Des employés funéraires enterrent le corps d'une victime décédée du virus Ebola au cimentière de Fing Tom, à Freetown, en Sierra Leone, le 10 octobre 2014

Des employés funéraires enterrent le corps d'une victime décédée du virus Ebola au cimentière de Fing Tom, à Freetown, en Sierra Leone, le 10 octobre 2014

afp.com/Florian Plaucheur

A Madrid, trois personnes de plus ont été admises par précaution vendredi soir dans l'hôpital spécialisé où Teresa Romero, une aide-soignante de 44 ans, lutte contre le virus. Elle était "dans un état grave mais stable", selon le dernier communiqué de l'hôpital.

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Première à être contaminée hors d'Afrique, apparemment en soignant un missionnaire rapatrié d'Afrique et mort à Madrid, la jeune femme est à ce jour le seul cas d'Ebola confirmé en Espagne. Aucune des seize autres personnes sous surveillance ne présente de symptômes.

Critiqué pour sa gestion de la crise, le gouvernement espagnol a formé un comité spécial interministériel qui devait tenir samedi sa deuxième réunion. Les services du premier ministre Mariano Rajoy ont repris en main la communication, pour tenter de rassurer la population.

L'épidémie partie de Guinée fin décembre 2013 a fait 4.033 morts au 8 octobre, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Au total, 8.399 personnes ont été infectées dans sept pays.

De la Grande-Bretagne au Nicaragua, les Etats annoncent les uns après les autres un renforcement des contrôles aux frontières pour les voyageurs provenant des pays les plus touchés par l'épidémie: Guinée, Liberia et Sierra Leone.

Aux Etats-Unis, les contrôles devaient commencer samedi à l'aéroport J.F. Kennedy de New York. Même chose au Canada, qui a même conseillé à ses ressortissants de quitter ces pays "tant que des vols commerciaux sont encore disponibles".

L'inquiétude a gagné l'Amérique latine. Le Brésil attendait samedi les résultats des analyses d'un Guinéen de 47 ans arrivé d'Afrique il y a trois semaines. Hospitalisé, il n'a plus de fièvre et ne présentait pas d'autres symptômes. Deux pays voisins, le Pérou et l'Uruguay ont annoncé une plus grande vigilance dans les ports et les aéroports.

Le Mexique et le Nicaragua veulent aussi tenter de contrôler les migrants qui essaient par milliers de gagner les Etats-Unis.

Le monde du sport est également affecté. Le gouvernement marocain a demandé vendredi le report de la Coupe d'Afrique des nations de football (CAN-2015), prévue du 17 janvier au 8 février dans le royaume, en raison de l'épidémie qui sévit dans l'ouest du continent africain.

- Fausses alertes et rumeurs -

Le premier cas de contagion hors d'Afrique, et le décès mercredi d'un patient sur le sol des Etats-Unis, ont donné une dimension planétaire à l'angoisse: fausses alertes, rumeurs, hospitalisations de précaution se sont multipliées ces derniers jours.

Les autorités mettent en garde contre les canulars qui pourraient provoquer la panique, comme celui d'un passager débarqué par une équipe médicale d'un vol intérieur aux Etats-Unis, qui avait éternué et crié: "J'ai l'Ebola. Vous êtes tous foutus".

L'Espagne lutte contre la diffusion sur les réseaux sociaux de pages de sites de médias trafiquées, annonçant de nouveaux cas de contamination. Madrid a mis en place un numéro de téléphone vert pour informer le public, comme la France où il devait entrer en service samedi.

Le gouvernement espagnol a tenté d'apaiser le personnel de santé, inquiet du manque de moyens et de formation face à la maladie mal connue. Une manifestation de syndicats est prévue samedi à Madrid. "Il n'y aura aucun problème de budget pour soigner les patients et on ne manquera de rien", a assuré la ministre de la Santé Ana Mato.

L'Afrique de l'Ouest, frappée de plein fouet par l'épidémie, n'a pas les mêmes moyens.

Mais la directrice du Fonds monétaire international Christine Lagarde a déclaré que le Fonds qui a déjà fourni 41 millions de dollars à La Guinée, était "prêt à faire plus si nécessaire", après une rencontre vendredi avec le président guinéen Alpha Condé.

L'organisation Médecins sans frontières avait prévenu jeudi qu'avec la récente flambée des cas en Guinée, son centre de traitement d'Ebola dans la capitale Conakry était proche de la saturation.

Les Nations Unies ont averti vendredi qu'elles n'avaient recueilli de promesses de dons que pour un quart "du milliard de dollars qu'elles essaient de réunir pour combattre l'épidémie". "Le temps presse. Nous avons besoin de beaucoup plus", a déclaré le secrétaire général adjoint de l'ONU Jan Eliasson.

Ebola tue environ sept malades sur dix. L'infection se produit par contact direct avec les fluides corporels et la période d'incubation va de 2 à 21 jours.

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