Exclu. Sandro, éliminé : « Je savais que ma stratégie pouvait me retomber dessus, mais… »
Tu sors de Koh-Lanta un peu à la façon de
l’arroseur arrosé, victime d’une stratégie alors que tu es toi-même très
stratège. Quel regard portes-tu sur ton élimination ?
Ma sortie est liée à une petite trahison de la part de Clémentine, même si
je ne lui en veux pas du tout aujourd’hui. C’est le jeu, j’accepte les règles.
De mon côté je n’ai jamais rien fait en ayant promis quelque chose, ce qui est
le principe même de la trahison. Moi j’ai fait de la stratégie, elle m’a trahi,
pour moi il y a une nuance entre les deux.
Penses-tu qu’elle soit l’instigatrice de ce vote
contre toi ?
Elle s’est ralliée à quelques ex-Bleus et forcément eux, si on leur tend la
perche, ils vont la saisir. C’est logique de la part des ex-Bleus, nous avons
fait la même chose avec les ex-Rouges. Mais avec Clémentine on s’était promis
des choses et là tout s’est joué dans mon dos.
Comment as-tu pris ses critiques à ton égard ?
Je me doute qu’en ayant fait le Koh-Lanta que j’ai fait, il y a des
risques. Je savais qu’un jour ça pourrait me retomber dessus, mais je ne
pouvais pas aller contre ma nature. Je suis très joueur, je me suis éclaté à
aller aux ambassadeurs, je me suis amusé à la dégustation. Je ne voulais pas me
planquer et faire un Koh-Lanta qui n’était pas le mien, qui ne reflétait pas ma
personnalité. Je pense qu’elle s’est un peu emballée sous le coup de l’émotion,
elle avait très faim et je pense qu’elle a un peu parlé avec son estomac. Mais
encore une fois, je comprends tout à fait qu’elle puisse m’en vouloir. Elle sent aussi qu'il n'y a plus beaucoup d'ex-Rouges qui peuvent l'encadrer et elle m’a un peu sacrifié comme un bouc émissaire. Je paye un peu ce qu’on avait mis
en place avec les Rouges et surtout l’abandon sur avis médical de Manuella, que
j’adore, et le retour de Vincent. Clémentine a senti que c’était le moment de
se rapprocher des autres. Mais je n’ai aucun regret, j’assume tout ce que j’ai
fait à Koh-Lanta.
As-tu joué un peu trop avec le feu ?
La stratégie a débuté avec les ambassadeurs. Sortir Yassin a été une
décision collective, j’ai récupéré un collier mais je l’ai tout de suite dit
aux Rouges car je voulais renforcer cette équipe, avant le bluff de la
dégustation j’avais prévenu des gens chez les Rouges… J’ai toujours tout fait
dans mon intérêt et celui des Rouges. Et jusqu’au bout j’ai joué comme ça
puisque j’ai remis mon collier à Clémentine pour lui prouver que jusqu’au bout
j’étais avec les Rouges, même si certains m’avaient trahi.
N’aurais-tu pas dû assurer le coup en sortant ton
collier au conseil ?
Clémentine me promet dans le blanc des yeux qu’on reste soudés avec
Sébastien comme c’était convenu au début. A partir du moment où on fait
les calculs et où elle m’assure que ce n’est pas moi qui sors, de mon coté il
fallait que j’assure mes arrières et que je garde mon collier pour le prochain
conseil au cas où je n’ai pas l’immunité. Je ne l’ai pas joué parce qu’elle m’a
trahi. J’assume mon côté stratège mais je n’ai jamais trahi personne.
L’alliance avec Sébastien et Clémentine tenait
donc toujours malgré l’abandon sur avis médical de Bastien ?
On était tous les trois d’accord pour qu’elle perdure, on se faisait
régulièrement des petits signes et deux heures avant le vote, Clémentine me
promet encore qu’on ira ensemble jusqu’au bout alors que dans sa tête elle est
déjà prête à me planter le couteau.
Que t’es-tu dit quand Vincent est revenu ?
On s’est permis le luxe de sortir Yassin et Vincent parce qu’au mérite on
est allé chercher des immunités qui nous ont placés en supériorité numérique
par rapport aux Bleus. De six contre quatre, on passe à cinq contre cinq, on
perd cet avantage et j’ai compris que ça allait devenir très compliqué. Pour
moi évidemment, mais aussi pour tous les ex-Rouges.
Ton duel aux ambassadeurs face à Mathilde
était-il entièrement prévu dans ta tête ? Savais-tu exactement dès le départ où
tu voulais l’emmener ?
J’ai un regret, c’est que j’aurais aimé sortir un Bleu, mais elle était
fermée à cette idée-là. Pour le reste, j’attendais qu’elle me suggère
l’idée de sortir un Rouge. C’est comme ça dans une négociation, il faut
faire croire à l’autre qu’il a eu l’idée et à partir du moment où il a eu
l’idée et qu’on l’accepte, il pense qu’il est en position de force et c’est là
que la magie de la stratégie opère. Elle a mis un peu de temps à suggérer le
nom de Yassin et elle ne s’est pas doutée que c’est moi qui lui tendais le
piège. Le collier c’était la cerise sur le gâteau. J’avais prévenu avant mes
camarades que j’essaierai de revenir avec un collier et c’était vraiment mon
coup de maître.
