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Le point sur l'accès à Internet en Belgique - Mise au point sur les enjeux du numérique

Comme chaque année, les chiffres du SPF économie sur l’évolution de la société de l’information en Belgique, dans le cadre des objectifs du « Digital Agenda for Europe », sont disponibles et permettent d'analyser l'évolution de l'accès aux TIC de la population belge.

Comme avec le Baromètre TIC 2014 de l'AWT, les chiffres du SPF nous permettent de mettre à jour nos indicateurs pour 2014. Alors, qu'en est-il de cette fameuse fracture numérique ?

Selon le SPF, 80 % des ménages belges disposent d’une connexion internet et 82 % sont équipés à leur domicile d’au moins un ordinateur. L’ordinateur demeure l’appareil le plus utilisé pour se connecter à internet. Les appareils mobiles connectés à internet s’inscrivent en forte hausse. L’e-banking et la communication sur les réseaux sociaux arrivent en tête des activités pratiquées par les Belges sur internet.

Pour l'AWT, Au niveau des usages TIC des citoyens , 80% des Wallons ont utilisé Internet dans l'année mais surtout 70% l'ont utilisé de manière pratiquement quotidienne, confirmant une intensification toujours plus grande des usages. Au niveau des citoyens wallons:

  • 68% des citoyens (15 ans et plus) lisent ou envoient des e-mails,
  • 48% participent à des réseaux sociaux ou professionnels,
  • 45% effectuent des opérations bancaires en ligne,
  • 48% ont visité des sites Web administratifs dont principalement celui de leur commune (43%),
  • 31% publient des contenus sur le Web en dehors des réseaux sociaux (photos, blogs, sites web personnels)

Toutefois, 20% des wallons restent en fracture numérique d'accès et ne peuvent donc pas tirer directement profit des facilités d'Internet. Les chiffres nous montrent dès lors que la fracture numérique, si elle a diminué chaque année jusqu’en 2011, se stabilise depuis lors. Ce qui pourrait indiquer qu’on atteint progressivement un seuil incompressible ou difficilement réductible par les politiques traditionnelles en matière d'e-inclusion. 

Pourquoi alors une politique de médiation numérique est-elle toujours d'actualité ?

Parce que nous ne sommes pas tous égaux face au numérique.
Le fossé numérique, qui caractérise les disparités d'accès et d'utilisation de l'informatique et de l'internet, est lié à trois facteurs principaux :

  • générationnel : en fonction de l'âge
  • social : selon le niveau de revenus
  • culturel : selon le niveau d'instruction

Cependant, nous sommes face à « une cible mouvante » : nous ne pouvons pas nous contenter de catégoriser les « exclus du numérique » en fonction de ces critères simples. Certes l’absence de connexion est majoritaire dans trois populations : les retraités, les non‐diplômés et ceux dont le revenu est le plus faible. Mais les catégories se croisent : les seniors peuvent être parfaitement socialisés mais peu attirés par le numérique ou au contraire socialement et géographiquement isolés mais actifs sur les réseaux ; des jeunes qui vivent dans la rue, sans travail, sans toit, peuvent être complètement à l’aise avec le numérique, etc..

En 2013, le numérique a toujours des effets majeurs sur l'inclusion et l'exclusion sociale, mais ceux‐ci sont devenus à la fois plus complexes, plus profonds, plus imbriqués.

Parce que le numérique impose un mouvement permanent d’évolution et parce que chacun ne dispose pas de la même agilité d’adaptation.
Ceux qui sont d'une manière ou d'une autre empêchés d'accéder au numérique, ceux qui peinent à s'adapter aux changements qui accompagnent le numérique se trouvent pénalisés. La pauvreté, le chômage, l’isolement et la précarité, le manque de diplôme et de formation sont aujourd’hui aggravés et parfois provoqués par le manque d’expérience et de culture numériques. Les handicaps temporaires et durables ‐ le grand âge, la détention, le fait d’être étranger en attente de régularisation ‐ induisent également des empêchements qui combinés au numérique limitent la participation à la société et l’exercice des droits.

Parce que la génération Y relève d’un mythe.
Le mythe des « digital natives » tombe. Alors qu’il justifie les politiques attentistes (il suffit de laisser les jeunes déjà formés au numérique arriver sur le marché du travail et d’attendre la transition démographique), les travaux scientifiques montrent la diversité des pratiques des outils numériques chez les jeunes et l’écart entre la capacité à les utiliser et la capacité à en tirer profit dans les études, l’emploi,... Il faut nous débarrasser des idées reçues sur les nouvelles générations et leur relation au numérique pour prendre au sérieux la question ambitieuse de la littératie numérique des jeunes de tous âges.

Parce ce qu’il convient renforcer le « pouvoir agir » collectif.
Le numérique est porteur de nouvelles formes de « vivre ensemble ». Si être « inclus », c'est être citoyen, c'est aussi s'exprimer et agir sur son destin comme sur son environnement. Dissocier la capacité d’action collective de l’inclusion, ce serait alimenter le rejet de la politique, mais aussi participer à un cercle vicieux de marginalisation qui peut prendre la forme d’une perte de civilité, d’attirance pour des extrémismes politiques ou religieux, etc.

L’une des plus formidables promesses du numérique est l'augmentation du « pouvoir d'agir » des individus, des « consommacteurs ». Si cette promesse s'avérait fausse pour les publics qui connaissent déjà des difficultés, le numérique alimenterait alors l'exclusion plutôt que l'inverse.

(Recommandations d'après rapport intitulé « Citoyens d’une société numérique – Accès, Littératie, Médiations, Pouvoir d’agir: pour une nouvelle politique d’inclusion » du Conseil National du Numérique - www.cnnumerique.fr/inclusion/)

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