Le système Citroën MultiCity Connect, dans le C4 Cactus.

Le système Citroën MultiCity Connect, dans le C4 Cactus.

RK

"Voiture connectée", "voiture communicante". L'industrie automobile n'a plus que ces mots à la bouche. A croire que pour faire encore rêver les consommateurs, à l'âge des contraintes environnementales et de la baisse du pouvoir d'achat, qui poussent les constructeurs à la sobriété, il ne reste plus que la technologie. La voiture autonome n'est pas pour demain pour monsieur et madame Toutlemonde. La connectivité ne fait d'ailleurs pas partie des critères d'achat principaux d'un véhicule. Mais deux tendances de fond font bouger les lignes.

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L'omniprésence du smartphone dans la vie de tous les jours, tout d'abord. La généralisation des écrans sur les tableaux de bord, ensuite. De toutes les formes et de toutes les tailles, ils envahissent les habitacles, même dans les gammes inférieures (la nouvelle C1, par exemple). Or aujourd'hui, on est habitué, quel que soit l'écran, à l'utiliser pour se connecter à internet. Tout naturellement, la question se pose de savoir comment on peut continuer sa vie numérique, si l'on peut dire, quand on est au volant de son véhicule. Plusieurs types de solutions répondent à ce besoin, mais il est bien difficile de s'y retrouver. Aperçu de la panoplie qui s'offre à vous.



Les solutions de "mirroring"

Le moyen le plus accessible et le plus économique pour utiliser des applications web en voiture, c'est d'utiliser son smartphone. Certaines solutions fonctionnent même si votre voiture ne dispose pas d'un écran embarqué. C'est le cas de R&Go de Renault. Cette application gratuite (téléchargeable sur iOS et Android) est compatible selon le constructeur avec une cinquantaine de smartphones représentant 80% du marché, et utilisable dans la nouvelle Twingo.

Le support pour R&Go est livré en série dès le deuxième niveau d'équipement ("Zen"), avec l'autoradio qui communique en Bluetooth avec le smartphone. L'application donne accès à un système de navigation (la carte est téléchargée dans le smartphone et fonctionne hors connexion 3G), à la musique contenue dans le téléphone, à une interface de messagerie et de téléphone adaptée à la conduite, à des services comme la localisation de stations d'essence, et même à un compte-tours (la Twingo n'en possède pas) via la radio reliée au calculateur de la voiture.

Pour les véhicules déjà dotés d'un système multimédia avec écran embarqué, il y a les solutions de type Mirror Link, qui permettent de faire tourner les applications du smartphone - branché en USB - en les déportant sur l'écran embarqué, et en les contrôlant depuis le tableau de bord. Pour des raisons de sécurité les fonctionnalités et l'interface des applications sont adaptées à un mode "roulage". Mirror Link est un standard d'interopérabilité développé par un consortium, dont font partie notamment BMW, Fiat, GM, Mercedes, Toyota, Volkswagen, Renault et PSA.

Malheureusement, cette technologie n'est pas disponible sur tous les modèles ni sur tous les smartphones. Chez Citroën par exemple, elle est pour l'instant proposée sur la C1 et la 108, pour les smartphones d'Apple (à partir du 4) et sous Android (S3 et Note 2, bientôt S4, Note 4 et HTC One). Sur iPhone, Siri n'est pas pris en charge mais 13 applications d'éditeurs tiers sont accessibles (dont Spotify, Facebook, Twitter, YouTube). Sous Android, la synthèse vocale est active et la duplication fonctionne sur les services Google, mais aucune appli tierce n'est disponible pour le moment. Bref, c'est un peu le loto selon le modèle de voiture et de téléphone.

CarPlay et AndroidAuto

Pour unifier les expériences et transposer les univers iOS et Android dans l'habitacle, Apple et Google développent des solutions qui reposent également sur la connectivité du smartphone, mais qui sont plus intégrées et proposent davantage de fonctionnalités : CarPlay et Android Auto. Les applications sont validées par Apple ou Google, et par le constructeur.