A aucun moment tu t’es dit que tu pourrais passer
chez les Bleus ?
Aucun. Chez les Bleus il y avait deux ex-Jaunes, mais on me proposait un
avantage numérique que j’avais déjà chez les Rouges sans trahir personne, et si
j’étais passé chez les Bleus j’aurais trahi tous les Rouges ! On me promettait
la certitude d’aller sur les poteaux, mais sur Koh-Lanta il n’y a jamais aucune
certitude. Ce qu’on ne pouvait pas prévoir c’était l’abandon médical de
Manuella et le retour de Vincent.
Yassin a parlé de « lâcheté » par
rapport à ton choix aux ambassadeurs de donner son nom. Que réponds-tu à cela ?
Je suis un peu déçu de ses propos parce qu’il aurait fait pareil s’il avait
été ambassadeur, il aurait mis le nom d’un Rouge. Quant au fait qu’on l’a sorti
parce qu’il était sans doute trop fort, non. C’était compliqué avec tout le
monde au niveau relationnel. Quand Clémentine dit « Yassin c’est le
mal », ce n’est pas ce qu’elle pensait, elle s’est sans doute mal
exprimée. C’était pas très gentil non plus de sa part de se moquer des filles
après la sortie de Bastien… S’entendre avec tout le monde fait aussi partie de
Koh-Lanta, il n’y a pas que les résultats dans les épreuves. Sinon on ne survit
pas 40 jours avec un groupe d’aventuriers.
Quel coup de bluff est ton préféré : les
ambassadeurs ou la dégustation ?
La dégustation. Et je veux insister sur un point : celui qui a mangé le
plus vite, c’est quand même moi, j’ai juste bluffé lors de la première partie
du jeu avec la blatte. A ce jeu-là j’étais le plus fort et le plus rapide.
Pourquoi n'avoir prévenu que quelques Rouges de ton bluff avant l'épreuve ?
On n’avait pas beaucoup de temps entre le moment où on nous annonce la
dégustation et l’épreuve elle-même. Il faut pouvoir s’isoler et parler avec pas
mal de monde. J’ai pu prévenir trois ex-Rouges sur cinq, pas plus. Je voulais
donner un avantage à mon équipe avec ce confort donc je n’avais aucune raison
de ne pas le dire aux autres.
Peux-tu nous parler un peu de ce confort ?
On traverse une partie du Cambodge, on arrive dans une famille qui nous
accueille, il y a ce repas incroyable… J’étais un peu gêné tellement j’étais
affamé et je demandais à tout le monde si la famille était au courant de notre
situation ! C’était magique. On a vécu avec des Cambodgiens qui vivent sur un
village flottant, je ne savais même pas que ça existait ! C’était comme un rêve
dans un rêve, puisque Koh-Lanta c’était mon rêve. Mais ma petite absence sur le
camp a joué en ma défaveur.
Justement, à votre retour, Claire et toi vous
n’aviez pas de lettres de vos proches. Avec le recul comprends-tu le choix de
l’équipe ?
Sur le moment, on aurait tous réagi de la même manière. On peut vivre le
plus beau confort du monde, cela n’empêche qu’on peut être chagriné de ne pas
avoir de nouvelles de sa famille. C’est ce qui m’a fait un mal fou, de savoir
que ma petite chérie m’avait écrit une lettre et que je ne pouvais pas l’avoir.
Je ne leur en veux pas pour ça mais je leur en veux de ne pas avoir compris que
j’étais blessé et que je souffrais. J’aurais donné un bras pour avoir cette
lettre. C’était la première fois du jeu que je me plaignais…
Tu as pu récupérer cette lettre après ta sortie ?
Oui… C’était magique.
Le coup de téléphone à ta femme Julie, c’était
ton plus grand moment là-bas ?
Le plus grand moment, c’est sûr. Ça y est j’ai les larmes aux yeux… (Il
marque une pause, ému) Julie m’a tellement aidé dans les moments difficiles.
J’ai fait plein de casting, à chaque fois j’y ai cru et puis c’était la déception,
mais elle m’a toujours soutenu. Je ne sais pas si j’aurais eu la force d’être
pour elle ce qu’elle a été pour moi. Je lui avais dit que si j’allais à
Koh-Lanta je gagnerais l’épreuve pour l’appeler. C’est tellement énorme… Tant
qu’on ne l’a pas vécu, on ne peut pas comprendre. c’est un moment hors du
temps, ça ne s’explique pas.
Tu voulais faire Koh-Lanta pour sortir de ton
petit confort, c’est réussi ?
J’avais envie de me confronter à la nature, à plus fort et plus malin que
moi, je voulais voir de quoi j’étais capable dans des conditions extrêmes. Je
suis très fier de mon parcours. Je suis joueur, je suis commercial dans l’âme,
j’ai le don pour charmer et convaincre les gens. J’en joue, je ne m’en cache
pas. Il n’y a que ma femme qui de temps en temps me dit « Hop hop hop, pas
avec moi ». (rires) C’est la seule qui arrive à me raisonner de temps en
temps.
Tu penses que tu peux me vendre une voiture en
cinq minutes ?
Même pas, en quatre minutes ! (rires)