L'ordinateur le plus dangereux au monde vendu 1,35 million de dollars aux enchères
L'artiste Guo O Dong a truffé un appareil Samsung avec six des virus informatiques les plus ravageurs des deux dernières décennies.
Par Nicolas Richaud
L'art a ses raisons que la raison ignore. L'ordinateur présenté comme « le plus dangereux du monde » vient d'être vendu aux enchères moyennant la bagatelle de 1,345 million de dollars.
A première vue, l'appareil ne paie pas de mine. Il s'agit d'un mini-ordinateur portable (« netbook ») Samsung NC10 commercialisé par le groupe sud-coréen il y a une dizaine d'années.
Sauf que l'artiste Guo O Dong a truffé ce modèle avec six des virus informatiques les plus ravageurs des deux dernières décennies : ILOVEYOU, MyDoom. A, Sobig, DarkTequila, BlackEnergy, et le bien connu WannaCry qui avait défrayé la chronique en 2017. Ce rançongiciel (« ransomware ») avait infecté des centaines de milliers d'ordinateurs dans plus de 150 pays.
« La Persistance du chaos »
Selon les estimations de Guo O Dong, ce cocktail de virus composé par ses soins - on notera notamment l'absence du tout premier, Creeper (remontant à 1971), ou du plus récent Petya - aurait généré 95 milliards de dollars de pertes économiques dans le monde.
L'artiste a collaboré avec l'entreprise de cybersécurité Deep Instinct qui lui a fourni « les virus et l'expertise technique ». Avec sa création, Guo O Dong entend symboliser et dénoncer les dégâts que les virus informatiques peuvent engendrer dans le monde « réel ». Raison pour laquelle l'artiste a surnommé son oeuvre « La Persistance du chaos ».
« Nous avons cette fantaisie de penser que ce qui se passe dans les ordinateurs ne peut pas nous affecter, mais c'est absurde. Les virus qui affectent les réseaux électriques ou les infrastructures publiques peuvent causer des dommages directs », a-t-il expliqué au site américain « The Verge ». Un danger qui reste d'actualité. Il y a deux semaines, le géant Microsoft a alerté publiquement sur les risques d'un nouveau WannaCry.
A noter que l'heureux nouveau propriétaire de ce Samsung NC10 ne court aucun risque en l'utilisant. Tout du moins à la condition de ne pas insérer de clef USB. Et de ne pas se connecter au Wi-Fi. A bon entendeur.
Nicolas Richaud