« J’ai la passion des Percherons et j’ai un profond respect pour cette race », confie Michel Frenard, éleveur à Saint-Germain-de-la-Coudre (Orne). « Je suis la quatrième génération de ma famille à élever des Percherons. Avant moi, mon père ou mon grand-père ont toujours sélectionné des chevaux de cette race ».
Une histoire de famille
Cette passion s’est depuis transmise à sa fille, puis à son petit-fils, Thomas Bellefontaine. Ce dernier est, en effet, la 6e génération. Il accompagne son grand-père lors de concours ou lors des visites de l’exploitation.
À 18 ans, il sait déjà qu’il reprendra le flambeau dans quelques années, après ses études pour devenir vétérinaire. « C’est quelque chose dont j’ai envie ».
De quoi permettre de faire vivre encore la race sur ses terres historiques. Berceau de cette race de cheval de trait, la région du Perche pourrait voir le nombre de ses représentants diminuer. « Le problème que l’on risque de rencontrer dans les prochaines années, c’est que les élevages sont tenus par des retraités comme moi. »
Si la jeune génération ne poursuit pas l’élevage du Percheron, la race va se raréfier.
Ce dernier ne pense pas, cependant, que la race disparaîtra, car « il restera toujours des irréductibles » comme lui et sa famille pour en élever et perpétuer la tradition.
Un déclin qui ne date pas d’aujourd’hui
La diminution du nombre de chevaux percherons de la race ne date pas d’aujourd’hui. « Le Percheron est connu comme étant un cheval fort et élégant qui peut tirer de lourdes charges », souligne Michel Fernand.
Le déclin de la race a commencé après la Seconde Guerre mondiale. Les Percherons ont commencé à être remplacés par les tracteurs.
Jusqu’au début des années 1990, les Percherons ont ensuite été principalement utilisés de deux façons : les beaux spécimens servaient à la reproduction et les autres allaient à l’abattoir. « Un jour à la télé, Brigitte Bardot demande aux Français de ne plus manger de viandes de cheval. Quelques jours plus tard, la consommation a chuté de 50 % ».
Bien qu’amoureux de la race, Michel Frenard comprenait que des agriculteurs vendaient leurs Percherons « pour des raisons économiques ». « Souvent, ils vendaient leur vieux cheval pour racheter un poulain.»
Michel Frenard est installé depuis 1969 au Moulin Du Buat à Saint-Germain de la Coudre. Il y a repris l’exploitation de ses beaux-parents. « Les Percherons ne m’ont jamais permis de vivre. Et on ne peut pas en vivre. Ce sont les vaches laitières de l’exploitation qui apportent un revenu », signale-t-il.
« C’est aussi pour ça que la race diminue, car elle n’a pas de raisons économiques ». De temps en temps, l’élevage Du Buat propose des balades en attelage. « Avoir des Percherons, ça reste avant tout un plaisir pour moi. C’est une passion », confie Michel Frenard.
Une couleur qui change au fil des années
À l’élevage Du Buat, dix juments percheronnes vivent en liberté dans des prés. Toutes, sauf une, sont issues de l‘élevage familial. « Je garde toujours toutes mes pouliches. Il m’arrive parfois de vendre les moins jolies. Je vends toujours les mâles quand ils ont atteint l’âge de six mois ».
La plus jeune de l’élevage est Moon, née cette année. « Je vais la garder, car elle a de bons critères ». Quatre naissances sont d’ores et déjà prévues pour l’an prochain. « Ça m’arrive parfois d’acheter une jument quand j’ai un coup de cœur ». Une jument peut se vendre entre 5 000 et 8 000 euros. « Il y a plusieurs critères qui rentrent en jeu comme l’âge ou la couleur de la robe ».
Comment la robe du Percheron évolue au fil des années :
Michel et son petit-fils Thomas ont, par ailleurs, tous les deux des liens particuliers avec les Percherons. « J’aime dire que c’est grâce au lait d’une jument que m’avait donné ma mère que j’ai survécu à la coqueluche nourrisson ». Thomas lui partage son anniversaire avec Khéops. « Elle est née le 3 mai comme moi. Mon grand-père me l’a offert ».
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