Voilà que débarque « un enchérisseur surprise dans la bataille pour T-Mobile US » : c'est ainsi que le Wall Street Journal a révélé jeudi 31 juillet qu'Iliad, maison mère de l'opérateur Free, a formulé une offre de rachat de la filiale américaine de T-Mobile, quatrième opérateur téléphonique aux Etats-Unis. Le groupe français a confirmé ces informations.
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Iliad déclenche ainsi « la guerre des offres avec Sprint », un autre opérateur américain qui a, lui aussi, des vues sur son concurrent, titre le site ZDNet.
La presse américaine voit dans cette annonce l'empreinte du patron d'Iliad, Xavier Niel, parmi les dix premières fortunes de France et actionnaire du Monde à titre individuel, qualifié de « fauteur de troubles » par le Wall Street Journal. Selon le quotidien, le « self-made milliardaire espère avoir le même effet perturbateur qu'en France, où il a été une épine douloureuse dans le pied des autres opérateurs téléphoniques du pays » lors de son arrivée fracassante sur le marché en 2012.
« Pour passer de propriétaire d'un service de Minitel rose à l'un des hommes les plus riches de France, Xavier Niel a dû tenter plusieurs coups de poker, rappelle l'hebdomadaire Business Week. Son dernier coup, une offre de 15 milliards de dollars [11,2 milliards d'euros] pour le contrôle de T-Mobile US, est le plus audacieux jusqu'à maintenant. »
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« LA BATAILLE DES FRANCS-TIREURS »
Mais l'homme d'affaires fait face à un concurrent sérieux en la personne de Masayoshi Son, le fondateur et patron de SoftBank, actionnaire majoritaire de Sprint. « C'est la bataille des francs-tireurs », décrit le site PC Magazine, qui développe :
« Iliad et Softbank ont beaucoup en commun : ils sont tous les deux dirigés par leurs fondateurs, des grandes gueules génies du business high-tech et qui ont bouleversé le secteur des télécoms dans leurs pays en cassant les prix et des politiques favorables aux consommateurs. »
Il s'agit d'un « choc entre deux personnalités », abonde le Wall Street Journal.
« PAS LA PUISSANCE DE FEU DE SOFTBANK ET SPRINT »
Ce n'est en effet pas une bataille gagnée d'avance pour Xavier Niel et son groupe. « L'approche d'Iliad soulève beaucoup de questions, notamment comment un groupe pesant 16 milliards de dollars [12 milliards d'euros] peut racheter une société dont la valeur était estimée à 25 milliards de dollars avant que l'offre soit formulée », écrit le Wall Street Journal, qui ajoute que, « s'il a certainement les tripes pour réaliser l'opération, Xavier Niel n'a pas la puissance de feu de SoftBank et Sprint, qui aurait proposé 32 à 40 milliards de dollars pour T-Mobile [contre 15 milliards pour Iliad] ».
Autre handicap pour Xavier Niel, selon le quotidien : « Avec Iliad, il n'a réalisé qu'une seule acquisition en vingt ans. Le groupe n'a pour l'instant aucune activité hors de France et n'a aucune expérience dans l'intégration d'une société de la taille de T-Mobile US. »
Malgré tout, l'offre d'Iliad a un avantage de taille en rencontrant probablement « moins de réticences du côté des autorités américaines », affirme l'agence Bloomberg. En effet, les régulateurs antitrust « ont déjà mis en garde contre trois opérateurs téléphoniques nationaux au lieu de quatre actuellement », une situation qui se produirait si Sprint fusionnait avec T-Mobile.
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