouvelable. Des projets pilotes ont ainsi vu le jour ces dernières années, financés par l’investissement citoyen et ont permis de produire de l’énergie ensuite achetée par Enercoop.

Brise soleil de l'école de Gaubert
Brise soleil de l’école de Gaubert

C’est notamment le cas de la toiture solaire de l’école de Gaubert (5kW), premier projet d’énergie renouvelable citoyen du département des Alpes de Haute-Provence (04), mis en service fin 2013. Rassemblés au sein de la SCIC Energethic04, les acteurs locaux de l’énergie et les citoyens ont joué un rôle déterminant, en étant à la fois initiateurs, porteurs et financeurs du projet. Le choix a été fait dès le départ de vendre l’électricité à Enercoop.

Autres exemples plus récents : l’achat par Enercoop de l’électricité produite par une des 3 éoliennes du parc des Ailes des Crêtes, dans les Ardennes, ou encore le parc solaire au sol de 1000 modules photovoltaïques en cours de développement sur le terrain d’une ancienne décharge à Aubais, qui vendra aussi l’énergie produite à Enercoop.

Pour acheter l’énergie générée par ces projets, Enercoop a dû adapter ses conditions d’achat , allant parfois à l’encontre de son équilibre économique pour pouvoir leur offrir des conditions semblables à celles pratiquées par EDF. Il s’agissait avant tout de démontrer que ces installations locales maîtrisées par les citoyens de bout en bout sont possibles, et qu’il appartient au législateur d’abaisser les freins pour laisser ce mouvement d’appropriation se développer.

 

Une autre forme de collaboration a été expérimentée pour la centrale photovoltaïque installée sur le toit de la plateforme logistique Biocoop à Melesse (35).

L’idée était de profiter de l’agrandissement des bâtiments pour envisager l’installation d’une toiture solaire capablede couvrir en partie les besoins en énergie de la plateforme. Ainsi, pour assurer à Biocoop une visibilité stable sur la production et les coûts liés à cette installation, et pour associer à cette aventure des citoyens investisseurs, Enercoop et Energie Partagée ont proposé une formule d’autoconsommation inédite.

La société « Soleil du Grand Ouest » a été montée pour abriter les partenaires et citoyens impliqués. Cette société, qui a géré l’installation des panneaux et reste propriétaire de la centrale, vend l’énergie produite à Enercoop. Enfin, Enercoop vend l’électricité en circuit ultra court à Biocoop pour les besoins de sa plateforme à un tarif fixe pour les 20 prochaines années. Ce modèle d’autoconsommation permet une utilisation directe de l’électricité produite, sans passer par le réseau électrique, et donc d’économiser les coûts liés à l’utilisation de ce réseau.

2017-2019 : L’ère de la convergence

Depuis septembre 2016, une évolution législative permise par la loi sur la Transition Énergétique pour une croissance verte (LTECV) autorise un producteur d’énergie renouvelable à vendre son électricité au tarif d’achat subventionné à tout opérateur agréé, dont Enercoop. En clair, Enercoop peut théoriquement collecter la CSPE et acheter au tarif subventionné l’électricité produite par des projets qui lui en feraient la demande.

En pratique, cette évolution majeure, qui met fin au monopole d’ EDF sur le système énergétique français, prendra plusieurs années à se traduire dans les faits puisque les filières EnR et leurs financeurs doivent encore se familiariser avec le mécanisme de cession. Dans le même temps, la coopérative Enercoop se structurera pour faire face à un probable afflux de demandes d’achat.

 

Symboles de cette étape décisive, les installations photovoltaïques sur les bâtiments Pic Bois (à Brénier Cordon, Ain) et sur les toits de la Biocoop du Mantois (à Epône, Yvelines), réalisées en 2010 et financées par Energie Partagée, ont été les premières à basculer, dès le 1er janvier 2017, du régime d’obligation d’achat d’EDF vers l’obligation d’achat gérée par Enercoop.

Un travail est actuellement mené pour organiser en priorité l’orientation des projets citoyens accompagnés par Energie Partagée vers une vente à Enercoop.

Et pourquoi pas le gaz ?

Dans la perspective d’ouverture d’une offre de fourniture en gaz renouvelable fin 2018, Enercoop se rapproche de projets de production indépendants.

Le premier partenariat concerne l’unité de méthanisation « Methalayou » en cours de réalisation à Préchacq-Navarrenx (Pyrénées Atlantiques).

Méthalayou est un projet collectif de méthanisation, porté par des agriculteurs et financé par Énergie Partagée (la campagne de collecte est en cours). L’unité traitera les fumiers et lisiers d’une quinzaine d’agriculteurs ainsi que des déchets locaux (déchets verts, restes de repas, déchets de fabrication de transformateurs agro-alimentaires…).

L’installation Methalayou, dont la mise en service est prévue au printemps 2018, deviendra le premier producteur gaz d’Enercoop et permettra d’alimenter environ 800 clients. D’autres contrats d’approvisionnement devront être conclus avec de nouveaux producteurs, qui portent des projets encore en cours de développement, pour permettre au plus grand nombre de souscrire à l’offre gaz d’Enercoop.