Deux ans. C’est le temps qu’il a fallu au fonds d’investissement français PAI Partners pour boucler une levée de 3,3 milliards d’euros. « Le plafond initial de 3 milliards d’euros a été dépassé afin de répondre à la forte demande des investisseurs », précise le financier dans un communiqué diffusé vendredi 13 mars.
Le fonds PAI Europe VI succède à PAI Europe V, qui avait rassemblé 2,7 milliards d’euros en 2008 et avait notamment investi dans le roi de la location de matériel, Kiloutou. Cette enveloppe étant vide, la société de gestion dirigée par Lionel Zinsou avait repris son bâton de pèlerin afin de convaincre les fonds de pension et autres grandes fortunes de lui confier à nouveau leur argent pour plus de cinq ans, avec la promesse de leur délivrer un rendement supérieur à 20 %.
Un embouteillage. Selon les calculs du spécialiste des fonds d’investissement Palico, un record de 2 209 fonds sollicitaient en février les investisseurs pour réunir 811 milliards d’euros. Mais l’appétit est aussi considérable. « Aujourd’hui, la moitié des actifs fait peur aux investisseurs et l’autre ne rapporte rien. Le paradoxe, c’est que le capital-investissement est devenu une valeur refuge », analyse Antoine Dréan, fondateur de Triago, un agent de fonds.
Mais même si l’exercice de séduction s’est avéré lent et ardu, les investisseurs ayant été en outre échaudés par une crise de gouvernance chez PAI en 2009, le plus dur commence pour le financier tricolore. « La difficulté principale pour tous les fonds reste de trouver de bons actifs à un bon prix. Le marché est tellement favorable à la vente qu’il en devient complexe à l’achat », reconnaît Michel Paris, l’un des associés, appelé à prendre la succession de Lionel Zinsou à la tête de la société de gestion, à la fin 2015.
« Marché sélectif »
« Nous suivons en permanence l’ensemble des situations possibles. Sur le papier, il y en a pléthore. Mais dans les faits, il y a beaucoup d’actifs médiocres, de dossiers de petite taille ou encore très compliqués à mettre en œuvre », poursuit-il. Du coup, les très beaux actifs s’arrachent à des prix élevés.
En fait, près de 25 % du fonds VI a déjà été investi, à travers six opérations, grâce à une première clôture à 1,4 milliard d’euros en janvier 2014. « Nos investisseurs sont très contents », assure M. Paris. PAI a mis la main, en association avec Carlyle, sur les capteurs vendus par Schneider dès avril 2014. Dans la foulée, il rachetait Euro Media Group (EMG), le leader de la prestation de services audiovisuels en Europe. En juin 2014, il a également pris une participation dans Labeyrie, au côté de la coopérative Lur Berri.
« Par rapport aux excès de 2007, le marché est plus sélectif. Les montants de dette restent raisonnables mais c’est vrai qu’ils montent partout », note M. Paris. Pour éviter l’inflation des prix, la stratégie des fonds en général est d’éviter les grandes enchères compétitives. PAI n’a pas participé à la bagarre pour la reprise des 6,5 milliards d’euros d’actifs vendus par les cimentiers Lafarge et Holcim, et finalement emportée en févier par l’irlandais CRH. Le fonds tricolore n’a pas prévu non plus de s’intéresser au numéro trois mondial des emballages en verre, Verallia, mis en vente par Saint-Gobain.
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