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Au secours, mon chef est un control freak

Si votre n+1 a du mal à déléguer, est hyper perfectionniste, obsédé par les plannings et les reportings, sachez que vous avez affaire à un maniaque du contrôle, autrement dit un control freak. La poisse ? Pas sûr ! On vous aide à gérer la situation.

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"Il était pointilleux, continuellement sur mon dos et il ne me faisait pas confiance !" (Getty Images)
Publié le 28 janv. 2020 à 07:00Mis à jour le 28 janv. 2020 à 09:55

Au début, Arnaud trouvait le comportement de son manager tout à fait normal. "Il venait me voir, me demandait si tout allait bien, si je comprenais toutes les consignes. Il avait même un côté paternel" se souvient ce lyonnais, alors consultant fonctionnel junior dans une grosse ESN.

Le jeune homme finit par déchanter lorsqu’il remarque que son n+1 l’appelle ou vient le voir trop souvent. "Il me demandait tout le temps où j’en étais avec le dossier X alors qu’il n’y avait pas le feu au lac. Il voulait toujours relire les débriefs, même ceux qui ne le concernaient pas directement, il pinaillait sur des points de détails lorsque je lui soumettais des plans de tests, il me demandait d’être encore plus précis quand je réalisais des audits. Le summum, c’est le jour il s’est pointé chez un client à l’improviste alors qu’il savait que je m’y trouvais. Bref, il était pointilleux, continuellement sur mon dos et il ne me faisait pas confiance !"

Le hasard est sa bête noire

Arnaud a compris à postériori qu’il travaillait avec un control freak, le genre de manager braqué sur l’idée que s’il anticipe, vérifie et surveille tout lui-même, rien de fâcheux ne pourra arriver. Dans les faits, il supervise de très près ses collaborateurs, cherche à savoir de façon obsessionnelle ce que chacun fait à tout moment et préfère faire lui-même plutôt que de déléguer pour garder la maîtrise, détaille Frédéric Levy, coach professionnel de dirigeants.

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Le problème c’est que cet inquiet du pire, incapable de lâcher prise, pense souvent bien faire sans mesurer les contrecoups sur l’entreprise (tout contrôler ne rime pas avec productivité), sur son propre bien-être (stress, fatigue, burn-out), ni sur celui de son entourage. Arnaud a tenu deux ans avant de quitter son job. "J’étais infantilisé, frustré et démotivé, et je n’étais pas le seul. Ça m’a rassuré car je commençais à douter de mes propres capacités… ".

Si vous aussi, vous travaillez avec un maniaque du contrôle, voici six conseils pour vous en sortir.

1. Identifiez le spécimen

Sachez d’abord que vous pouvez vous retrouver face à deux catégories de control freak qui parfois n’en font qu’une : l’anxieux pathologique tenaillé selon Frédéric Levy, par une peur irraisonnée et irrationnelle que les autres en sachent plus que lui. "Il manque de confiance en lui, il craint d’être dépassé, de ne plus être à la hauteur, d’où le besoin de tout savoir, de tout contrôler, de ne laisser aucune marge d’autonomie et d’initiative".

Deuxième catégorie : l’angoissé du retour du bâton subissant par obligation la pression de sa propre hiérarchie. "Comme il doit rendre des comptes, il se sent obligé d’être au courant de tout, d’être très exigeant, perfectionniste et d’exercer un contrôle très serré sur ses collaborateurs".

2. Aidez-le

Le control freak n’a souvent pas conscience de son propre comportement. "Ce n’est pas un mauvais manager mais il est victime de lui-même et il sait au fond de lui qu’il a besoin d’aide. Lorsqu’il apprend à avoir confiance en lui, à être plus calme, à lâcher prise, cela modifie son regard et sa posture" affirme Frédéric Levy. Que cette aide provienne d’un coach, de son supérieur ou de vous, cela ne peut que lui être bénéfique.

3. Restez zen

Surtout, ne lui reprochez rien, ne vous plaignez pas. Le control freak a horreur des conflits. Soyez calme et serein. "Ne vous opposez pas frontalement à ce type de manager. Le problème ne vient pas de vous, mais de lui. Ne culpabilisez pas, dédramatisez, soyez conciliant" conseille le coach.

4. Soyez assertif

Pas question pour autant de vous écraser. Faites preuve d’assertivité : affirmez-vous sans être agressif. Dites-lui ce que son attitude provoque en vous et sur vous, en toute honnêteté. "Le control freak en manque de confiance sera agréablement surpris et rassuré par votre aplomb et votre franchise" affirme Frédéric Levy. 

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5. Anticipez

Comme ce manager craint le futur qu’il ne peut maîtriser, c’est à vous de prendre les devants. Soyez la reine de la programmation, le roi des rétro plannings. "Anticipez ! Montrez-lui que vous savez préparer les échéances à venir, que vous avez une vision à court, moyen et long terme".

6. Ecoutez-le

Il vous explique ce qu’il attend de vous, ce qui le préoccupe, il entre dans les détails ? Ecoutez-le ! Identifiez les sources de son stress et reformulez ses attentes et ses exigences. "Cela va vous demander de prendre du recul, ce qui n’est pas forcément simple" admet Frédéric Levy. Mais si vous y parvenez, vous allez calmer ses appréhensions et l’apaiser.

Corinne Dillenseger

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