Un vent de renouveau venu d’Amérique du Sud semble souffler sur la planète architecture. Soumis à des conditions géographiques particulières, aux contraintes du climat, voire à la menace de risques sismiques, mais bénéficiant aussi d’une économie stable et d’un système d’enseignement très structuré, les architectes chiliens en particulier ont su imaginer un langage constructif inédit.
Plus largement, ils expriment une singulière et intense relation à la nature, au paysage, à l’atmosphère environnante. Ils semblent humer l’air de leur temps. Longtemps oblitérés par la toute-puissance médiatique de leurs pairs américains et européens, heureux bâtisseurs sur la terre ferme, ces constructeurs « émergents » sortent aujourd’hui de l’ombre. Et sont désormais salués sur la scène internationale.
Smiljan Radic est l’un d’eux. L’architecte chilien de 49 ans est l’auteur de ce qu’un chroniqueur du quotidien anglais The Telegraph a nommé « la collision entre un œuf extraterrestre et un site funéraire néolithique ».
ENTRE CAVERNE ET DOLMEN
Cette bulle en fibre de verre couleur pierre, oblongue et translucide, présente à la fois des airs de caverne et de dolmen. Posée sur d’énormes rochers, la « folie » est installée jusqu’au 19 octobre dans le cadre bucolique des jardins de Kensington, à Londres, en vis-à-vis de la Serpentine Gallery. L’institution culturelle accueille chaque été depuis quatorze ans le projet d’un architecte n’ayant jamais construit en Angleterre. Smiljan Radic n’a même quasiment jamais construit en dehors de chez lui.
Au Chili, les pierres font souvent partie de son langage. Elles supportent les énormes poutrelles d’acier sur lesquelles se pose le toit du spectaculaire restaurant Mestizo à Santiago (2009), tandis que plus au sud, à Millahue, elles constellent le miroir d’eau qui ouvre sur l’ample voûte en béton blanc qui coiffe les chais souterrains du vignoble de Carrie et Alexander Vik, récemment achevés.
De roche, il était également question lors de la 12e Biennale d’architecture de Venise en 2010. Smiljan Radic et son épouse sculptrice, Marcela Correa, avaient conçu Le Garçon caché dans une pierre, un énorme bloc de granit creusé et aménagé de quelques planches de bois où pouvait s’abriter une personne. Le couple a voulu, dit-il, « offrir de l’espoir pour un futur serein » après le tremblement de terre qui a frappé leur pays le 27 février 2010.
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