Tout ce qu'il faut savoir sur le bitcoin...

La monnaie virtuelle souffre d'idées reçues qui ne lui rendent pas justice. Si les dérives existent, cette monnaie offre la perspective d'une technologie naissante.

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Les 2 et 3 juillet derniers, les gendarmes de la section de recherches du Midi-Pyrénées démantelaient une plateforme illicite d'échange de bitcoin. Une opération qui vient entacher la réputation déjà sulfureuse de la monnaie virtuelle.
Les 2 et 3 juillet derniers, les gendarmes de la section de recherches du Midi-Pyrénées démantelaient une plateforme illicite d'échange de bitcoin. Une opération qui vient entacher la réputation déjà sulfureuse de la monnaie virtuelle. © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Temps de lecture : 4 min

Les 2 et 3 juillet derniers, les gendarmes de la section de recherches du Midi-Pyrénées démantelaient une plateforme illicite d'échange de la monnaie virtuelle bitcoin, une première en Europe. En effet, le site mis en cause ne bénéficiait d'aucun agrément de l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), indispensable pour exercer toute activité de vente ou d'achat de bitcoin en France, et servait très probablement à alimenter des trafics douteux. Une opération qui vient entacher la réputation déjà sulfureuse de la monnaie virtuelle. Ne serait-elle donc qu'un outil au service de dérives criminelles ? Loin de là. Si les risques existent - sans pour autant être propres au bitcoin, puisque les criminels ne l'ont pas attendu pour contourner la loi -, l'aspect décentralisé de la monnaie virtuelle présente aussi de nombreux avantages, que les initiés entrevoient avec passion.

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Pour tout comprendre au bitcoin, lire notre article, Bitcoin : révolution monétaire ou pyramide à la Madoff ?

Un cadre légal hésitant en France...

Aujourd'hui en France, la plupart des start-up et des projets entrepreneuriaux qui s'intéressent à la monnaie virtuelle tournent autour de l'achat et de la sécurisation des portes-monnaies bitcoin. Ces activités sont soumises à un agrément, délivré uniquement par la Banque de France et par l'ACPR et réservé aux prestataires de services de paiement (établissements de crédit, de monnaie électronique ou de paiement). Ainsi, une initiative telle que Paymium (anciennement Bitcoin-central, une plateforme d'échange basée en France) a besoin de nouer un partenariat pour pouvoir exercer légalement son activité. Après un premier partenariat interrompu avec le Crédit mutuel, Paymium est désormais lié à la solution de paiement mobile Lemon Way. Même chose pour la start-up vierzonnaise Chronocoin, dont l'ambition est de simplifier l'acquisition et l'utilisation de la monnaie virtuelle grâce à sa chronocard. Ce cadre légal pour le moment hésitant freine le développement d'un écosystème solide dans notre pays. "Comme beaucoup d'innovation, le bitcoin crée une rupture et le législateur a besoin de temps pour en maîtriser les impacts, explique Karl Chappé, passionné de bitcoin et organisateur du premier Bitcoin Start-up français. Le fait que l'on touche à l'argent et aux paiements rend la tâche plus sensible, mais le bitcoin va continuer de se développer et cette technologie sera source d'emplois et de croissance comme l'est devenu Internet aujourd'hui."

... des licences pour les entrepreneurs en Allemagne, au Luxembourg et aux États-Unis

D'autres pays ne sont pas aussi prudents - ou à la traîne, selon les points de vue - que la France. C'est le cas de l'Allemagne, du Luxembourg, ou encore des États-Unis, qui ont choisi de fournir des licences aux acteurs de l'économie bitcoin pour permettre aux entreprises de se développer. Le portefeuille virtuel Coinbase par exemple, l'une des start-up les plus importantes des États-Unis, a déjà levé plusieurs dizaines de millions de dollars et est en phase de devenir une vraie banque. Même chose pour Bitpay, un processeur de paiement en bitcoin permettant de se prémunir contre la volatilité de son cours, qui réalise environ 1 million de dollars de transactions par mois.

