« Viol, la honte doit changer de camp », Saphisme ou réalité ?
Le combo Osez le Féminisme, le Collectif féministe contre le viol et Mix-Cité a beaucoup critiqué la campagne initiée par Ni Putes ni Soumises à l’occasion de la Journée Internationale des violences faites aux femmes, « En jupe et pas soumise », arguant que la jupe, loin de symboliser l’émancipation de la femme, représentait plutôt sa soumission à l’homme et sa fidèle obéissance à un ordre patriarcal. Et reproché à Sihem Habchi de ne pas rejoindre l’initiative dont je viens vous causer. Ni Putes Ni Soumises ciblent les problèmes des banlieues, banlieues dans lesquelles, porter une jupe relève de l’acte politique. Replacée dans son contexte la campagne revêt du coup une autre résonnance.
Osez le Féminisme, le CFCV et Mix-Cité se « positionnent », elles, sur le viol. Et cela au gré d’une campagne très explicite, griffée d’une signature très percutante et très juste « Viol, la honte doit changer de camp ». Un site internet www.contreleviol.fr , un film, une campagne d’affichage, une page Facebook, Twitter… A noter, et particulièrement éclairantes, les 10 idées reçues sur le viol : http://www.contreleviol.fr/viol-en-france/10-idees-recues-sur-le-viol
Des chiffres. 9 femmes sur 10 connaissent leur agresseur. En France, elles sont 75 000 à avoir été victimes. Seules 10% d’entre elles portent plainte. Et, par ricochet, seuls 2% des agresseurs sont condamnés. Bref, je vous enjoins vivement à aller signer la pétition sur le site.
Spot 1+2+3 "Campagne contre le viol" à faire tourner
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En tant qu’observatrice des différentes mouvances, je m’interroge sur ces campagnes. De même que l’on peut, à juste titre, s’interroger sur le fait que la jupe symbolise l’émancipation des femmes, en quoi les relations homme-femme peuvent-elles être représentées par le viol ? Le film montre des hommes prédateurs: le patron vieux dégueulasse, l’homme de ménage maghrébin (que faut-il y voir ?...), le mari dominateur et bien macho, qui semble laisser à sa femme le soin de débarrasser la table etc. Gros plans sur tout ce qui de près ou de loin revêt quoi que ce soit de phallique ou tendancieux: la poignée de porte, la serrure de la boite aux lettres, le bouton de l’ascenseur. Puis le huis clos.
La campagne ne respire pas vraiment le « vivre ensemble », et je trouve cela dommage. Sans doute la rigueur anti-mec quasi orthodoxe des parties prenantes de la campagne y est-elle pour beaucoup. Si je salue l’initiative, et le propos global – parce qu’il faut en finir avec le viol - j’apprécie moins cette vindicte.
« Le viol suppose que les femmes sont à la disposition des hommes pour satisfaire des besoins sexuels soi-disant supérieurs ou naturels. Il est le signe d’une société profondément sexiste (…) Une sexualité « conquérante » est fortement légitimée dans notre société pour les hommes, tandis que l’expression du désir féminin est limité et encadré par plusieurs formes de réprobation sociale.» Un appel au saphisme ? Le retour des amazones ?
Mise à jour du 29/11/10 : "Combattre le viol c'est s'attaquer à la domination masculine"...pas anti-mec ça ?