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Les Français risquent d'avoir toujours autant de mal à se former

Une nouvelle réforme plus ambitieuse de la formation professionnelle sera nécessaire en France (Crédit: Getty Images) Jovo Marjanovic/Getty Images/iStockphoto

Selon l'Institut Montaigne, la loi du 5 mars 2014 qui réforme la formation professionnelle en France ne change pas grand chose à la complexité du système et laisse en suspens trop d'interrogations sur le financement du compte personnel de formation.

Assez bien mais peut mieux faire. Dans une note publiée ce jeudi, l'Institut Montaigne dresse un bilan en demi-teinte des avancées réalisées par la loi du 5 mars 2014 sur la formation professionnelle. Pour les auteurs, Marc Ferracci et Bertrand Martinot, «si la loi met en place des dispositifs pertinents tels que le compte personnel de formation (CPF) ou la fin de l'obligation fiscale de dépenser pour la formation professionnelle», les résultats mettront du temps à se faire sentir. Ils ne «permettront pas de faire de la formation un outil efficace de sécurisation des parcours accessible au plus grand nombre», indiquent-ils. Et les deux auteurs de prévenir l'exécutif et les partenaires sociaux qu' «une réforme plus ambitieuse de la formation professionnelle sera nécessaire en France (…) qui devrait viser à mettre en relation directement les individus avec les prestataires».

Les insuffisances de la formation professionnelle en France, dont le budget global s'élève pourtant à 32 milliards d'euros, sont bien connues. Elles sont persistantes malgré quatre réformes réalisées ces dix dernières années (en incluant celle de 2014): inégalités d'accès aux formations selon le niveau de qualification ; système trop administré et rigide entièrement aux mains des organismes de formation ; absence de certification de la qualité des formations et des prestataires ; faible efficacité des dépenses de formation en termes de retour à l'emploi ou de productivité.

« Une réforme plus ambitieuse de la formation professionnelle sera nécessaire en France (…) qui devrait viser à mettre en relation directement les individus avec les prestataires »

L'institut Montaigne

Selon Bertrand Martinot et Marc Ferracci, la loi du 5 mars 2014 ne remet pas en cause l'architecture globale du système et son caractère administré. Ainsi les Opca (les collecteurs des financements des entreprises) «vont continuer à allouer une grande partie des ressources sur la base de critères peu lisibles». Quant aux dispositifs de formation à l'initiative du salarié (CPF et CIF), ils vont continuer de coexister, avec des canaux de financements distincts, malgré leurs similitudes. «La création du compte personnel de formation aurait pu être l'occasion d'une fusion de l'ensemble des dispositifs, Dif, Cif professionnalisation», regrettent les auteurs.

L'étude émet par ailleurs des doutes sur l'efficacité de la réforme pour la formation des chômeurs, traditionnels parents pauvres des dispositifs. De fait, les fonds consacrés à leur formation passeront de 600 à 900 millions d'euros par an. Mais, selon l'Institut Montaigne, il y a de fortes chances que ces financements ne se substituent à des fonds existants. «Au total, l'impact réel de la réforme sur les ressources consacrées à la formation des chômeurs est assez incertain», jugent Marc Ferracci et Bertrand Martinot.

« La soutenabilité financière du compte personnel de formation est largement sujette à caution »

L'institut Montaigne

Quant au CPF, qui présente le grand intérêt de suivre l'individu tout au long de sa carrière professionnelle, y compris en cas de passage par la case chômage, il possède une grosse lacune: son système de financement. «Dans la configuration prévue, ce dispositif risque de rester un coquille vide, faute d'abondement suffisant», tranche en effet l'institut Montaigne. La loi prévoit qu'un actif peut cumuler, en neuf ans, jusqu'à 150 heures sur son CPF, pour suivre des formations certifiantes ou qualifiantes. Or, ce crédit est insuffisant pour permettre l'accès à ce type de formations. Des financements complémentaires sont donc inévitables (Pôle emploi, Unedic, Etat, régions pour les chômeurs ; entreprises et salariés eux-mêmes pour les actifs en poste). Pour l'Institut Montaigne, «la soutenabilité financière du CPF est largement sujette à caution», alors même que ce dispositif est la pierre angulaire de la nouvelle loi.

Les Français risquent d'avoir toujours autant de mal à se former

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9 commentaires
  • IMOKO

    le

    Actuellement la formation basé sur les mathématiques ne correspondent plus a la réalité.Je peux vous dire quand 43 ans de carrière jamais je n'ai fait une seule intégrale.Cela veut dire que la formation des cadres supérieures soit orienter vers de la technique, le développement dans l'ingénierie et faire naître de la la matière grise de l'imagination créatrice

  • bleu10

    le

    Le probleme ,c'est une fois au chômage suite a un CDI ,on ne peut pas utiliser son compte fongecif pour suivre une formation .

  • IMOKO

    le

    Je ne suis pas d'accord, l'utilisation des N réseaux TV permettraient la mise place les cours du CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers)