Visiter le Cap : 5e arrêt, Robben Island, le vent et ce qui arrive dans les bars !

Pour le moment, toutes ces visites à travers le Cap avaient un petit goût de légèreté… Pourtant, cela fait à peine 20 ans que l’apartheid fut aboli et que la prison de Robben Island ferma définitivement ses portes.

Comme le vent qui bat Cape Town depuis deux jours a un peu baissé, les bateaux pour l’île ont repris leur ballets On distingue a peine Robben Island depuis le V&A Waterfront tant l’île est plate. Le ticket d’embarcation en main (attention, les réservations à l’avance en ligne sont HAUTEMENT recommandées), je fais la file et attend le ferry avec le sentiment d’avoir rendez-vous avec l’histoire. Robben Island, c’est la prison où furent envoyés les grands noms de la lutte anti-apartheid: Govan Mbeki, Walter Sisulu, Billy Nair, Jacob Zuma, l’ancien président sud-africain) et le plus célèbre d’entre tous: Nelson Mandela.

Cape Town: Robben IslandCape Town: Robben Island

Nous montons enfin à bords du bateau sous un ciel impeccablement bleu. J’essaie de me mettre dans la peau des anciens prisonniers… voir le Cap s’éloigner petit à petit. Penser sans doute que la route qui mène à l’exil et au barreau est belle puis de sentir le désespoir grandir en apercevant la jetée de Robben Island. Une petite heure plus tard, nous sommes arrivés et une voix venue d’un haut-parleur nous demande de nous diriger vers un bus. Le système est bien rodé! Me voilà donc confortablement installée pendant que notre guide (tous sont d’anciens prisonniers), nous prend en charge pour faire le tour de l’île. Pendant le cours de la visite, il demandera à tout le bus d’où les passagers sont originaires. Et notre guide de sortir une anecdote de comment nos pays ont participé à leur combat. Je ne connaitrais pas son nom… sauf qu’il n’était pas membre de l’ANC et qu’il a passé du temps à récolter des fonds pour la lutte anti-apartheid. Devant une petite maison entourée de barbelés, notre guide se fait sérieux et nous raconte alors l’histoire de Robert Sobukwe dont le gouvernement avait voulu faire un exemple. Estimé extrêmement dangereux, Sobukwe fut mis en isolation complète, sans possibilité de communiquer, ni même avec les gardiens. Après trois ans de ce traitement, il fut envoyé en exil intérieur ayant presque perdu la capacité de parler. La plupart des autres prisonniers, eux, étaient employés dans une mine. Mine qui allait devenir un vrai auditoire d’université à ciel ouvert puisque c’est là que les prisonniers complétèrent leur éducation. Après le tour de l’île, le bus nous dépose à l’entrée de la prison même et nous laisse entre les mains d’un autre guide. Celui-ci est plus grave, plus triste. Il nous fait signe de le suivre et nous voilà traversant la grande allée qui mène à la prison. Je me sens imperceptiblement courber l’échine. Nous entrons.

Cape Town: Robben Island

Les couloirs étroits et gris sont entourés de cellules minuscules. Une seule est « emménagée » à l’identique : celle du « Camarade » Mandela. Une natte et un paquet de couvertures posés à même le sol, une petite table avec une gamelle et un gobelet en fer et une poubelle, voilà ce qui meuble l’intérieur de la cellule de celui qui deviendra le premier président noir d’Afrique du sud. Nous visitons le reste du bâtiment silencieusement. Notre guide nous ouvre une petite porte et nous laisse sortir. J’ai l’impression de mieux respirer. Une demi-heure plus tard, je reprends le ferry pour le Waterfront.

Le vent a recommencé à souffler et l’accès à Table Mountain est à nouveau fermé… Tant pis : j’appelle un « Rikkis » pour m’emmener à nouveau à Camps Bay. Le « rikkis », c’est un taxi collectif. Il vous emmène là où vous le voulez mais il faut l’appeler, patienter et partager le taxi avec d’autres passagers. Avantage : les prix sont moitié moins chers que les taxis et on fait connaissance avec les autres passagers !

Cape Town: Camps Bay
Le soleil est éclatant mais le vent souffle tellement que le sable vient vous fouetter la peau avec force. J’ai l’impression de me faire poncer la peau. Pas questions de se balader ou de bronzer sur le sable. Heureusement, les petites pelouses directement derrière la plage permettent de se détendre à l’abris du sable. Mais à toute chose malheur est bon : L’Océan est agité et l’écume est projetée tellement fort dans les airs que des petits arcs-en-ciel se forment au-dessus de l’eau. Après le coucher du soleil, je prends un mini-van collectif pour rentrer vers le centre. C’est le moyen le moins cher et le plus courant partout en Afrique. Les deux seules choses à connaître, c’est où se trouvent les arrêts et quels sont les itinéraires. Mon petit conseil ? Rendez-vous au coin de Long Street et de Strand Street ou bien au croisement de St-George’s Mall et de Strand. C’est d’ailleurs au premier des croisements que me dépose le chauffeur et je rejoins le « Café Mojito ». Il est 19 heures et le bar est déjà plein. Je m’assieds au comptoir, commande… un mojito (histoire de voir si le bar mérite son nom) et alors que je m’apprête à sortir mon iPhone pour vérifier s’il y a du wi-fi, une voix me dit : « Qu’est-ce que tu vas faire avec ton portable ? Et un gros bouquin ? Tu vas lire ? Tu es dans un bar, ‘faut parler aux gens ». Je trouve devant moi un grand gars souriant qui tire son siège près du mien, amène un pote et entame la conversation. Mes nouveaux amis sont Zimbabwéens… et experts en bières belges. Je suis sur le cul. Après la comparaison entre l’Orval et la Tripel Westmaele, la conversation embranche sur leur pays. Un de mes interlocuteurs tente de me faire comprendre que Robert Mugabe n’est pas un si mauvais dirigeant que çà… « Mais pourquoi tu as émigré ici alors ? ». « Je pensais que j’aurai de meilleures opportunités en Afrique du sud. Finalement, je me retrouve au même point que quand je suis arrivé. Et retourner les mains vides, jamais ! ». Pendant ce temps-là, un troisième ami, Sud-africain cet fois, écoute d’un air distrait ou ennuyé. Je ne sais pas si c’est parce qu’il a entendu cent fois ce discours ou si il en assez d’entendre l’Afrique du sud malmenée par ses deux copains. Deux heures plus tard, je quitte le bar l’esprit léger mais riche d’une autre réalité.

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