L’argent coule à flots, mais son débit nécessite des contrôles. C’est, en substance, le message qu’a voulu adresser la Cour des comptes en publiant, mercredi 29 septembre, trois « audits flash » sur les mesures de soutien accordées par le ministère de la culture depuis le début de l’épidémie de Covid-19. Si les magistrats reconnaissent que ces mesures sont « nécessaires » au regard de l’ampleur de la crise sanitaire qui a mis à l’arrêt la quasi-totalité du secteur culturel, ils déplorent l’absence de « dispositifs d’évaluation ».
Selon la Cour, quelque 2 milliards d’euros ont été mobilisés par le ministère en 2020 et au premier semestre 2021 (hors budget général) pour sauver les entreprises des trois secteurs audités : 823 millions pour le spectacle vivant, 710 millions pour le patrimoine et 453 millions pour le cinéma et l’audiovisuel. Des sommes auxquelles se sont ajoutés l’« année blanche » accordée aux intermittents du spectacle, ainsi que les dispositifs d’indemnisation de l’Etat (chômage partiel, fonds de garantie, etc.). A elles seules, les entreprises du 7e art et de la télévision ont, par exemple, bénéficié de 1,2 milliard d’euros de mesures transversales.
« Le rôle du ministère a été essentiel durant la crise », applaudissent les magistrats de la Rue Cambon, en insistant sur la réactivité de l’administration dès le premier confinement. La situation était, il est vrai, intenable pour un secteur presque totalement mis à l’arrêt entre mars 2020 et mai 2021. Il ne s’agissait rien moins que d’« éviter les faillites dans une logique de ruissellement de l’Etat vers les opérateurs et les bénéficiaires », résume la Cour. Les magistrats ont calculé que la crise a fait perdre 254 millions d’euros en 2020 aux musées et monuments relevant de l’Etat, dont 79,3 millions rien que pour le Louvre. Dans le cinéma, le chiffre d’affaires des distributeurs a diminué de 70 %.
Mais si le ministère de la culture a, « dans une logique de guichet », maîtrisé l’incendie qui menaçait le secteur culturel, il « n’a pas prévu d’évaluation ex post de l’allocation de ces aides et de leur efficacité », regrette la Cour, sévère sur la façon dont tout cet argent a été distribué. Dans leur audit sur le patrimoine, les magistrats s’émeuvent ainsi que « les montants alloués et la répartition des crédits ont été davantage déterminés par des arbitrages politiques fondés sur l’expression des besoins que par une analyse macroéconomique et sectorielle préalable ».
« Une relative concentration des aides »
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