Impossible d’y échapper : votre quotidien est parsemé de signes qui vous poussent à prendre des décisions irrationnelles (parfois) ou à croire à votre destin (souvent). Mais comment savoir si ces dits signes sont des concours de circonstances ou des sortes de déjà-vus que notre subconscient projette dans la réalité ? Et surtout, y'a-t-il un risque à faire confiance au hasard ?

Coïncidences et synchronicité : la loi des séries

Les coïncidences de la vie ont longtemps fait couler de l’encre. Ce n’est qu’en 1900 que les premières théories sur cette question ont été publiées. “Dans la première partie du siècle (1900-1950), toutes les coïncidences sont observées et analysées en tant que phénomènes purement extérieurs notamment suite aux travaux de Paul Kammerer concernant la loi des séries (1919)”, explique Elisabeth Horowitz en introduction de son livre “Quelle Coïncidence !”*. “Ces signes du destin” ont ensuite servi à Carl Gustav Jung pour exposer sa théorie sur la synchronicité. Par définition, “la synchronicité est l'occurrence simultanée d'au moins deux événements qui ne présentent pas de lien de causalité, mais dont l'association prend un sens pour la personne qui les perçoit”. Autrement dit, ces signes pourraient être la projection et la matérialisation de contenus de la psyché (reflétés par l’environnement).

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Cette théorie de la synchronicité jungienne trouve écho dans plusieurs psychothérapies modernes qui oeuvrent dans le domaine du développement personnel. Si C.G. Jung n’a jamais établi de liens entre sa théorie et des considérations thérapeutiques, il a tout de même soulevé l’impact de la projection mentale, favorisée par l'intuition et par les rêves. Dans le même esprit, la répétition de synchronicités à des dates “anniversaires” peut en réalité être un “indice d’événements traumatiques ayant eu lieu aux générations précédentes”. Les psychanalystes Nicolas Abraham et son épouse Mária Török, ont par exemple développé les notions de "crypte" et de "fantôme" dans les inconscients familiaux pour décrire ces phénomènes liés à la psychogénéalogie. 

Signes et coïncidences : une question de probabilités ?

Si ces “signes” du destin sont en partie une projection mentale de réflexions conscientes ou de désir ou traumatisme complètement inconscient, ils s’expliquent également par la science des mathématiques et plus particulièrement des probabilités. Petite réminiscence -pas agréable pour tout le monde - des cours de terminale. En effet, si certaines “coïncidences” nous paraissent totalement improbables, elles sont au contraire mathématiquement “possibles”. Par exemple, deux personnes prises au hasard ont 99,7% de probabilités de ne pas être nées le même jour. On obtient ce résultat en multipliant 365/365 par 364/365. Ces mêmes personnes ont donc 0,3% d’être nées le même jour. Et si le nombre de personnes grandit, le rapport évolue à un rythme exponentiel : dans un groupe de cinq personnes, la probabilité des anniversaires passe à 2,7%. 15 personnes : 25,3% de chances. Lorsque le groupe rassemble une quarantaine de personnes, les probabilités avoisinent les 90%**.

Faire confiance à la sérendipité

Si ces coïncidences sont des projections mentales que l’on peut expliquer par les probabilités mathématiques, elles peuvent également devenir des armes pour comprendre son subconscient et apprendre à maîtriser son destin. Ou essayer du moins. A l'instar des dictionnaires qui décryptent les rêves, il existe des sites spécialisés qui égrènent des conseils pour apprendre à voir, comprendre et analyser ces signes du quotidien. 

  • Savoir observer

C’est assez évident mais avant de tenter de décrypter ces “coïncidences de la vie”, il faut d’abord les voir. Ici pas de recette miracle, il faut simplement s'obliger à se poser chaque soir pour retracer les événements, puis trouver les liens entre eux.

  • Ecouter son intuition

Si l’intuition est parfois mise en doute, elle reste une application consciente de notre subconscient.

  • Cerner ses besoins

Ces signes du destin peuvent également être des projections mentales de nos besoins subconscients. Une théorie exposée au XVIIe siècle par l’écrivain Horace Walpole dans son ouvrage “les Trois Princes de Serendip” qui illustrait alors ces phénomènes synchronistiques. “En résumé, les princes rencontrent toujours ce dont ils ont envie ou besoin et, à chaque fois, comme par la « chance d’un hasard heureux ».” 

Ce principe de sérendipité va plus loin que celui de la synchronicité car il demande de savoir cerner ses besoins essentiels. En conclusion, on peut dire que les pures coïncidences n’existent pas : elles sont soient des projections mentales de désirs subconscients ou de blessures cachées ou bien, des hasards qui ne sont pas totalement improbables mathématiquement. Moins fun, mais bon. 

 Reste que, faire attention à ces petits signes, c'est une manière de se prendre en main... C'est ton destin.


*”Quelle Coïncidence! Hasards, surprises et synchronicités : suivez les signes de votre vie” , Elisabeth Horowitz, Ed. Chemins de l’harmonie 

**N'ayant jamais vraiment compris le chapitre des probabilités et surtout, m'étant délestée de ma calculatrice scientifique depuis plus de dix ans, nous avons ici citer un article d'Atlantico.fr dédié à ce sujet. 

Mais aussi :

  • "Le pouvoir des coïncidences", de David Richo, Ed. Payot-Rivage 
    “Le génie des coïncidences “ de John Ironmonger, Ed. 10/18 (ROMAN)