Près de la moitié des DRH sont prêts à augmenter les salaires

Augmentations individuelles, intéressement ou encore mise en place de critères de performance... Près d'un DRH sur deux (46%) envisage de faire évoluer sa politique de rémunération dans les prochains mois, selon une enquête de l'Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH) qui avoue ressentir "une certaine pression" liée à l'épineuse question des salaires.
Cette enquête intitulée "Agenda social: les DRH ont la parole!" a obtenu 359 réponses d'adhérents de l'ANDRH émanant d'entreprises de différentes tailles et différents secteurs d'activité représentatifs, interrogés entre le 22 septembre et le 13 octobre.
Lors d'une enquête similaire en janvier, seuls 38% des DRH s'étaient dits partisans d'une refonte de leur politique de rémunération.
"Le sujet monte, sans doute à cause des questions sur le pouvoir d'achat, des appels du gouvernement à augmenter les salaires", a expliqué mardi Benoît Serre, vice-président de l'ANDRH, lors d'une conférence de presse. Il a regretté que le débat public soit biaisé "par la campagne présidentielle et l'augmentation des prix de l'énergie".
Invité sur BFM Business ce mercredi, Benoît Serre a indiqué que le gouvernement devait aussi faire sa part du travail sur le sujet.
"Chacun doit apporter sa pierre. Le gouvernement peut le faire soit en libérant une partie des fonds de l’épargne salariale pour donner du pouvoir d'achat immédiat, soit en baissant le forfait social qui est de 30% pour les entreprises de plus de 350 personnes, en rendant le système plus attractif et moins taxé", affirme Benoît Serre sur notre antenne.
"Il y a le débat sur les taxes de l'essence, peut-être qu'on peut poser le débat sur les taxes de l'épargne salariale", poursuit-il.
Augmenter le pouvoir d'achat des salariés
"Il est nécessaire d'avoir une démarche coordonnée avec les pouvoirs publics afin de pouvoir augmenter le pouvoir d'achat des salariés", a poursuivi le dirigeant qui, dans le contexte électoral à venir, redoute des "politiques irresponsables".
"Attention, toutes les entreprises ne sortent pas en grande forme de la crise et n'ont pas la trésorerie, a-t-il prévenu. Sur le partage de la valeur, les DRH recherchent d'autres leviers financiers pour ne pas être enfermés entre les augmentations collectives et individuelles".
Après avoir rappelé que 71% des DRH interrogés jugeaient positivement le climat social actuel, la présidente de l'ANDRH Audrey Richard mise elle plutôt sur "des augmentations individuelles en lien avec la performance".
L'enquête fait également apparaître que 80% des entreprises sont concernées par des pénuries de main d'oeuvre notamment dans le bâtiment, la santé, la restauration, l'industrie ou le numérique alors que 47% d'entre elles entendent également augmenter leurs effectifs dans les prochains mois.
Enfin, la mise en place du télétravail, que l'ANDRH n'encourage pas, semble toujours poser problème dans 15% des entreprises signataires d'un accord sur fond de postes éligibles et de nombres de jours de télétravail.
"On a eu des alertes et on souhaiterait un code du travail adapté à ce nouveau contexte", a ajouté Laurence Breton-Kueny, vice-président de l'ANRDH. "Ce n'est pas à l'entreprise de s'adapter, ni de payer 50% des déplacements" pour ceux qui ont déménagé.