Ecole : infirmiers et médecins formés au dépistage de la myopie

LE FAIT DU JOUR. C'est une expérience, lancée jeudi, qui doit s'étendre à toute la France. Des médecins scolaires formés pour détecter les enfants myopes. Et ils sont nombreux !

Créteil (Val-de-Marne), hier. Deux cents infirmiers et médecins scolaires ont assisté à une journée « bien voir à l’école ».
Créteil (Val-de-Marne), hier. Deux cents infirmiers et médecins scolaires ont assisté à une journée « bien voir à l’école ». LP/AGNÈS VIVES

    Carnet et stylo en main, ils prennent des notes, posent des questions et passent de salle en salle, tels des étudiants studieux. Et pourtant, certains ont des dizaines d'années d'expérience. Jeudi, 200 infirmiers et médecins scolaires de l'académie de Paris se sont retrouvés à Créteil (Val-de-Marne), au centre de recherche et d'innovation d'Essilor, pour une journée de formation sur le « bien voir à l'école ». Première étape d'une expérience pilote, portée par Vision for Life, le fonds caritatif du leadeur mondial des verres correcteurs. Un projet né en septembre 2015 lors d'un échange avec la ministre de l'Education sur les problèmes de vue et le décrochage.

    « C'est un vrai sujet de politique de santé. Il est de notre responsabilité de permettre l'accès au bien-voir », souligne la présidente de la Fondation, Aïcha Mokdahi.

    Dans les salons feutrés d'Essilor, après les exposés de spécialistes, les ateliers pratiques s'enchaînent. « On a l'habitude des formations un peu rébarbatives. Mais là, c'est très intéressant », sourit Sonia Le Vehy-Chrone, infirmière au collège Dorgelès, qui vient de tester sa vue. Dans l'atelier « lumière », sur les effets négatifs de la lumière bleue, celle des écrans, les questions fusent. « La taille de l'écran, ça joue ? » « Si la pièce est allumée, c'est mieux ? » « Et les lampes de luminothérapie, c'est dangereux ? » « Rien n'est mieux que la lumière du jour, sinon il faut privilégier les sources de lumière blanc chaud », insiste Coralie Barrau, ingénieur.

    Pour tous les élèves

    Les intervenants sur la myopie et les dépistages ont beaucoup de succès. « On se rend compte que l'installation des élèves pour l'examen oculaire dans nos infirmeries n'est pas toujours adaptée », relève Sabrina El-Habi, du collège Victor-Hugo. « C'est un bon moyen de remettre à jour nos connaissances, conclut Patricia Levé, infirmière au lycée Pierre-Gilles-de-Gennes. Je ne pensais pas qu'un élève en échec scolaire, ça pouvait être lié à des problèmes de vue. »

    D'autres font part de leur vécu : combien, une fois le dépistage accompli, la prise en charge peut s'avérer longue et délicate. « On avise les parents. Mais on a très peu de retours », évoque l'infirmière du collège Besson. A ce jour, sur les 49 élèves de 6e dépistés, 11 avis ont été envoyés avec seulement 5 retours. Sans parler de l'aspect financier. Certaines familles, par pudeur, n'osent pas demander des aides. En septembre, ce collège et probablement le collège Utrillo poursuivront l'expérience lancée par Essilor avec l'Education nationale. Tous les élèves bénéficieront d'un dépistage, d'un examen avec les ophtalmologistes de la Fondation Rothschild. Et pour ceux qui auraient besoin de lunettes — mais pas forcément les moyens —, Essilor fournira l'équipement. Une idée qui fait son chemin. L'académie de Créteil est déjà intéressée.