Chronique C'est tout Net. « Une commission se réunit tous les deux mois pour traduire les mots du Net. Et c'est beau comme un accident de chemin de fer. » Cette comparaison, que l'on doit à un article de Slate.fr publié en janvier 2010, n'aurait pas convaincu Albert Camus, dont la citation « Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde » figure en tête du site de la Commission spécialisée de terminologie et de néologie de l'informatique et des composants électroniques.
Cette entité, créée par arrêté du 5 août 1997, a notamment pour mission d'« établir l'inventaire des cas dans lesquels il est souhaitable de compléter le vocabulaire français, compte tenu des besoins exprimés », constituant un « firewall » , oups… un « pare-feu » !, à l'intrusion galopante des anglicismes et du jargon informatique dans nos quotidiens numériques.
JARGONNAGE AMBIANT
Les archives de Legifrance.gouv.fr, qui conserve les fac-similés du Journal officiel, permettent de consulter les avis rendus par les commissions de terminologie, jusqu'à cet ancestral arrêté du 22 décembre 1981 relatif à l'enrichissement du vocabulaire de l'informatique par lequel les termes « off line » ou « serial access » avaient trouvé leurs équivalents français « autonome » et « accès séquentiel ». Plus récemment, les termes « hashtag », « pure player », « big data » et « crowdsourcing » ont obtenu la naturalisation française, pour devenir «mot-dièse», « tout en ligne », « mégadonnées » et « production participative ».
Dix-huit nouvelles recommandations ont été adoptées depuis le 16 septembre : « cyberconférence » tire un trait sur « e-conference », « fureteur » sur « lurker » – personne qui, dans un forum ou un blog (ou blogue), suit les discussions sans apporter de contribution – ou encore « guichet » pour éradiquer tout « front office », interface permettant d'accéder aux services en ligne d'une entreprise ou d'une organisation.
Ces préconisations auront-elles le dernier mot sur le jargonnage ambiant ? Comprenne qui veut le « Vise un peu les thumbnails… Le back office est down, troubleshooting asap ! », entendu à l'instant sur mon « plateau ouvert » (exit « open space »). Attendez voir que je dégaine mes « imagettes », « arrière-guichet » et « traitement des incidents » !
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