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Le futur des médias : entre réseaux sociaux et nouveaux business models

Les news originales proviennent des médias mainstream qui alimentent aussi les débat sur les réseaux sociaux. Mais quelque chose a changé..

Les news originales proviennent des médias mainstream qui alimentent aussi les débat sur les réseaux sociaux. Mais quelque chose a changé…

80% des liens générés sur les médias sociaux proviennent des médias traditionnels. Le Pew Reasearch a analysé environ un million de blogs et de posts sur les réseaux sociaux ; le constat est le suivant : la majorité des liens font encore référence à des contenus provenant des médias traditionnels. Plus que l’extinction des médias traditionnels, c’est bien un renouveau du journalisme et de l’information tout court qui est en marche. Dans un contexte changeant, les médias font peau neuve, s’adaptent à un nouveau milieu, celui des social networks, ils arrivent même à emprunter le style et les codes « sociaux » pour attirer les lecteurs. De Twitter et Snapchat à Telegram et aux pay per news, le paysage médiatique a tout de même radicalement changé au cours de la dernière décennie. Ce phénomène de transformation découle bien évidemment d’une crise des supports papier et plus largement des médias traditionnels mais représente aussi une concrète demande de la part des utilisateurs. Il est vrai que l’intérêt pour les « fresh news » ne diminue pas, au contraire le nombre d’accès aux sites d’information sur le net augmente mais il est vrai aussi que certains contenus fournis par les médias traditionnels sont aujourd’hui encore irremplaçables. Les news originales proviennent en majorité des médias mainstream nationaux ou locaux. Les débats sur des sujets d’actualité, qui ont lieu tous les jours sur le web et les réseaux sociaux, sont pour la plupart alimentés par le flux de news traditionnels. Mais quelque chose a radicalement changé….

Le Net et les New Media

Pour comprendre le changement en cours il suffit de citer le livre de Moisés Naim, The End of Power, qui a isolé certains facteurs qui ont radicalement changé la société de l’information et le rôle du journalisme et des lecteurs. Le Net étant le principal acteur, le game changer de cette révolution. Des millions de personnes sont aujourd’hui connectées aux réseaux sociaux, aux sites de médias et journaux. Cette nouvelle masse “critique” a bouleversé la transmission verticale des informations (médias traditionnels – public) en créant une transmission plus horizontale, voir transversale, un partage des informations et un échange entre générations radicalement différentes de lecteurs. Ainsi le Net a permis à un plus large public de questionner les règles du jeu et la manière de faire du journalisme aujourd’hui. De plus en plus de journalistes ont quitté leur position dans les médias traditionnels et intégré les rédactions des new media. Ils y ont apporté une vraie valeur ajoutée. En même temps dans les médias traditionnels des nouvelles figures, auparavant inexistantes, voient le jour : les data scientists, les community managers, les social adv analyst etc. Les rédactions deviennent alors plus « hybrides » avec notamment un modèle économique qui mise sur la portée globale des articles sur les réseaux sociaux qui engendre un nombre important de clicks sur la page.

Journalisme ou clickbait ?

J'ai un job dans la com', par Serge-Henri Saint-Michel

Une question alors se pose : faire de l’information ou multiplier les clicks ? Faut-il considérer les utilisateurs comme des lecteurs ou des consommateurs ? Le modèle économique des journaux en ligne basé sur la publicité est strictement en rapport avec le nombre des visiteurs du site. Ainsi la manière de faire du journalisme a évolué pour s’adapter à un milieu parfois glissant, celui des réseaux sociaux. Quelle est, par exemple, la différence entre les titres des journaux d’hier et ceux d’aujourd’hui ? Les titres des articles sont devenus plus « sexy », attirants, et fonctionnent très bien dans le milieu des réseaux sociaux. Ainsi un article peut devenir viral en l’espace de quelques heures. L’article ne se limite pas au texte mais offre également des contenus multimédia : image, son, vidéo, infographies. La possibilité d’écrire un commentaire prolonge la « vie » de l’article et multiplie sa portée potentielle. Bref, les médias s’adaptent aux attentes des utilisateurs, deviennent plus « sociaux » en intégrant les plateformes de social networks.

