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Les personnalités publiques comme Jacques Chirac ou Claire Chazal, pour ne citer que ces exemples récents, sont régulièrement la cible de rumeurs infondées sur Twitter. Que l'on annonce leur mort ou quelque autre actualité bidon, le résultat est le même : le mécanisme du buzz s'emballe et peut aller jusqu'à égratigner la crédibilité de certains médias qui reprennent l'information à leur compte. Il est vrai qu'avec plus de 270 millions de comptes actifs dans le monde (sur lesquels les utilisateurs se connectent au moins une fois par mois), et une moyenne de 500 millions de tweets publiés chaque jour, l'influence de Twitter pèse de plus en plus dans la sphère médiatique. L'actualité récente a d'ailleurs mis "à l'honneur" les messages d'internautes présents sur place avant les médias, comme ce fut le cas lors des attentats de Madrid et de Boston. Plus tragiquement, des organisations terroristes telles que l'État islamique utilisent la plateforme pour donner de la visibilité à leur action, semer la terreur et recruter, comme le démontre le triste exemple de la diffusion de la vidéo de l'exécution par des djihadistes du journaliste américain James Foley.
Respecter des règles de bon sens
Il convient donc de rappeler aux internautes quelques précautions élémentaires afin de ne pas contribuer à la diffusion d'informations erronées, voire néfastes. En effet, en tant qu'utilisateurs de Twitter, nous avons tous une responsabilité. Sur les réseaux sociaux, l'utilisateur est considéré comme responsable de ses publications et peut être sanctionné. Pour cela, le moteur de recherche de Twitter, très puissant, permet des recherches approfondies pour remonter jusqu'à l'auteur d'un tweet.
Il est si facile de partager du contenu, grâce au caractère viral de la fonction "retweet", que la rapidité de la transmission de l'information peut avoir des effets pervers si on n'y prend pas garde. "Face à un tweet qui attire notre attention, certaines règles de bon sens sont à respecter : recouper l'information et vérifier l'identité de l'auteur", explique Erwan Le Nagard, spécialiste de site de microblogging, auteur du livre Twitter publié aux éditions Pearson. Le réseau social certifie par exemple les comptes de célébrités et de marques grâce à une petite icône située à proximité du nom de l'utilisateur. Attention cependant, toutes les marques et toutes les célébrités ne disposent pas de cette certification. Il faut aussi faire preuve d'un peu de second degré lorsque l'on a affaire à des comptes ouvertement parodiques. "Lord Voldemort, William Shakespeare, ou encore la reine d'Angleterre publient des tweets souvent très décalés !" poursuit Erwan Le Nagard. Prendre du recul est ainsi la moindre des choses si l'on ne veut pas se retrouver ridiculisé, à l'instar de Christine Boutin qui, en février 2014, avait cité sans sourciller un article du site parodique Le Gorafi en direct sur BFM TV.
Une responsabilité collective
Dans certains cas, il incombe aux autorités compétentes d'agir. Ainsi, après la publication de la vidéo de l'exécution de James Foley, le P-DG de Twitter Dick Costolo a annoncé que le réseau social suspendrait les comptes qui posteraient des images choquantes de la vidéo. À leur échelle, les usagers de Twitter ont eux aussi tenté d'arrêter la propagation des images en utilisant le hashtag #ISISmediablackout (black-out médiatique contre l'EI) pour encourager les internautes à éviter de faire malgré eux la publicité de l'organisation.
La presque totale liberté de parole que les réseaux sociaux offrent à leurs utilisateurs leur donne aussi une part de responsabilité, dont les contours se dessinent chaque jour un peu plus. "Dans un tel contexte, les responsabilités ne sont plus le fait de petits groupes de privilégiés ou d'individus seuls, mais d'un collectif", résume Jean-Henry Morin, spécialiste des problématiques liées au numérique, dans son livre La Responsabilité numérique publié aux éditions FYP, tout en rappelant que "s'il fallait revenir à un monde sans technologies de l'information, cela plongerait l'humanité dans un profond chaos du simple fait de la nature numérique de la quasi-totalité des prestations qui sous-tendent nos activités socio-économiques. Le point de non-retour ayant été franchi il y a déjà longtemps, la question n'est plus de savoir "si", mais "comment" vivre à l'ère du numérique.