SANTÉ

Publié le 09 janvier 2023

Pénurie de médecins, pénurie de médicaments : la France touche le fond ?

Plus de médecins, plus de médicaments : quand les Français galèrent. C'est l'objet de ce reportage diffusé dans le magazine « 66 minutes » de M6 ce dimanche 8 janvier 2023.


“ UFC-Que Choisir révèle que l'accès aux soins en France serait déplorable. ”

La pénurie de certains médicaments frappe les pharmacies françaises. Une pharmacienne : « Ça, c'est la liste de médicaments en rupture : Augmentin, Amoxicilline, Solupred... Et ça, c'est qu'une partie, c'est les plus connus. » Une étude de l'association UFC-Que Choisir révèle que l'accès aux soins en France serait déplorable. Ici en rouge, le manque de généralistes. Et pour les pédiatres, c'est encore pire. Presque tout le pays est concerné. Docteure Laure Artru : « Aujourd'hui, la pédiatrie et la psychiatrie sont sinistrées. Et on finit par avoir un risque d'accident. » Véronique Jung : « On a quelques flacons d'amoxicilline/acide clavulanique, c'est-à-dire l'équivalent de l'Augmentin pour le nourrisson. » Sylvain Pertuy : « On en a combien ? » Véronique Jung : « Cinq. » Sylvain Pertuy : « Donc il y a 1000 pharmacies qui vont passer leur commande à 11h30. Donc pour ces 1000 pharmacies, j'aurai à disposition cinq flacons d'amoxicilline pour un enfant. » Cinq flacons seulement pour un antibiotique habituellement très prescrit en France. C'est le résultat d'une pénurie aux multiples facteurs. La Chine, principal pays producteur, massivement touchée par le Covid, garde une partie des stocks et limite ses exportations, et les laboratoires européens ne parviennent pas à produire suffisamment. Chez ce grossiste, il faut donc gérer au mieux les commandes. Véronique Jung : « La préparation, elle se fait là. » Et notamment le précieux stock de Doliprane.


“ Peut-être que j'aurai un flacon, deux flacons, cinq flacons, ce sera la surprise. ”

Véronique Jung : « Sur tout le long de la chaîne, la plupart des caisses contiennent évidemment le produit, puisqu'il est forcément très demandé. » D'ici quelques heures, seulement 750 pharmacies de la capitale vont recevoir quelques flacons du médicament tant convoité. Cette jeune maman et son bébé de quatre mois ont de la chance : ici, il reste quelques flacons. Mais seulement sur prescription. Une mère de famille : « Ça m'est déjà arrivé de faire plusieurs pharmacies pour trouver du Doliprane. » Hélène, la pharmacienne, n'a déjà plus de stock. Alors elle s'empresse de passer commande auprès de son grossiste habituel. Même si, elle le sait, il y a toujours un suspense sur la quantité qui sera livrée. Hélène (pharmacienne) : « Ce sera la surprise demain matin. Peut-être que j'aurai un flacon, deux flacons, cinq flacons, ce sera la surprise. » Pour se soigner, Thierry a besoin d'un rhumatologue. Mais même dans une ville comme Chartres et ses 39 000 habitants, peu de praticiens sont disponibles autour de chez lui et les délais scandalisent Isabelle. Isabelle Ruelle : « On n'attend pas quatre mois quand on a des douleurs de partout et qu'on ne peut pas marcher. Donc on se donne les moyens de trouver plus rapidement. J'ai étendu mes recherches au département voisin avec Doctolib, et puis j'ai trouvé un rhumato. » Et ce n'est pas tout à fait à côté. Une journaliste : « Où ? » Isabelle Ruelle : « Eh ben, département voisin, dans le 72, dans la Sartre, au Mans. »


“ L'IRM a été fait à Paris, parce que sinon, son rendez-vous d'IRM était au mois de mars. ”

Le Mans, à près de 120 kilomètres. Alors comme pour les grands départs, le couple a même prévu le pique-nique. Thierry Ruelle : « Donc, 1h13, 121 kilomètres. Arrivée prévue : 11h35. » Isabelle Ruelle : « Oui, ça fait un bout de chemin, et c'est pas pour partir en week-end. » En plus d'une demi-journée de travail perdue, chaque aller-retour leur coûte une trentaine d'euros. Isabelle Ruelle : « Il faut le péage, l'essence. » Et ce n'est pas la première fois qu'Isabelle et Thierry se déplacent loin de chez eux pour leur santé. Isabelle Ruelle : « L'IRM a été fait à Paris, parce que sinon, son rendez-vous d'IRM était au mois de mars, donc c'est pour ça qu'on a atterri à Paris. Et sous huit jours, on a eu un IRM. » Arrivée à la clinique du Mans. Docteure Laure Artru : « Bonjour Madame, bonjour Monsieur. » Cette rareté dans l'offre de soins exaspère la spécialiste. Selon elle, faute de médecins, certains patients passeraient sous les radars de la prévention. Docteure Laure Artru : « Mes collègues cancérologues disent qu'ils voient arriver dans leurs consultations des maladies évoluées comme ils n'en ont jamais eu, c'est-à-dire à des stades irrécupérables. Parce que la première douleur, le premier truc qui aurait dû faire réagir n'a pas été pris en compte. Et puis qu'on arrive au stade de complication et de maladie métastatique diffuse. Je trouve que c'est insupportable. Il y a quelques années, ça ne serait pas arrivé. »



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