Bitcoin n'est pas qu'une monnaie, c'est avant tout un protocole

En fait, on parle beaucoup de bitcoin comme d'une monnaie, alors que c'est avant tout un protocole. Prenons un exemple simple : lorsqu'on envoie un mail, il est aisé d'en garder une copie, puisque tout ce qui est digital est facilement copiable. Au contraire, avec le réseau bitcoin, la monnaie virtuelle peut être transférée confidentiellement sans être copiée. La confiance traditionnellement placée dans l'entreprise est ainsi décentralisée dans le réseau. La monnaie décentralisée n'est donc que la première application de cette technologie, qui s'étendra dans les années à venir à de nombreux autres domaines, comme celui du bitmessage, qui permettra d'échanger des mails sans passer par Gmail et autre Outlook. Les réseaux sociaux n'y couperont pas non plus, comme le prouve Twister, le clone décentralisé de Twitter : sans entreprise, sans patron, sans employés. Tout cela fonctionne grâce au principe de l'open-source, emblématiquement représenté par le système d'exploitation libre Linux.

La prudence est de mise pour les non-initiés

La liberté : voilà ce que vise la technologie bitcoin en proposant une alternative au monopole bancaire. Une liberté qui a un prix, puisqu'il s'agit de protéger son investissement. En effet, en cas de problème, pas de service après-vente ou de conseiller bancaire à appeler à l'aide. Sur la page d'accueil de son site, la start-up Chronocoin rappelle d'ailleurs à ses clients que le bitcoin est "un actif à haut risque", et leur conseille de n'investir "que le temps et l'argent qu'ils peuvent se permettre de perdre". Pour Karl Chappé, investir dans le bitcoin, "c'est prendre le même risque que d'investir dans une start-up". Et de poursuivre : "Nous sommes aux balbutiements de cette technologie, comme avec Internet au début des années 90. On entrevoit les infinies possibilités qu'elle représente, mais on n'a encore aucune idée de la manière dont les choses vont se mettre en place." À l'heure actuelle, les passionnés de bitcoin sont principalement des informaticiens, des initiés capables de comprendre cette technologie et ses enjeux. Il faudra donc faire preuve de patience pour permettre aux autorités compétentes de maîtriser le cadre juridique des monnaies décentralisées.

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Commentaires (8)

  • cenomane

    Quand on est pas un grand expert - c'est mon cas - mais avec un peu de bon sens on a compris que la monnaie virtuelle, n'a pas forcément de contrepartie (qui asseoie la crédibilité et la fiabilité d'une monnaie, même un paysan sait ça) et que n'importe qui peut en créer. C'est quand même faire la part belle aux escrocs, aux arnaqueurs, aux tricheurs ; drôle de société !

  • PierreRB

    Le Bitcoin est peut-être un protocole, mais c'est avant tout un programme informatique. Vous aurez beau y mettre le cryptage le plus avancé pour éviter les fraudes, rien n'est inviolable, surtout en matière d'argent ; et les hackers se feront un plaisir d'"exploit" les failles de sécurité qui ne manqueront pas de survenir, à la manière d'un bon vieux Windows !... Si ce n'est pas déjà fait...
    Je n'espère qu'une chose, c'est que notre pays ne s'engage pas de manière sérieuse là-dedans et que cela reste une alternative pour spéculateurs.
    Si vous en avez acheté au tout début, félicitations ! Revendez-les et offrez un cadeau à votre femme, ou achetez vous une voiture de sport, la plus-value est conséquente.

  • Lateral_Thinking

    Le souci avec les "jeunes générations" digitalisées, c'est qu'elles manquent sérieusement de culture, en particulier historique, et par ailleurs, confondent toujours les phénomènes avec leurs manifestations.
    En clair, aveuglées par les avalanches de zéros de la mondialisation, et vivant dans des milieux très éloignés des "centres de production" elles ne comprennent plus ce que c'est vraiment que la monnaie. La notion de contrepartie leur échappe.
    Que la banque soit appelée à évoluer, c'est évident. Que la monnaie soit appelée à échapper à la souveraineté des Etats... ça l'est nettement moins.