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Qu’ont en commun les inondations du Saguenay (1996), la crise du verglas (1998) et le glissement de terrain de Saint-Jude (2010) ? Ces catastrophes soulignent notre vulnérabilité face aux éléments naturels. Mais en avons-nous tiré des leçons ?

« Nous avons plus tendance à nous préparer pour la dernière catastrophe que d’appréhender la prochaine », explique Michel C. Doré, professeur invité au département de géographie de l’Université du Québec à Montréal, lors du 12e colloque sur les risques naturels du Congrès de l’Association francophone pour le savoir. « L’histoire se répète trop souvent en matière de catastrophes naturelles. »

Alors que l’Agence américaine des océans et de l’atmosphère (NOAA) a enregistré un accroissement de l’ampleur des inondations de 76 % au cours des dernières années pour la région du nord-est des États-Unis, il importe de tenir compte de la variabilité naturelle, importante dans nos régions, mais également de passer en mode adaptation.

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Interrogé sur la difficile gestion des présentes inondations québécoises qui affectent plus de 160 municipalités — dont une dizaine ont proclamé l’état d’urgence — et près de 4000 résidences, l’expert pointe du doigt le retard québécois en matière de concertation et la difficulté de viser en priorité le besoin des populations. « Il y a de nombreux problèmes de collaboration et de communication entre les divers intervenants. Par exemple, pourquoi les villes de Montréal et de Laval refusent encore la participation des bénévoles en intervention de secours alors que les besoins sont grands ? ».

Participation des citoyens : entre l’alerte et la résilience

Sur le terrain, la communication n’est pas toujours non plus au rendez-vous : trop ciblée, trop savante, trop centralisée du côté des experts et sans retour possible de la part des citoyens. « Alerter qui pour faire quoi ? », questionne David Didier, étudiant au Laboratoire de dynamique et de gestion intégrée des zones côtières à l’Université du Québec à Rimouski.

Le jeune chercheur remarque qu’en dépit du développement des technologies et de la multiplication des sources d’informations, les catastrophes naturelles continuent de faire leur lot de victimes. « Il y a peu de transfert vers les communautés alors que s’élèvent de nombreuses barrières, comme la baisse de confiance de la population, les problèmes de gouvernance et de communication », relève-t-il.

Comment alors alerter de manière efficace les populations vulnérables ? De nombreux experts peinent à faire, témoigne le directeur du Bureau de Recherches Géologiques et Minières de France, Jean-Christophe Audru. « Malgré les réunions d’information et de sensibilisation, le porte-à-porte, nos multiples campagnes de prévention, nous nous rendons compte que le message ne passe pas et la population applique peu les consignes ou ne participe pas. »

Les réseaux sociaux pourraient être une voie d’accès à une information plus rapide et précise tout en donnant une voix à la population exposée. À titre d’exemple, la page Facebook Surveillance côtière Québec, forte de sa communauté de 1150 abonnés et de 600 membres, se veut un outil orienté vers le besoin des usagers.

« Cette page est un canal de plus pour relayer les alertes et offre une possibilité de participer à ce qui se passe avec transparence et en partageant largement les données », précise la consultante en environnement sur les zones côtières et les changements climatiques, Ursule Boyer-Villemaire.

Cette initiative de science citoyenne pourrait participer à l’amélioration de la résilience des communautés. « Le vrai rétablissement n’est pas de ramener les choses au même niveau, mais plutôt de reconstruire mieux et ailleurs. Il est temps de diminuer la liste des rendez-vous manqués », conclut Michel C. Doré. Associer la population exposée au cycle de gestion des risques naturels, de la surveillance aux secours, ferait partie de la solution.

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