La «ville intelligente» à la sauce bordelaise

Bordeaux se positionne fortement sur la filière numérique et cherche à devenir une « smart city ».

Un vaste programme d’aménagement urbain doit permettre l’éclosion de nouvelles technologies avec l’aide des entreprises locales.

Temps de lecture: 4 min

Lorsque l’on pense à Bordeaux, on pense bien sûr avant tout au vin. Mais la métropole française se fait désormais connaître sur un tout autre terrain, celui des technologies numériques. La ville est en effet parvenue depuis quelques années à fédérer tout un écosystème d’entreprises actives dans la sphère digitale autour du concept de « smart city », à savoir l’utilisation des nouvelles technologies pour repenser la mobilité, l’énergie ou le commerce.

Pour mener à bien le développement de cette « ville intelligente », les autorités bordelaises ont besoin de toute une armada d’outils innovants en matière de numérique, de « Green Tech » ou de « Smart Grid » (c’est-à-dire l’utilisation du numérique dans la gestion du parc énergétique). Elles ont donc mis au point une grande stratégie pour favoriser l’éclosion de nouveaux talents.

Au centre du projet se trouve pourtant un chantier assez classique : la construction de la jonction TGV entre Bordeaux et Paris et d’un nouveau quartier d’affaires international. André Delpont est responsable du développement économique pour l’établissement public d’aménagement qui chapeaute le projet. Il explique : « Notre travail, c’est de valoriser économiquement la ligne TGV. La question à laquelle on doit répondre, c’est : comment fait-on du business avec ça ? » L’idée est d’utiliser le chantier comme incubateur pour toute une série d’entreprises. « On propose notre projet comme champ d’innovation, d’expérimentation et en même temps comme marché à conquérir. Et ce n’est pas un petit marché. »

Le projet prévoit également la construction d’une gigantesque Cité du numérique de 27.000 m² qui accueillera des start-up mais aussi des entreprises confirmées dès 2016. « Nous sommes des bétonneurs, mais nous créons aussi une communauté », conclut André Delpont. Le nouveau bâtiment se veut être à la fois un tremplin pour les acteurs locaux et une porte d’entrée pour les entreprises étrangères.

Bordeaux ne part pas de nulle part. Voilà déjà huit ans qu’elle a engagé une politique digitale. L’attitude proactive des institutions bordelaises en matière d’accompagnement des acteurs du numérique a attiré beaucoup de jeunes entrepreneurs. Laurent Bourgitteau-Guiard est de ceux-là. Snapp, sa société de création d’applications, a été fondée à Bordeaux il y a cinq ans. « On a été portés par la Ville qui nous a beaucoup aidés en matière de visibilité et de financement. D’ailleurs, c’est aussi pour cela qu’on est là. On a cette symbiose avec la Ville. » Snapp a développé l’application FidMe, qui permet d’avoir toutes ses cartes de fidélité sur son mobile. En moins de trois ans, la société est devenue leader en Europe et rassemble aujourd’hui plus de trois millions d’utilisateurs. De son côté, Marc Lafosse est à la fois élu de la Ville de Bordeaux et dirigeant d’une jeune société spécialisée dans les énergies marines renouvelables. Avec sa double casquette, il est un témoin privilégié de l’effervescence bordelaise autour des nouvelles technologies. « Le numérique à Bordeaux a un certain âge, notamment pour les jeux vidéo. Il y avait donc un terrain fertile. Mais c’est depuis à peu près cinq ans qu’il y a une vraie émergence de tout un tas de start-up. »

Marc Lafosse confirme l’ambition de la Ville de devenir une des cités les plus connectées d’Europe : « Si demain on devait discuter d’une nouvelle politique de mobilité, par exemple, cela passera forcément par une approche axée sur la “smart city”. » Une intention dont se réjouit Laurent Bourgitteau-Guiard : « Notre service va forcément commencer à discuter avec des objets connectés, dans une logique de “smart city”. Des technologies qui vont nous permettre de nous développer sont dès à présent testées à Bordeaux. »

Aucune ville européenne n’a encore trouvé la recette miracle pour créer la ville intelligente de demain. Bordeaux souhaite clairement se placer dans le peloton de tête du mouvement des « smart cities »… et attirer au passage les entreprises innovantes et les emplois qui vont avec.

 

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