Le Secrétaire Général du gouvernement tacle sévèrement le SMTI

Dans un communiqué diffusé à la presse, le chef de l’administration de la Nouvelle-Calédonie tacle sans coup férir les dirigeants du SMTI et leurs déclarations « fantaisistes » et « fausses ». Rappelant la mauvaise gestion de l’établissement public mis en lumière dans un récent audit financier, le SG du gouvernement sonne la fin de la récréation. Double Combo contre Tyuienon.

Il en faut beaucoup pour faire sortir de sa réserve le secrétaire général du gouvernement. Homme de l’ombre, Alain Marc fait en effet partie de ces haut-fonctionnaires affectés à des postes de responsabilité et qui doivent « faire avec » les différentes querelles politiques au sein des institutions en privilégiant le bon fonctionnement de l’administration du territoire… Mais, nommé sous le gouvernement précédent, le secrétaire général du gouvernement n’a semble-t-il pas du tout apprécié que les dirigeants du SMTI, et particulièrement le président de son conseil d’administration Gilbert Tyuienon, envoie récemment un courrier à tous les fournisseurs et prestataires de service de l’établissement public pour leur dire qu’il cessait les paiements de toutes leurs factures en raison de la constitution prochaine d’un nouvel exécutif. En effet, le SMTI étant complètement ruiné et ses comptes ayant été falsifiés, Gilbert Tyuienon, son chef de cabinet Jean-Raymond Postic et son directeur Richard Mardjoeki sont désormais dans l’impossibilité d’honorer leurs différents engagements et de payer les prestataires du réseau de bus du RAÏ. Ils ont donc choisi de mentir pour conserver la face. Mais pour Alain Marc, les propos du SMTI selon lesquels cet état de fait serait dû au gouvernement est simplement « fantaisiste » :

« Ce motif de suspension du mandatement des factures est totalement fantaisistes et impose un rectificatif. Le changement de gouvernement est sans aucune incidence sur le fonctionnement des établissements publics et des syndicats mixtes qui disposent d’un budget propre. Ils peuvent, sans aucune difficulté juridique et comptable, poursuivre leurs activités (Communiqué du secrétariat général du Gouvernement, 20/07/17) »

Mais le problème, c’est que suite à un audit financier de l’organisme, il a été démontré que les comptes du SMTI sont « insincères » et surtout qu’il est à la recherche de fonds pour d’une part faire face à l’augmentation de ses dépenses de fonctionnement et d’autre part rembourser ses prestataires (400 millions de dettes) mais aussi ses emprunts bancaires (environ 1.2 milliards de francs). Gilbert Tyuienon a donc tout d’abord cherché à faire augmenter le prix de l’essence et du gazole afin de récupérer de l’argent via les taxes sur les produits pétroliers et ainsi faire payer les automobilistes, mais devant le refus des élus du congrès il a ensuite mis en cause les collectivités calédoniennes actionnaires, c’est-à-dire les provinces Nord et Sud et le gouvernement qui selon lui aurait refusé d’aider finacièrement l’établissement :

« Dans un communiqué en date du 3 juin dernier, la direction du SMTI met en cause la Nouvelle-Calédonie et les provinces Nord et Sud en affirmant : « les collectivités actionnaires n’ont pas souhaité verser leur contribution en 2014/2015, ce qui explique les difficultés de trésorerie et les retards de paiement que le SMTI a connu ces derniers mois ». Cette affirmation est totalement fausse. Les collectivités n’ont jamais été sollicitées pour les exercices 2014 et 2015, les ressources du SMTI étant assurées par une fiscalité dédiée (Communiqué du secrétariat général du Gouvernement, 20/07/17) »

Précisant que Gilbert Tyuienon avait affirmé au congrès qu’une modification de la taxe sera suffisante pour financer toutes les activités de transport sans rallonge budgétaire, le secrétaire général ajoute : « la responsabilité des collectivités, membres du SMTI, ne peut être invoquée dans les difficultés de trésorerie ou retards de paiement. Les difficultés financières du SMTI sont la conséquence directe de la mauvaise gestion de l’établissement »

