Des visages masqués, des règles d’hygiène et de distanciation physique, des sens de circulation, des salles de classe totalement réorganisées… Pas évident de retrouver ses marques à l’IME ou en Unité d’enseignement externalisée (UEE) après deux mois de confinement déjà particulièrement déstabilisants. Dans l’agglomération nantaise, les équipes de l’Adapei 44 ont tout mis en œuvre pour que l’étrange rentrée scolaire du mois de mai se passe en douceur pour les quelque 150 enfants, adolescents et jeunes adultes aujourd’hui de retour dans les différents établissements gérés par l’association. Elles ont notamment eu l’idée de doter chaque professionnel d’un t-shirt imprimé représentant son visage en grand format pour qu’il puisse être reconnu malgré le masque. « C’est une manière de rassurer les enfants en recherche de repères et de dédramatiser le contexte un peu particulier de la reprise », souligne Gwenaëlle Ferré, cheffe de service en charge des UEE.
Pendant la période de confinement, éducateurs, enseignants, psychologues ont rivalisé d’imagination pour assurer une continuité pédagogique et maintenir le lien avec l’ensemble des jeunes et leur famille. Accompagnement à distance par téléphone, visites à domicile, cours de cuisine, séances de sport ou jeux organisés via Whatsapps ont ainsi contribué à rompre l’isolement. « Pour inciter les jeunes à rester actifs, nous leur avons par exemple lancé un défi : nous envoyer plusieurs fois dans la semaine des photos d’eux pratiquant à chaque fois une nouvelle activité. Beaucoup ont joué le jeu », poursuit Gwenaëlle Ferré.
A l’approche du 11 mai, ces ateliers ont été l’occasion de préparer le déconfinement et de rassurer sur les conditions de la rentrée. Un questionnaire a été adressé aux familles pour connaître leurs intentions. Près de 70 % ont fait part de leur souhait de renvoyer leur enfant en classe. Compte tenu des limites imposées par la distanciation physique, la rentrée s’est effectuée par petits groupes, la priorité ayant été accordée aux enfants présentant des problèmes de comportement importants, aux enfants de soignants et à ceux dont les deux parents devaient reprendre le travail.
« Afin de permettre aux plus grand nombre de revenir, l’accueil s’échelonne, selon les cas, de la demi-journée à deux jours par semaine avec le maintien de l’accompagnement et des ateliers à distance, ainsi que des visites à domicile », précise Gaëlle Lesage, cheffe de service responsable des IME. Dans les établissements qu’elle coordonne, le taux d’encadrement est actuellement de 1 pour 1, ce qui est d’autant plus rassurant pour les enfants. Le recul de la pandémie devrait permettre d’augmenter progressivement la capacité d’accueil, quitte à solliciter les mairies ou les centres socioculturels pour résoudre les problématiques d’espace.
« Nous devrons être créatifs et nous adapter au fur et à mesure comme nous le faisons depuis le début de la crise sanitaire », souligne Gaëlle Lesage, qui, en dépit des effets délétères du confinement pour les jeunes, constate leur bonheur de retrouver leurs camarades, les professionnels qui les accompagnent et, au moins en partie, leurs activités « d’avant ».
