NUCLEAIREUne étude pour évaluer la santé des riverains de centrales nucléaires

Une étude pour évaluer la santé des riverains de centrales nucléaires

NUCLEAIREAux Etats-Unis, des scientifiques vont étudier les effets de la proximité d'une centrale nucléaire sur la santé...
Un voisin de la centrale nucléaire de Braidwood, aux Etats-Unis, après la fuite qui a pollué les eaux, en mars 2006.
Un voisin de la centrale nucléaire de Braidwood, aux Etats-Unis, après la fuite qui a pollué les eaux, en mars 2006. - BRIAN KERSEY/SIPA
© 2011 AFP

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«Je suis l'une des statistiques que vous allez étudier», lance Sarah Sauer à des scientifiques qui préparent une étude d'envergure sur la santé des riverains de centrales nucléaires aux Etats-Unis, sur fond d'inquiétude quant à une multiplication des cancers. Sarah Sauer avait sept ans quand son cancer du cerveau a été diagnostiqué. Dix ans plus tard, ses parents sont convaincus, enquête empirique à l'appui, que la présence de deux centrales nucléaires dans leur voisinage est responsable de la maladie de leur fille, mais aussi d'autres cas de cancers chez des enfants de leur petite ville de l'Illinois (nord).

Des cancers dans toutes les maisons situées à moins de 400 mètres d’une fuite

L'une des centrales, Braidwood, a laissé pendant des années échapper de l'eau radioactive dans l'environnement. Des cas de cancers sont apparus dans toutes les maisons situées à moins de 400 mètres de la fuite, selon une étude informelle effectuée par les habitants eux-mêmes. L'autorité de régulation nucléaire américaine (NRC) affirme que la radioactivité rejetée était en deçà des niveaux officiels de danger. Mais au moment où la catastrophe nucléaire au Japon a ravivé l'inquiétude du public sur les risques de l'énergie atomique, les autorités sont en train de lancer les bases d'une étude consacrée aux conséquences des faibles niveaux de radioactivité dégagés par les centrales sur la santé humaine.

«Ce sont des questions complexes», explique John Burris, un biologiste à la tête du groupe d'étude mis en place par l'Académie américaine des sciences, première étape d'une étude que la NRC devra ensuite décider de financer. La collecte des données pourra alors commencer, dans ce qui s'annonce comme une entreprise de longue haleine. «Jusqu'ici, il n'y a aucune preuve scientifique que de très faibles niveaux de radiation puissent provoquer des problèmes de santé», assure Viktoria Mitlyng, porte-parole de la NRC dans l'Illinois. Les autorités promettent que les 65 centrales nucléaires américaines sont sûres et que la fuite de Braidwood était un cas unique. «Moins d'un pour cent (des expositions à la radioactivité) proviennent de secteurs comme l'énergie nucléaire. S'il est démontré que cette quantité a un effet direct sur la santé humaine, nos règles devraient changer», concède Viktoria Mitlyng.

Des catastrophes «au jour le jour»

Mais les parents de Sarah Saurer se sont déjà fait une opinion. M. Saurer, un gynécologue diplômé de génie biomédical, a effectué sa propre étude en utilisant des statistiques publiques. Il est arrivé à la conclusion que les cas de cancers rapportés à la population étaient plus fréquents dans un rayon de 25 km autour des centrales de Braidwood et Dresden, également installée dans la région, que dans le reste de l'Etat. Témoignant cette semaine devant le groupe d'étude à Burr Ridge, une banlieue de Chicago, il a affirmé avoir essayé de soumettre les résultats aux responsables locaux de la santé publique. En vain. «Le monde entier a été captivé par la catastrophe au Japon. Cela a attiré l'attention sur le risque de vivre près d'une centrale nucléaire», remarque-t-il. Mais «je suis plus inquiet de la catastrophe qui se déroule au jour le jour dans ces centrales. A long terme, elles provoquent de gros dégâts (pour la santé) des gens».

Sarah Saurer, qui ne fait pas son âge avec sa petite taille et son visage enfantin, lance un plaidoyer aux scientifiques: «Je veux vous rappeler à quel point il est important de protéger les gens des choses dangereuses qui sont déversées dans notre environnement». «J'espère qu'au cours de cette étude, vous vous souviendrez pour qui vous l'effectuez: ce sera pour moi et tous les autres jeunes et adultes qui vivent près des centrales nucléaires», ajoute-t-elle, la voix tremblante.

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