Dépêche

Un agent de l'Education nationale sur sept se dit en épuisement professionnel

Un agent de l'Education nationale sur sept se dit en situation d'épuisement professionnel et un sur quatre en état de tension au travail, selon une étude dont les syndicats veulent s'emparer pour faire renforcer la prévention contre les risques psychosociaux.

Selon cette étude rendue publique lundi par le "Carrefour santé social", qui regroupe la mutuelle MGEN et les trois principales fédérations syndicales du monde éducatif (FSU, Unsa Education et Sgen-CFDT), 24% des agents se disent en état de tension au travail et 14% en épuisement professionnel (ou "burnout").

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Une grande majorité déclare aussi avoir connu un problème d’ordre musculosquelettique au cours des 12 derniers mois, concernant la nuque ou le cou (78%), le bas du dos (75%), l’épaule (60%), le genou ou la jambe (54%).

Menée de mai à août 2011 par questionnaire sur internet, cette étude comporte certains "biais", prévient la MGEN, notamment un recrutement des répondants via les syndicats et un échantillon qui n'est pas représentatif, car il y a par rapport à la réalité de l'Education nationale davantage de répondants enseignants (84% contre 80%) et de femmes (76% contre 65,7%).

Pour autant, la MGEN juge pouvoir en tirer des enseignements, car le total des 5.119 répondants "confère aux résultats une bonne puissance statistique".

Premier enseignement: avec 24% se disant "tendus", les personnels de l'Education nationale sont particulièrement exposés aux risques psychosociaux, car selon l’enquête "Sumer" qui constitue la référence en France (toutes professions confondues), c'est le cas de 12% des cadres et 23% de l'ensemble des salariés, ont expliqué les organisateurs lors d'un point de presse.

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"élèves résistants à la culture scolaire"

Par rapport à l'enquête "Sumer", l’étude montre aussi que les agents de l’Education nationale sont soumis à une "demande psychologique" élevée mais ils bénéficient d’une "latitude décisionnelle" importante. Ce dernier critère, qui correspond à la marge de manoeuvre dont les personnels disposent pour mener leur activité, "contribue à réduire le niveau de risque psychosocial".

Autre enseignement: pour la tension comme pour l'épuisement, le risque est supérieur à la moyenne des agents de l'Education pour les conseillers principaux d'éducation (CPE) surtout, ainsi que les professeurs des écoles élémentaires et ceux de collèges. L'épuisement touche lui davantage les hommes et les plus de 55 ans.

"La dégradation du travail dans les années récentes explique ces résultats", a commenté Elisabeth Labaye, de la FSU: "intensification du travail, mise en concurrence des personnels, réformes à la hussarde, injonctions multiples et parfois contradictoires".

"Il y aussi plus d'élèves plus résistants qu'autrefois à la culture scolaire, quels que soient les milieux, parce qu'il existe à côté d'autres cultures", a-t-elle ajouté, regrettant que le ministère n'ait encore recruté que 24 des 80 médecins de prévention promis il y a deux ans.

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Samy Driss, de l'Unsa Education, a demandé au ministère de se saisir de la question de la santé au travail et surtout de celle des fins de carrière, rendues plus difficiles depuis la suppression de la cessation progressive d'activité, qui permettait de travailler à 50% payé 80% les cinq dernières années.

Lieu d'échanges et de réflexion, le Carrefour santé social avait publié deux premières enquêtes, sur la santé des jeunes enseignants (2006) et sur les fins de carrière (2009).

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