CULTURE Emma Lavigne, nouvelle directrice de Pompidou Metz : « On est dans l’urgence »

Si elle a choisi de prendre la direction de Pompidou Metz, c’est parce qu’elle y voit un « outil extraordinaire ». Face à l’imbroglio financier, Emma Lavigne « tend la main » à M. Weiten.
Propos recueillis par Gaël CALVEZ. - 20 déc. 2014 à 05:00 | mis à jour le 15 janv. 2015 à 09:11 - Temps de lecture :
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Emma Lavigne, hier dans l’exposition Formes simples ,  visible jusqu’au 5 janvier 2015.  Photo Karim SIARI
Emma Lavigne, hier dans l’exposition Formes simples , visible jusqu’au 5 janvier 2015. Photo Karim SIARI

V ous êtes arrivée le 1er décembre à Pompidou Metz. Comment vivez-vous les difficultés financières ?

Emma LAVIGNE : « Quand je me suis projetée dans ce poste, je n’ai pas pensé aux difficultés financières mais à l’outil fantastique que représentait Pompidou Metz ! J’avais le désir de m’ancrer dans un territoire et de dialoguer avec d’autres institutions. J’avais aussi le sentiment d’être au cœur de l’Europe et l’idée de faire rayonner davantage le Centre en Allemagne et au Luxembourg me plaisait. Je savais que le contexte budgétaire était tendu sans en avoir le détail. L’annonce précisait que le budget était de 12,5 M€. Je pensais que c’était acquis. »

Si le budget tombait à 10,4 M€ comme c’est envisagé, pourriez-vous réaliser votre projet ?

« Je ne pourrais pas le faire ! En 2014, il y a eu huit projets. En 2015, nous pourrons conserver deux expositions, la rétrospective Tania Mouraud et l’exposition Leiris. Il y a, en revanche, une troisième exposition, Aura , autour de la notion de télépathie, qu’on ne pourra pas faire. Or, tout cela a une incidence catastrophique. Il y a des prêts qu’on négocie pendant deux ans ! Si on veut avoir une légitimité sur la scène internationale, il faut pouvoir avancer. On est dans l’urgence ! Il faut qu’on ait un message clair. Et puis je ne comprends pas pourquoi on se flagelle alors qu’on a une excellente fréquentation : 335 000 visiteurs l’an dernier ! C’est mieux que le Fondation Beyeler à Bâle ! C’est la population de Metz Métropole ! »

Qui doit (ré) agir ? La Région ? Le Département ?

« La Région met déjà 3 M€. J’espère pouvoir rencontrer M. Weiten. Ce serait important de pouvoir compter sur le conseil général de la Moselle. Il verse une contribution de 86 000 euros mais ce qui serait intéressant, c’est qu’il ait un rôle. J’essaie de comprendre pourquoi il y a cette situation de blocage, de savoir si nous sommes en inadéquation avec les attentes des élus. J’ai rencontré MM. Bohl, Gros, Masseret. »

Et M.Weiten ?

« J’ai rendez-vous avec lui à la mi-janvier. Prenez l’opération Cabanes. C’est un beau sujet d’inspiration, quelque chose qu’on aurait pu considérer. Ce qui m’intéresse dans l’art, c’est sa dimension collective. Je tends la main à M. Weiten mais je ne peux pas forcer les gens à aller dans cette aventure. »

Les ambitions de ce musée sont-elles en rapport avec ses ressources ?

« A côté des subventions des collectivités locales, nous avons développé nos recettes propres. On a un bon soutien du mécénat, d’environ 1 M€. Le mécénat De Wendel doit être renouvelé et je suis en contact avec l’étranger. Dans l’exposition Leiris, il y aura deux œuvres de Miro qui viennent du MoMA de New York. Cela coûte 90 000 € à faire venir mais c’est ainsi si l’on veut des chefs d ’ œuvre d’art moderne. »

L’idée n’était-elle pas de puiser dans les collections de Pompidou Paris ?

« La collection de Pompidou-Paris, c’est notre socle, notre ADN. On y puise de façon prioritaire mais non exclusive. Une exposition est un récit où une œuvre vous amène à une autre. Ce sont des choix. Pompidou Metz n’est pas une succursale mais un lieu d’invention. »