Etats-Unis : le « plan infrastructures » à l’origine de la remontée des taux d’intérêt réels ?

Publié le 26 février 2021 à 15h49

Didier Borowski

Le plan de relance de 1 900 milliards de dollars (9 % du PIB) n’est pas encore adopté que le Président Biden évoque déjà le vaste programme sur les infrastructures qui va suivre.

Outre les infrastructures traditionnelles, telles que routes et aéroports, figurent au menu des « investissements verts » (recherche dans les nouvelles technologies et énergies alternatives, infrastructures pour véhicules électriques, écologisation des espaces de bureaux) ainsi que des investissements à dimension sociale : distribution d’eau, extension du haut débit, modernisation des écoles dans les zones rurales, aide aux communautés défavorisées et aux travailleurs agricoles. On estime l’enveloppe totale comprise entre 2 000 et 2 500 milliards de dollars.

S’il existe un consensus bipartisan quant à la nécessité d’un programme d’infrastructures massif, il n’y en a pas sur ses modalités (projets et financement). Une fois la croissance bien rétablie, les démocrates voudront probablement remonter en même temps la fiscalité. Sans le soutien des républicains, ils pourront à nouveau recourir au processus de réconciliation budgétaire, qui permet de passer un plan au Sénat à une majorité simple, à compter du 1er octobre, début de la prochaine année fiscale.

Le plan de 1 900 milliards de dollars fait, à juste titre, craindre une surchauffe de l’économie à court terme. Il s’est donc logiquement traduit par une remontée des anticipations d’inflation. De son côté, le plan sur les infrastructures, qui s’étalera sur plusieurs années, aura un impact beaucoup plus durable sur la croissance ce qui tend à faire remonter les taux d’intérêt réels. Symboliquement, le taux d’intérêt réel à 30 ans vient de repasser en territoire positif. Et ce n’est sans doute qu’un début !

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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