Instant Articles et Stream of News

Marco Cesario, Zone Manager South Europe, Open2Europe

Marco Cesario, Zone Manager South Europe, Open2Europe

Un exemple : Facebook génère aujourd’hui au moins un quart du trafic total des principaux journaux en ligne. Plusieurs grands journaux comme The New York Times ou Buzzfeed ont compris l’importance des réseaux sociaux et ont adhéré au projet Facebook Instant Articles qui permet de lire les news des journaux directement dans l’application Facebook sans sortir de la plateforme de Zuckerberg. Plusieurs journaux ont aussi créé des « Stream of news » directement dans des applications de instant messaging pour smartphone comme Telegram, ou ont intégré le live tweet dans leur news feed. Pourquoi choisir ces modèles ? Simple : le futur des médias va dans la même direction que celle que prennent les lecteurs. Si le lecteur se déplace sur les applications d’instant messaging ou sur les réseaux sociaux, il faut lui fournir un service adapté pour ne pas perdre son attention.

Un difficile équilibre : des médias hybrides et les pay per news

La difficulté de garantir des sources de financement sont les mêmes pour les « old » que pour les « new media ». Les quotidiens en ligne ne sont pas encore capables de fournir la même qualité d’information, tout azimut, que les journaux traditionnels. Les solutions « only web » misent sur la spécialisation, sur la sectorialité des arguments mais également sur la souplesse des rédactions qui ont un bon rapport avec les nouvelles technologies et les contenus multimédias. Mais malgré la puissance des réseaux sociaux, le lecteur a encore besoin de « l’autorité » des médias traditionnels. L’éditorial, le grand reportage, l’article signé sont une garantie de qualité pour n’importe quel média. Du coté des médias traditionnels, il s’agit aussi de trouver un équilibre financier entre le stream « traditionnel » (généralement sur papier) et « new » (en ligne ou sur appli). Des titres comme Wall Street Journal et Financial Times ont, par exemple, réussi à développer leur business model sur Internet en créant un système de paiement pour accéder aux news sur le web. Cela peut fonctionner comme le démontre le groupe allemand Axel Springer : 20% des recettes éditoriales proviennent des pay per news et l’objectif est bien de porter ce chiffre jusqu’à 50-55% dans les années à venir. Mais pour beaucoup d’autres médias, il s’agit de s’adapter ou de disparaître : adapt or perish.

Où va le journalisme ?

Les analystes sont plus ou moins d’accord. Les lecteurs sur papier vont diminuer progressivement alors que ceux sur le web ne font que progresser grâce à la multiplicité des dispositifs mobiles comme les smartphones, les e-readers comme le Kindle ou les tablettes. Ces dispositifs cherchent à « monétiser » les services pour la lecture des articles. L’idée est que l’utilisateur puisse payer lorsque la distribution de l’information devient un service supplémentaire au web. Mais où va donc le journalisme ? Selon le directeur du Guardian, Alan Rusbridger, le journalisme, d’ici 2020, ne va pas disparaître comme certains le préconisent. Le journalisme sur papier va diminuer drastiquement et le core business sera essentiellement en ligne. Le futur des médias passe alors par une distinction plus claire et nette entre journalisme et business model. Si le deuxième est en pleine crise (voir en mutation), le premier en réalité connaît un moment d’explosion grâce notamment aux réseaux sociaux, des puissants outils capables de multiplier la puissance de l’information fournie par les médias traditionnels pourvu que l’on s’adapte à ses langages et à ses codes, parfois strictes, d’expression.

Auteur : Marco Cesario, Zone Manager South Europe, Open2Europe

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