Ces bâtiments brestois inscrits ou classés aux monuments historiques

Par David Cormier

Neuf bâtiments sont inscrits (sept) ou classés (deux) au titre des monuments historiques, à Brest. Les explications d’Olivier Thomas, architecte des bâtiments de France.

Le château de Brest, qui abrite musée de la Marine et préfecture maritime, est classé aux monuments historiques depuis 1923.
Le château de Brest, qui abrite musée de la Marine et préfecture maritime, est classé aux monuments historiques depuis 1923. (Le Télégramme/David Cormier)

À Brest, le château, bien sûr, devenu musée et préfecture, deux églises bien particulières, la gare et l’hôpital Morvan, témoignages de l’Art déco, le monument dit américain et, plus surprenant, l’auberge de jeunesse ont chacun leur intérêt architectural. Ces neuf édifices sont protégés (inscrits ou classés) au titre des monuments historiques.

Le Château de Brest, siège de la préfecture maritime.
Le château de Brest, siège de la préfecture maritime. (Le Télégramme/David Cormier)

1 Le château

Le château (classé en 1923) « est la seule forteresse militaire au monde à être occupée de façon continue depuis autant de temps. Elle a été créée au IIe siècle après J.-C., à l’époque gallo-romaine : il en reste la base des remparts », explique Olivier Thomas, architecte des bâtiments de France. Jusqu’au XVIe siècle, Brest tenait dans ses murs. « Il est le témoin de l’évolution militaire, au Moyen Âge par exemple. Vauban l’a ensuite adapté fortement. La Seconde Guerre mondiale l’a abîmé, mais la structure reste bien là ». Le château accueille actuellement la préfecture maritime de l’Atlantique et le musée de la Marine. Seul le musée est visitable.

Eglise Saint-Louis.
L’église Saint-Louis. (Le Télégramme/David Cormier)

2 L’église Saint-Louis

La commission d’art sacré a demandé, pour la reconstruction d’après guerre de l’église Saint-Louis (inscrite en 2018), une vision plus moderne que le style traditionnel d’une église. L’ancienne a été rasée et on n’a gardé que le socle du massif occidental. Volumineuse, sobre, épurée, Saint-Louis donne la priorité à la lumière. « Comme une boîte à lumière focus sur le chœur », insiste l’architecte des bâtiments de France, Olivier Thomas. L’église de Guipavas, inscrite aussi, a eu le même architecte principal, Yves Michel. À la pierre jaune de Logonna, au verre et au béton, elle ajoute le schiste. Saint-Louis est l’église reconstruite la plus grande de France ». Passera-t-elle du statut d’inscrite à celui de classée ? Le dossier est en cours d’instruction.

Le monument américain.
Le monument américain. (Le Télégramme/David Cormier)

3 Le monument américain

Le « Naval monument » du cours Dajot (inscrit en 2015) rappelle l’intervention américaine en 1917, l’arrivée des troupes à Brest. C’est là qu’a débarqué le président Wilson fin 1918, puis un an plus tard pour signer le traité de Versailles. Les Américains ont demandé à Brest ce monument, construit dans les années 30. Les Allemands l’ont démoli durant la Seconde Guerre mondiale. Ils ont construit un bunker, toujours présent (avec deux portes) sous le monument reconstruit. Son côté mémoriel, sa verticalité devant les remparts horizontaux et sa position dominante sur le port lui ont valu d’être inscrit aux monuments historiques.

L'hôpital Morvan.
L’hôpital Morvan. (Le Télégramme/David Cormier)

4 L’hôpital Morvan

Construit dans les années 30, au temps de l’Art déco plus ou moins triomphant, l’hôpital Morvan voit une partie de ses locaux inscrits au titre des monuments historiques (en 1997). « Il fallait faire, à l’époque, un hôpital moderne, dans l’esprit hygiéniste, par rapport à ceux des congrégations religieuses du XIXe siècle », selon Olivier Thomas. « Il fallait de l’espace, de la lumière, un espacement entre les patients variable selon les maladies, une vision dans le style sanatorium ». Côté est, en face de la grande surface, une partie est inoccupée. Les locaux de l’hôpital ne sont pas tous en bon état, des travaux se succèdent.

