Le pot de Noël en entreprise est-il devenu ringard ?

Règles contraignantes, salariés pas forcément motivés… La tradition des pots de Noël semble en perte de vitesse dans le monde du travail. Mais tout esprit festif a-t-il pour autant disparu en entreprise ?

Le pot de Noël en entreprise est-il devenu ringard ?
(Photo AFP)

Les traditionnelles célébrations de Noël en entreprise seraient-elles en voie de disparition ? Une récente enquête, effectuée auprès de plus de 2 000 entreprises par BuzzPress France pour le compte de l’opérateur de bureaux Deskeo, apporte un premier élément de réponse. 41 % des entreprises interrogées déclarent qu’elles n’ont tout simplement rien prévu cette année. Parmi celles qui se préparent quand même à la fête, les actions programmées sont plutôt simples : décoration des bureaux (82 %), soirée d’équipe (65 %) ou déjeuner d’équipe (43 %). Pas étonnant quand il ressort de cette même enquête d’opinion que 64 % des salariés disent ne pas du tout apprécier fêter Noël au sein de leur entreprise.

Interdiction de sécher le pot !

Pourquoi un tel désamour ? Une des réponses est à chercher du côté des contraintes de plus en plus fortes pesant sur ces événements. Il n’est en effet pas si simple d’instaurer un climat décontracté en respectant scrupuleusement le droit du travail. Ainsi, même s’il sait que certains de ses employés risquent de casser l’ambiance, le patron a l’obligation d’inviter tout le monde, sous peine de risquer d’être accusé de discrimination. Côté salarié, la marge de manœuvre est également réduite. Pas question de sécher un pot de Noël organisé pendant le temps de travail dans les locaux de l’entreprise. Un tel événement n’est pas considéré comme un temps de repos et n’autorise pas à rentrer chez soi. Seule liberté ? Ne pas boire et ne pas manger ! Dans un open space, personne ne pourra en effet reprocher à un salarié de rester vissé à son fauteuil pendant que tout le monde festoie. Du moins légalement…

L’employeur reste malgré tout responsable de la sécurité de ses salariés

Autre problème épineux : la consommation d’alcool. « La survenance d’un accident sur le lieu de travail en lien avec l’état d’ébriété expose l’employeur à la qualification d’accident du travail », avertit Marine Sonnerat, juriste aux éditions Tissot. « De même, si au retour de cette réunion festive, un salarié alcoolisé est victime d’un accident de la route, la qualification d’accident de trajet pourra également être recherchée ». Et si le pot est organisé en dehors des heures de travail ? « L’employeur reste malgré tout responsable de la sécurité de ses salariés, à partir du moment où c’est lui qui organise l’événement », tranche la juriste. Son conseil numéro un : restreindre la quantité de bouteilles disponibles et s’en tenir aux boissons alcoolisées dont la consommation en entreprise est autorisée par le Code du Travail : le vin, le cidre, la bière et, s’il reste encore des amateurs, le poiré.

Les formes de célébration changent

Côté salarié, un écart de conduite peut également se payer cher. Car les règles ne changent pas au motif que tout le monde revêt un pull de Noël et badine un verre à la main. L’ivresse sur lieu de travail est prohibée et peut constituer un motif de licenciement. Gare également à la drague abusive. Un salarié reconnu coupable de harcèlement sexuel s’exposerait à un licenciement pour faute grave. Aux États-Unis, les entreprises ont d’ailleurs mis le holà aux pots trop alcoolisés suite à l’affaire Weinstein, afin de se prémunir de tout risque de scandale.

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Afin de retrouver un peu de liberté, il reste la solution de délocaliser le pot dans le bar ou le restaurant voisin. Une tendance déjà ancienne. Sauf que cette année, le mouvement de contestation de la réforme des retraites est peut-être en train de compliquer les choses et d’enfoncer un nouveau coin dans cette tradition en perte de vitesse. Selon Le Figaro, les restaurateurs parisiens se désespèrent face au nombre de repas de Noël annulés à la dernière minute en raison des problèmes de transports.

Tout esprit festif a-t-il pour autant disparu en entreprise ? Non, rassure la sociologue du travail Danièle Linhart. Noël reste « un moment de convivialité où l’on met en valeur les salariés », expliquait-elle l’an dernier aux Echos. Selon elle, ce sont plutôt les formes des célébrations qui sont en train de muter. Escape games ou concours de pull moches ont ainsi le vent en poupe dans les entreprises cultivant l’esprit start-up. Une chose à ne pas oublier cependant. Pour que l’événement soit réussi, il faut qu’il soit raccord avec la culture d’entreprise et le climat social qui y règne. Dans une société qui va mal, ce n’est pas une petite fête de fin d’année qui rendra le sourire aux salariés inquiets. Elle pourrait même avoir l’effet complètement inverse…

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