Le Secrétaire Général rend public des éléments de l’affaire

Contrairement aux propos de ces dernières semaines prononcés par Gilbert Tyuienon et complaisamment relayés par NC1ère et les Nouvelles Calédoniennes, Alain Marc confirme cette fois-ci officiellement que le Haut-commissaire de la République a bien dénoncé la gestion du SMTI à la justice. Au titre du contrôle de la légalité, Thierry Lataste avait en effet il y a plusieurs semaines informé le procureur de la République des agissements des dirigeants du SMTI :

« Le Haut-commissaire a, par courrier en date du 18 juin, dénoncé « les pratiques déviantes observées » et les irrégularités de gestion qui ont conduit à la situation dans laquelle se trouve le SMTI. Ces mauvaises pratiques ont été mises en lumière par l’audit indépendant réalisé à la demande des collectivités actionnaires »

Se faisant, le secrétaire général du gouvernement conteste Gilbert Tyuienon qui répète interview après interview avoir lui-même demandé cet audit : alors que celui-ci lui a d’une part été imposé et que, d’autre part, il a tenté de le garder secret ! Plus grave, Alain Marc dresse la liste des « irrégularités constatées » et qui valent aujourd’hui à Gilbert Tyuienon et à Jean-Raymond Postic une enquête du parquet et de la chambre territoriale des comptes :

« Ce diagnostic fait état :
– D’importantes dérives des dépenses de personnel et d’entretien hors cadre légal ;
– D’ouverture de lignes non statutaires, sans cohérence et sans approche économique,
– De l’illégalité de la décision permettant aux sous-traitants de se rémunérer directement sur les recettes encaissées,
– De l’insécurité du budget 2016 ne couvrant que trois trimestres de dépenses ;
– D’un écart comptable entre les recettes générées et celles comptabilisées.
(Communiqué du secrétariat général du Gouvernement, 20/07/17) »

Autrement dit : il s’agit là de l’ensemble des faits révélés par Calédosphère dans des précédents articles auxquels il faut rajouter l’ouverture de lignes de bus « non-statutaires ». Ces lignes de bus, structurellement déficitaires, ayant été mises en place arbitrairement par Gilbert Tyuienon semble-t-il pour des raisons politiques. L’élu de l’Union Calédonienne espérant ainsi peut-être gagner des soutiens de la part de membres de l’UC sur la Grande Terre ou à Lifou. Enfin, Alain Marc rappelle que la « rallonge exceptionnelle de 530 millions de francs » demandée par le SMTI ne pourrait être honorée que si Gilbert Tyuienon accepte d’adopter une résolution « listant les actions à engager pour redresser la situation financière et mettre fin aux pratiques déviantes ».

Or, parmi ces actions, figurent le licenciement des cadres actuels nommés par le membre du gouvernement et la fin de toutes les pratiques jugées illégales. Or, Gilbert Tyuienon, Jean-Raymond Postic et Richard Mardjoeki refusent justement de mettre fin à ce qui s’apparente en tout point à un « système Tyuienon » vraisemblablement imaginé et mis en œuvre pour « nourrir » financièrement des amis proches et surtout aider le maire de Canala à prendre un jour le contrôle de l’Union Calédonienne, principal parti indépendantiste de Nouvelle-Calédonie. Des manipulations qui sont depuis lors arrivées aux oreilles de Daniel Goa (le président de l’UC) mais aussi de Roch Wamytan, président du groupe UC au congrès. Raison pour laquelle les deux leaders indépendantistes ont choisi de ne pas le soutenir en interne d’autant plus qu’ils sont maintenant la cible d’attaques répétées de la part de collaborateurs de Gilbert Tyuienon qui leur reprochent, entre autre, leur trop grande proximité avec le Palika de Paul Néaoutyine à l’approche du référendum de 2018. Mais maintenant que ces manipulations se sont faites jour, reste à savoir combien de temps Gilbert Tyuienon pourra continuer à mentir effrontément…