Le produit flippant d’Amazon : « Echo est devenu un membre de la famille »
Je m’abonne pour 1€/semaineEcho, le cylindre connecté d’Amazon, répond à vos questions, fait des blagues et vous réveille le matin. Jusque-là, rien de neuf. Sauf qu’Echo obéit à la voix et vous entend partout dans votre maison, tout le temps.
A votre avis, cette vidéo de présentation du dernier produit d’Amazon est-elle un fake ?
Si elle n’était pas si bien réalisée, on pourrait le croire, tant on bascule vite dans le cauchemar. Si c’était un film d’horreur, Echo finirait par bouffer toute la famille.
Echo, d’Amazon, est un cylindre noir qui obéit à la voix et parle. Connecté à Internet, il répond aux questions, donne la météo et l’heure, peut jouer de la musique ou lire les informations. Il est formidablement utile à cette famille qui, visiblement, n’a ni smartphone, ni livre, ni télévision, ni radio, ni ordinateur et vit donc l’ignorance la plus totale.
C’est le « Computer » du capitaine Kirk, dans « Star Trek », qui arrive chez vous.
En 3 minutes, la pub d’Amazon montre comment « Echo est devenu un membre de la famille », selon la conclusion de la petite fille.
De fait, tout le monde parle vite à Echo comme à un humain. Quand Echo dit combien une cuillère à soupe contient de cuillères à café, la mère répond « Ah, OK ». Echo connaît aussi des blagues, participe à la vie de couple le matin sur la table de nuit et aide le fiston à faire ses devoirs.
Le réflexe Echo
Amazon aurait pu décider que l’on s’adresse à son tube en disant : « Echo, dis-moi quelle heure il est. » Après tout, c’est le nom du produit. Mais Amazon a préféré choisir Alexa, un vrai prénom (et une filiale d’Amazon). C’est modifiable.
Si votre chien Titiche est mort, donnez son nom à Echo et vous le ferez revivre un peu :
« Titiche, qu’est-ce qu’une talalgie ? » « Titiche, ajoute un Vidal à ma liste de courses. »
Plus besoin de savoir quel jour on est ou en quelle année a eu lieu la bataille de Marignan, il suffit de demander. Le « réflexe Google“ ne détruit pas la mémoire, disent les chercheurs. Qu’en serait-il du ‘réflexe Echo’ ?
Amazon n’a pas inventé grand-chose. Apple et Google ont déjà intégré un système similaire sur leurs téléphones portables, avec ‘Siri’ et ‘OK, Google’. Et Echo rappelle les lapins connectés vendus il y a dix ans par une société française, les Nabaztag, dont l’arrêt de la production vient justement d’être annoncé. Le succès commercial n’avait pas été à la hauteur du succès critique pour ce pionnier des objets intelligents.
Un assistant commercial ?
Echo sera disponible dans les prochaines semaines aux Etats-Unis, pour un prix modeste : 100 dollars pour les abonnés au service premium d’Amazon. Et ce n’est pas un hasard.
Amazon vend cet objet comme un nouveau compagnon de jeux pour les enfants et un assistant personnel. Mais le business d’Amazon, ce n’est pas de fournir des informations. C’est de vendre des choses et l’entreprise de Jeff Bezos a toujours voulu faciliter la tâche du client : la prise de commande et les livraisons sont toujours plus rapides.
Sur son téléphone Fire – un flop commercial –, il n’y avait rien de plus simple que commander un bouquin sur Amazon. Avec Echo, la fonction de commander un produit ne semble pas exister pour l’instant. Mais une mise à jour suffirait à l’ajouter. Et de dire...
‘Titiche, je veux acheter Les Forcenés’, de Philippe Bordas.”
... pour le recevoir le soir-même, livré par Amazon.
Un bonheur de consommateur. C’est la consécration de l’achat impulsif. Même plus besoin de cliquer pour acheter, il suffit de parler. Et Amazon est là, au pied du canapé, carte de crédit enregistrée et tous les produits du monde à portée de voix.
Des micros à la maison
Il n’y a pas que l’idée d’avoir un cylindre comme membre de la famille qui fait flipper, mais aussi celle que ce cylindre nous entend en permanence. Amazon sait déjà ce que nous consommons et pourra bientôt savoir ce que nous disons. Pratique pour suggérer des produits, sans parler des questions de vie privée.
Un lecteur de TechCrunch commente :
“La NSA, la CIA et le FBI souhaiteraient personnellement remercier Amazon pour l’installation de micros espions dans chaque maison.”
Un rien paranoïaque, certes, mais la NSA a déjà donné quelques raisons de l’être.
Le journaliste spécialisé Mike Elgan, de ComputerWorld, estime que malgré ces inquiétudes, tout le monde aura bientôt un tel objet chez lui :