La Fed devrait à nouveau relever ses taux d'intérêt

Malgré les réticences de Donald Trump, la Réserve fédérale américaine (Fed) devrait encore relever ses taux cette année et probablement l'an prochain. La Fed s’inquiète toutefois des effets négatifs de la guerre commerciale sur l’économie outre-Atlantique.
Estelle Nguyen
(Crédits : Chris Wattie)

La hausse des taux semblent se confirmer. Parues dans la soirée du mercredi 22 août, les « minutes », compte-rendu de la réunion du comité de politique monétaire de la Fed des 31 juillet et 1er août, ont révélé que l'institution n'avait pas changé d'avis concernant le relèvement de ses taux pour le mois de septembre. Cette décision vient confirmer que le cycle de relèvement progressif des taux de la Fed (débuté en décembre 2015), qui souhaite éviter que la croissance économique des Etats-Unis ne devienne excessive, dure plus longtemps que prévu.

« Bon nombre de participants ont laissé entendre que si les données macro-économiques à venir continuaient à aller dans le sens des perspectives favorables, il serait vraisemblablement approprié de prendre de nouveau pas vers une politique moins accommodante », peut-on lire dans les « minutes » de la Fed.

Après avoir relevé ses taux à une reprise aussi bien en 2015 qu'en 2016, la Fed a procédé par la suite à trois relèvements en 2017. Elle en comptabilise déjà deux cette année, alors que Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine, est arrivé à son poste en février, succédant à Janet Yellen.

Les marchés sont restés toutefois insensibles à la publication des minutes, les observateurs s'intéressant davantage aux risques qui fait peser la guerre commerciale sino-américaine. Mercredi 22 août à la clôture, les indices américains ont terminé en ordre dispersé, avec un Dow Jones en repli de 0,34% à 25.733 points et un Nasdaq en hausse de 0,38% à 7.889 points.

Trump, pas emballé

Le chef d'Etat américain s'est dit être en désaccord avec la décision du président de la Réserve fédérale. Dans un entretien accordé à Reuters, le président Donald Trump, qui a nommé Jerome Powell pour remplacer Janet Yellen en février dernier, a en effet affirmé qu'il n'était pas convaincu par sa politique de hausse des taux d'intérêt.

« Je ne suis pas emballé par le relèvement des taux d'intérêt, non, je ne suis pas emballé [...] La Fed devrait m'aider », a-t-il dit dans un entretien à Reuters en début de semaine.

Alors que les présidents américains ne se sont guère risqué à critiquer la Fed au cours des dernières décennies, Donald Trump, lui, s'était déjà montré très critique au sujet du relèvement progressif des taux le mois dernier, affirmant que la Réserve fédérale américaine retirait « l'avantage concurrentiel important » dont bénéficient les Etats-Unis et qu'elle pourrait ainsi affecter l'économie américaine.

Deux, trois ou quatre hausses supplémentaires ?

Face aux critiques du président Trump, la Fed se défend. Selon Esther George, présidente de la Fed de Kansas City, certains risques entourant les perspectives de croissance étaient orientés à la hausse suite à des mesures fiscales de soutien à l'économie, ce qui pourrait obliger l'institution à aller plus vite que prévu, alors que des risques baissiers pourraient l'inciter à s'arrêter avant d'avoir un taux neutre à 3%.

« D'après ce que je constate aujourd'hui, je pense que deux hausses de taux supplémentaires pourraient être appropriées », a estimé Esther George, dans un entretien à Bloomberg TV enregistré ce mercredi 23 août, avant la conférence annuelle des banquiers centraux à Jackson Hole, dans l'Etat du Wyoming.

D'après le président de l'antenne de Dallas, Robert Kaplan, qui estime également qu'une économie américaine au plein emploi doit pousser la banque centrale à poursuivre le relèvement graduel des taux d'intérêt, affirme de son côté que le taux neutre se situe entre 2,5% et 2,75%.

« Il faudrait environ trois à quatre hausses de taux supplémentaires d'un quart de point de pourcentage chacune pour atteindre la fourchette de ce taux neutre estimé », écrit-il dans une étude publiée ce mardi 21 août.

Le président de la Fed de Dallas prévoit aussi une croissance de l'économie américaine de 3% pour 2018, suivie d'un ralentissement en 2019, les effets des baisses d'impôts s'estompant. Mais selon la Fed, si les tensions commerciales persistent, l'incertitude pourrait freiner l'investissement des entreprises, ce qui ralentirait la croissance.

Estelle Nguyen
Commentaires 3
à écrit le 24/08/2018 à 6:41
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Ceux qui ont "emprunte" en $, apprecieront. Et ce n'est pas fini. Trump pas content.

à écrit le 23/08/2018 à 21:40
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Et en Europe le pompier pyromane italien de la BCE s'obstine à arroser pour bien faire gonfler les bulles ... et se retrouver à sec de marge sur les taux quand la crise surviendra Vivement que les allemands reprennent la main

le 24/08/2018 à 10:24
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Les contextes aux USA et dans la zone euro ne sont pas les mêmes. Je pense d'ailleurs qu'en ce qui concerne les bulles, c'est du côté des USA qu'il faut regarder.

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