La gare de Brest
La gare de Brest. (Le Télégramme/David Cormier)

5 La gare

L’ancienne gare de Brest a été construite dans les années 1860, dans l’esprit industriel. L’actuelle, d’inspiration Art déco, l’a été dans les années 30. L’architecte était Urbain (un prénom prédestiné) Cassan. Elle a donc été reconstruite à l’identique après la guerre. Seul un bas-relief a été laissé endommagé, en mémoire des bombardements. La gare (inscrite en 2018) a récemment été remise en valeur. « J’ai suggéré à la SNCF d’éclairer la tour la nuit, elle y réfléchit », indique l’architecte des bâtiments de France. « C’est une gare terminus, ce n’est pas fréquent dans une grande ville ».

L'auberge de jeunesse.
L’auberge de jeunesse. (Le Télégramme/David Cormier)

6 L’auberge de jeunesse

L’auberge de jeunesse de Brest, située au Moulin-Blanc, est – c’est peu connu – désormais inscrite (depuis 2018), et cela a fait débat. N’est-ce pas trop tôt, a-t-on assez de recul pour une construction du début des années 80 ? « J’ai donné un avis favorable à la commission parce que la démarche de l’architecte était complète et exemplaire. L’intégration par rapport au site, au jardin, le souci du détail avec du mobilier dessiné d’emblée, comme des tables fixes dans un mur ou des radiateurs servant de garde-corps », raconte Olivier Thomas. Roland Schweitzer et Philippe Jean ont signé l’architecture de ce bâtiment.

Eglise Sainte-Thérèse du Landais.
L’église Sainte-Thérèse-du-Landais. (Le Télégramme/David Cormier)

7 L’église Sainte-Thérèse-du-Landais

Cette église d’après-guerre, située rive droite, présente la particularité d’avoir un plan rond. Une rareté en Bretagne qui lui vaut l’inscription aux monuments historiques en 2019. « La qualité des matériaux, le béton du clocher, l’anneau de vitraux qui encercle tout le volume, le reste étant habillé de schiste », détaille Olivier Thomas. « L’église a amorcé la construction de ce nouveau quartier, à la place des baraques. Elle illustre la recherche technique, artistique et liturgique de l’après-guerre. Son architecte est Louis Freyssinet, issu d’une famille qui a beaucoup participé à la reconstruction, y compris au Havre ».

Le Bâtiment aux lions.
Le bâtiment aux Lions. (Le Télégramme/David Cormier)

8 Le bâtiment aux Lions

En cours de restauration, ce bâtiment (classé en 2011), situé entre l’ancienne prison maritime de Pontaniou et les anciens ateliers des Capucins, abritait notamment le bitume destiné à calfater (rendre étanches) les coques en bois. Il date de 1810 environ, sous Napoléon Ier. « Il a été bien pensé, avec un système de sécurité incendie », précise Olivier Thomas. « Les eaux de pluie venant des rues alentour (de Saint-Malo notamment) arrivaient dans une réserve, les têtes de lion, récemment redorées à la feuille, qui servaient de gargouilles d’évacuation ». Aujourd’hui, on marche sur le bâtiment, rue de Pontaniou, mais il n’est pas accessible.

La villa Mathon, de l'ancien architecte du centre de Brest.
La villa Mathon, conçue par l’architecte qui a dessiné la reconstruction du centre de Brest. (Le Télégramme/David Cormier)

9 La villa Mathon

L’architecte en chef de la reconstruction de Brest, Jean-Baptiste Mathon, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, « a dessiné et construit cette villa (inscrite en 1995). Elle est intimiste, on la voit à peine de la rue Poullic-al-Lor, derrière la chambre de commerce et d’industrie. Il a tout dessiné : cuisine, salle de bains, mobilier, jardin… », selon Olivier Thomas, architecte des bâtiments de France. La maison est privée. Elle est inscrite du fait de la réputation de son concepteur, « et parce qu’elle est particulièrement représentative d’une maison de la reconstruction ».

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