CarPlay, compatible avec les iPhone à partir du 5, sous iOS 7 ou 8, n'est pour l'instant disponible que dans les six derniers modèles d'autoradios multimédia Pioneer (via une mise à jour pour cinq d'entre eux, et pré-installé sur le modèle SPH-DA 120 à 429 euros), qui en fait la démonstration au Mondial de l'Auto. Le système offre une meilleure intégration avec le véhicule qu'avec Mirror Link : même si les applications dépendent du smartphone, elles fonctionnent avec le GPS et le micro de l'autoradio. Siri est opérationnel pour les appels, la messagerie, le guidage à partir de Plans, et la musique.

Les premiers véhicules compatibles avec Android Auto sont attendus fin 2014 ou début 2015.



PSA intégrera CarPlay fin 2015, et Renault a déjà signé avec Google. Mais les deux constructeurs devraient à terme proposer les deux solutions, pour s'adresser au public le plus large possible. Les détenteurs de Windows Phone, eux, sont pour l'instant oubliés sur le bord de la route.

Les systèmes intégrés des constructeurs

Pour une intégration maximum entre les applications et le véhicule, la solution la plus aboutie passe par les systèmes multimédias embarqués des constructeurs. Chez Renault, le système s'appelle R-Link. Chez PSA, c'est Peugeot Connect et Citroën Multicity Connect. Les constructeurs étrangers proposent aussi leur système (Toyota, Opel, BMW, Audi, Mercedes...). Ces systèmes s'apparentent à des tablettes tactiles propriétaires qui servent de console de contrôle pour certaines fonctions du véhicule, sur lesquelles sont pré-installées certaines applications, et qui permettent d'accéder à des boutiques d'applications pour en acheter d'autres sur catalogue. Ils sont payants, sur abonnement.


Chez Citroën, l'abonnement, qui comprend la clé 3G nécessaire pour se connecter à internet et l'application iCoyote d'informations routières (la plus populaire), coûte 379 euros la première année, puis 139 euros les années suivantes. 7% des clients qui achètent une voiture équipée du système souscrivent un abonnement, déclare à L'Expansion Brigitte Courtehoux, directrice véhicules et services connectés chez PSA, qui précise que le constructeur "ne marge pas" sur ce service. En effet, il verse aux éditeurs d'applications une redevance pour les référencer sur sa plateforme.


Chez Renault, pas besoin de clé 3G, la connectique est intégrée au véhicule. R-Link (dont la version 2, qui équipe le nouvel Espace, est en démonstration au Mondial de l'Automobile) propose un outil de navigation en 3D, et tout un catalogue d'applications. Les applis préinstallées sont gratuites pendant quelques mois, puis, pour pouvoir continuer à les exploiter, il faut s'abonner à un pack d'accès à internet et de service (54,90 ou 69,90 euros par an, abonnements spécifiques pour iCoyote et TomTom). Ces packs contiennent un ensemble d'applications et il est possible de compléter en en achetant d'autres à l'unité.

Ces systèmes ne seront pas remis en cause par l'arrivée de CarPlay et Android Auto. Il serait trop dangereux pour les constructeurs de donner toutes les clés de la voiture à Apple et Google... "Ce sont des systèmes complémentaires. Nous préserverons toujours une couche constructeur", nous indique Laurent Renard, directeur marketing multimédia de Renault.


  • Applications "mirroir".Le +: le coût. Le -: compatibilité aléatoire et fonctionnalités limitées.
  • CarPlay et Android Auto.Le +: emporter avec soi ses contenus et son univers applicatif, utilisation facilitée. Le -: pas d'intégration dans les véhicules anciens, sauf à acquérir un équipement relativement cher.
  • Systèmes des constructeurs.Le +: intégration totale avec le véhicule. Le -: le prix.



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